Le 24 février, la Russie a lancé une offensive militaire contre l’Ukraine. Pour la Revue Politique et Parlementaire, Thomas Flichy de La Neuville fait régulièrement le point sur la situation.
Il existe deux raisons pour lesquelles la Turquie joue aujourd’hui le rôle d’intermédiaire diplomatique entre la Russie et l’Ukraine. La première est d’ordre géopolitique. La Turquie et son arrière-pays turcophone, qui va jusqu’au Xinjiang Chinois, est une aire de civilisation qui constitue la clef de solidification du Nouvel Empire Mongol, cette alliance opportuniste entre la Chine, l’Iran et la Russie.
Cette puissance a longtemps hésité entre trois orientations géopolitiques : l’intégration à la duopole UE-OTAN, le néo-ottomanisme méridional (Interventions en Syrie et aux Émirats Arabes Unis) et la fédération de l’aire turcophone dont elle représente l’extrême-occident. Depuis une décennie, la Russie a réussi à se rapprocher de la Turquie qui est pourtant membre de l’alliance atlantique. La Turquie est donc bien placée pour accorder les opposants.
Elle y trouve également son intérêt : la fin du XVIIIe siècle fut marquée par la poussée russe sur les bords de la mer noire. L’impératrice Catherine II avait en effet conçu un « projet grec » au détriment de l’empire ottoman. L’implantation de colons de différentes ethnies sur le littoral de la mer Noire fut indissolublement liée au refoulement de l’agression turco-tatare et à la lutte de l’Empire russe pour l’accès à la mer Noire. La seconde motivation de la Turquie dans cette affaire est donc transparente : tâcher de remettre un pied dans l’antique Crimée des Tatars.
Thomas Flichy de La Neuville
Professeur d’université