Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche1 a replacé l’Amérique latine dans une actualité internationale tendue. En mettant en l’avant la thématique migratoire, le Président américain entend placer les Etats latino-américains concernés, face à leurs responsabilités. La crise diplomatique éclair, entre la Colombie et les USA est le révélateur de cette nouvelle réalité. En refusant de voir les avions américains transportant des migrants atterrir sur le sol colombien, le Président Gustavo Petro2) n’a pu résister devant la décision des Etats-Unis de rehausser de 50 % les tarifs douanier pour tout produit entrant sur leur sol.
En moins de 24 heures, la Colombie est revenue sur sa première annonce, laissant entrevoir la réalité d’un rapport de force dont la portée va plus loin que la seule dimension migratoire. Il s’agit pour les Etats-Unis de pratiquer une politique de « l’endiguement », le fameux « containment » de la période de la guerre froide, et si possible le « roll back », le refoulement, de deux fronts : sur le plan commercial, la présence renforcée depuis plusieurs années de la République populaire de Chine sur l’ensemble du continent et desserrer l’emprise d’un « Sud global »3 qui gagnait en influence sur le continent. La Chine est en effet devenue l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Amérique latine, à commencer par le Brésil sans oublier le Mexique, le Panama, l’Argentine, le Pérou ou l’Equateur.
L’inauguration en marge du Sommet de l’APEC4 au Pérou les 12 et 13 novembre dernier, du plus grand port chinois dans la ville de Chancay par le Président XI Xinping laisse entrevoir la bataille commerciale qui s’annonce. Elle risque de prendre en tenaille l’Amérique latine entre les intérêts nord-américains et chinois, ou d’accélérer le basculement du continent vers le géant asiatique. Les relations avec le Mexique, premier partenaire commercial des Etats-Unis ou la Colombie, qui a le statut depuis 2017 « allié majeur hors OTAN », montrent la volonté des Etats-Unis de revenir sur un continent latino-américain après avoir donné le sentiment de s’en éloigner, sinon le délaisser. Le développement de la violence, né du renforcement de trafics, notamment celui de la drogue, constitue un défi majeur qui menace l’unité nationale et les Etats dans plusieurs pays : en Haïti, la lutte contre les gangs est actuellement hors de contrôle5, ouvrant un foyer à risque dans la région des Caraïbes. Les pays andins, producteurs ou voies de transit, sont en lien avec les cartels mexicains, avant une exportation vers le Pacifique, le Nord et l’Europe via l’Afrique. Les turbulences politiques du Vénézuéla rajoutent une instabilité en Amérique du Sud, déséquilibrant le rôle de la Colombie.
Dans ce contexte, l’Amérique latine est plus que jamais à la croisée des chemins. Elle court le risque de devenir en 2025, le nouveau terrain de bataille de la rivalité commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Cette option verrait le continent balloté au gré des intérêts des deux principaux acteurs internationaux. L’Amérique latine pourrait-elle devenir, dans sa diversité, un refuge pour de nombreuses entreprises à la recherche de nouveaux débouchés ? Il apparait surtout que 2025 va renforcer une stratégie fragmentée, avec en arrière fond, un combat politique et idéologique entre les pays tentés par le « Sud global » et les autres. La problématique migratoire et sécuritaire, dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic, conduit à poser la question de la gouvernance et du schéma de développement économique. Autant dire que la place de l’Amérique latine dans le monde, se joue en 2025.
2025 : l’année de tous les dangers pour l’Amérique latine ?
Sur tous les plans, 2025 est l’année de tous les dangers pour un continent qui apparait fragmenté tant les situations de chacun des pays est différente de celle de son voisin. A cela, s’ajoute le fait que les organisations de coopération régionale, sont en difficulté depuis la période de la Covid 19. Le Système d’Intégration centraméricain (SICA)6 est à l’arrêt en raison des postures prises par le Nicaragua. Le Marché commun du sud (Mercosur)7 va peut-être voir l’un de ses éminents membres, l’Argentine, en sortir dans le courant de l’année. L’Alliance du Pacifique8 n’est plus opérationnelle tout comme l’ALBA. La CARICOM9 et l’Association des Etats Caraïbes se doit de contenir et résoudre la crise en Haïti, devenu un foyer de tensions permanent dans la région. La CELAC10 peut porter la voix du continent mais elle reste limitée par les fractures politiques et idéologiques internes.
Le retour de Donald Trump est un défi majeur pour les Etats latino-américains. En effet, la mise en place dès le 20 janvier 2025, d’une politique visant à contrôler l’immigration illégale, avec le retour de migrants clandestins dans leurs pays d’origine, renvoie automatiquement les pays concernés face à leur responsabilité politique. En d’autres termes, les USA sous l’ère du 47ème Président, ont décidé de freiner sinon en terminer avec la progression des positions alternatives prises par plusieurs pays d’un continent qui semble redevenir pour Washington, le « back yard » bien connu pendant la guerre froide.
Le problème migratoire pose celui de la gouvernance, des problématiques de mal développement. Par exemple, le Vénézuéla a connu depuis la crise politique de 2017, le départ de plus de 6 millions de personnes. 2 millions se sont installées en Colombie voisine, déséquilibrant une partie de l’économie nationale. Les autres sont essentiellement partis à pied, vers le Nord et les Etats-Unis, en traversant notamment la désormais tristement connue région du Darien au Panama. Enfin, près de 500.000 ont rejoint des pays comme le Chili, le Pérou ou l’Equateur. Cette migration est d’origine politique, représentant une fraction de la population qui avait perdu tout espoir de vie digne et libre au Vénézuéla. Il en est de même avec Haiti qui souffre des stigmates d’un sous-développement permanent, aggravant la position d’un Etat qui apparaît failli et inopérant, depuis la prise de contrôle de pans entiers du pays par des gangs liés au narcotrafic. Le Nicaragua est devenu une plaque tournante d’accueil et de départs de migrants nouveaux, essentiellement ouest-africains, souhaitant rentrer aux Etats-Unis par la frontière mexicaine. Il s’agit d’une réalité au quotidien et pourtant peu relayée car méconnue.
La volonté de Washington de contrôler cette partie de l’immigration par des leviers non seulement sécuritaires mais également économiques. Ils portent sur la protection du marché intérieur par la hausse de tarifs douaniers sur les produits émanant de pays qui apparaissent aux yeux de la nouvelle administration comme des concurrents déloyaux.
Les conséquences immédiates sur le continent. La crise éclair entre la Colombie et les Etats-Unis en a fait la démonstration : allié majeur des USA depuis 2017, partenaire en matière de lutte contre le trafic de drogue par le renseignement, la dimension opérationnelle dans des théâtres d’action qui constituent autant de régions de production, comme le Putumayo, le Cauca, le Narino, le Guaviare au Sud, ou le Guaviare et Norte de Santander à l’Est sur la frontière vénézuélienne. C’est toute cette complexité qui est mise de l’avant par le durcissement de la posture américaine qui entend répondre aux questions de sécurité immédiate et s’atteler à isoler les régimes qui se sont placés dans le cœur d’un « sud global » qui apparaît de plus en plus comme un instrument visant à démanteler, au nom de principes de libération, l’ordre international né de la Seconde guerre mondial.
Pour Washington, certains pays ou organisations criminelles, constituent « des foyers » de tensions ou de dangers immédiats. Au Vénézuéla, le Président est inculpé aux Etats-Unis pour « narco-terrorisme et trafic de drogue », comme les principaux hommes forts du régime.
Les cartels de la drogue en Colombie comme le « clan del Golfo », des groupes dissidents des anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie, FARC (11)11, les cartels mexicains, tels « Nuevo Jalisco-Nouvelle génération » ou de Sinaloa, sont considérés comme des « groupes terroristes » par Washington. Si la co-responsabilité entre pays consommateurs et producteurs est un fait, Donald Trump entend cristalliser le problème « à la source », obligeant chacun à prendre les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre sur l’ensemble des territoires. Déjà, les lignes évoluent : El Salvador apparaît comme un modèle. Depuis sa première élection à la tête de son pays en 2019, Nayib Bukele12 est parvenu à éradiquer les fameuses « maras », ces gangs qui avaient fait de ce pays pendant la décennie 2010, le plus dangereux au monde. En 10 ans, ce sont 41.000 personnes qui ont été assassinées dans le cadre d’une insécurité qui a conduit ce pays a avoir plus de victimes provoquées par les « maras » que pendant la guerre civile armée qui s’inscrivait dans le cadre du rapport Est-ouest des années 1980.
Une panoplie de mesures, portant autant sur l’équipement pour la police et l’armée, que la construction de biens immobiliers de la justice, ou de coopérations entre les différentes institutions de l’Etat ont permis d’obtenir des résultats inédits : tandis que le taux d’homicides était de 103 en 2015, de 36 en 2019, il est de 1.8 en 2024, proches des standards européens. Cette réalité transforme inévitablement la vie au quotidien : niveau et mode de consommation, relance d’une attractivité économique. Le tourisme permet à 4.5 millions de personnes de se rendre dans ce pays alors que sa population est de 6 millions. Somme toute, un modèle émerge qui apparaît plébiscité par les latino-américains. Et pour cause : la crise en Equateur13 à la veille des élections présidentielles du 20 Août 2023, a révélé la force du trafic de drogue (essentiellement de la cocaïne) dans la région des pays andins (Colombie ; Pérou ; Equateur ; Bolivie et la frontière amazonienne du Brésil), en lien avec les cartels mexicains qui sont chargés d’une « exportation » vers les marchés internationaux. Désormais, la mise directe sous pression des Etats menacés est un fait concernant également leur représentativité. D’autres, comme Haiti apparaissent faillis, submergés par la force des gangs qui ont pris le contrôle de centres névralgiques de l’économie et des pans entiers des villes, comme c’est le cas pour Port-au-Prince.
Le second modèle est d’ordre financier et économique : un an après son accession au pouvoir, le Président argentin Javier Mileï élu le 19 Novembre 2023. Son programme libertaire, les coupes dans les dépenses publiques et sa priorité visant à la réduction drastique des déficits publics conduit l’Argentine à connaître une amélioration macro-économique, malgré le coût social élevé, qui annonce selon le FMI, une croissance de 5% en 2025. Du jamais vu depuis des années tandis que les axes d’attractivité de la quatrième économie latino-américaine s’appuient non seulement sur l’assainissement financier, les perspectives annoncées par l’exploitation des réserves de pétrole et gaz de schiste de “Vaca muerta » dans le nord de la Patagonie. Ce sont les plus grandes réserves connues au monde à ce jour, attirant « les majors » internationaux tout en posant des questions sur les problématiques environnementales.
Il est certain que Javier Milei, dès sa prise de fonctions, a réaffirmé des postures pro-occidentales nettes et en rupture avec celles de ses prédécesseurs : soutien à l’Ukraine alors même que Volodymyr Zelensky était présent à son investiture à Buenos aires le 10 Décembre 202314, réaffirmation de l’amitié » avec Israël, appui à Donald Trump, critiques envers le « Sud global » incarné selon lui en Amérique latine par Nicolas Maduro, le colombien Gustavo Petro tandis que les relations avec son voisin brésilien et le Président Lula da Silva restent inégales. Avec le salvadorien Nayib Bukele, l’argentin Javier Milei apparaît comme le « grand gagnant » du retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Dans leur sillage, le paraguayen Santiago Pena, l’équatorien Daniel Noboa, le panaméen José Raul Murillo, le costaricain Rodrigo Chaves Robles, constituent autant d’alliés politiques tandis que l’Amérique latine peut devenir un continent refuge et d’opportunités sur le plan économique à l’heure de tensions permanentes sur la scène internationale
L’Amérique latine en 2025 : le risque d’un effacement international ?
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche donne le sentiment de repousser l’Amérique latine dans ses retranchements. Engagé dans une lutte commerciale avec la Chine, désormais omniprésente dans la plupart des pays, l’Amérique latine est de plus en plus conduite à devoir choisir. Le président américain a placé la question migratoire au centre des relations avec sa frontière sud, du Mexique à l’Argentine. Accepter le retour de migrants clandestins renvoyés des Etats-Unis, garantit la permanence d’une relation qui peut être remise en question sur le plan économique, par la hausse des tarifs douaniers notamment. La Colombie a accepté ce « deal », qui va se poser à d’autres pays. Le risque pour les Etats-Unis : voir ces partenaires se tourner avec plus de force vers la Chine ou rechercher une troisième voie qui pourrait être l’Europe.
Mais la mise en pratique est longue, exige des négociations qui font apparaître l’Amérique latine dans une posture d’affaiblissement, alors même que les tensions internationales exigent une présence de fermeté. Dans ce nouveau rapport de force, deux éléments compliquent la donne pour l’Amérique latine : sa diversité, et la fracture idéologique dans laquelle elle s’est engagée depuis la période du Covid 19, entre les tenants d’un soutien aux fondamentaux du système international né de la Seconde guerre mondiale, qualifiés par leurs adversaires de « pro-occidental » et portés par le Président argentin, Javier Milei et les promoteurs d’un système « alternatif » présenté sous le vocable de « Sud global ». Le Président Lula da Silva a tenté d’entre prendre le leadership, démarche limitée par la position mexicaine, mais également Nicolas Maduro partisan d’une ligne de rupture, incarnée par son passage en force depuis les dernières élections présidentielles du 28 Juillet 2024 et son investiture de facto du 10 Janvier 2025
Nicolas Maduro et Sergueï Lavrov. Caracas, 19 Avril 2023
Le Chili, le Pérou, l’Equateur sont directement concernés, en plus de l’Amérique centrale conduisant à un resserrement des mesures d’entrées sur le territoire. Parvenir à garder les populations chez soi, suppose un ancrage de conditions favorable : une gouvernance garantissant la stabilité, un cadre juridique en faveur d’une attractivité économique et une réforme structurelle économique permettant de réduire le taux des emplois issus du secteur informel (54%) en faveur d’un cadre formel. La position américaine assure désormais une pression qui va obliger plusieurs pays à devoir évoluer. L’exemple de la Colombie, confrontée à la présence de groupes dissidents de l’ancienne guérilla des FARC, à celle de l’ELN, mais également les nouveaux cartels de la drogue, va devoir, en contradiction avec le programme de la « paix totale » qui avait permis l’élection de Gustavo Petro en Juin 2022, revoir son positionnement. Le statut d’« allié majeur hors OTAN » limite les démarches visant à se rapprocher d’un « sud global » critique envers l’Occident.
La crise sécuritaire qui apparaît dans notamment dans la région du Catatumbo, dans le Nord Est de la Colombie, entre forces armées et guérillas, mettent à mal la relation avec le Vénézuéla qui apparaît de plus en plus comme une base arrière de groupes dissidents. La position de Washington vise non seulement à satisfaire un électorat américain, mais également à mettre chacun devant ses responsabilités en matière de gouvernance. Cette situation pourrait conduire à un basculement en défaveur de ceux qui étaient pour un « sud global ». Pris en tenaille entre Javier Milei en Argentine et Nayib Bukele au Salvador, chantres du redémarrage économique par la baisse de la dépense publique, et de la sécurité, ces pays voient leurs populations exiger le retour à la sécurité publique, comme en Equateur, au Pérou, en Amérique centrale, condition à une nouvelle relance économique. Parvenir à garder les populations chez soi, suppose un ancrage de conditions favorable : une gouvernance garantissant la stabilité, un cadre juridique en faveur d’une attractivité économique et une réforme structurelle économique permettant de réduire le taux des emplois issus du secteur informel (54%) en faveur d’un cadre formel. A ce jour, les fractures idéologiques ont affaibli les positionnements internationaux du continent.
A l’affût, la Chine est devenue l’un des deux principaux partenaires de l’Amérique latine, avec les Etats-Unis. Le sommet de l’APEC/ Association économique Asie-Pacifique qui s’est tenu au Pérou dans le courant du mois de Novembre 2024, a permis à la République populaire de Chine, en présence du Président XI Xinping, d’inaugurer le plus important port chinois en Amérique latine, à Chancay. Un investissement de 4.5 milliards de dollars pour établir une base commerciale stratégique sur la façade pacifique latino-américaine avec une force d’attraction qui va capter de nouvelles voies commerciales qui sont actuellement, tournées vers l’Atlantique.
Le Brésil dont la Chine est le premier client, le Vénézuéla sans doute, peut-être l’Argentine, engagée notamment dans le développement du gisement de pétrole et de gaz de schiste en Patagonie, l’Uruguay, vont réviser et ajuster ces voies commerciales surtout s’il leur est difficile d’exporter vers le marché nord-américain. Il est possible que des programmes de grandes infrastructures pour relier les deux façades maritimes et les marchés concernés, entrainent un basculement vers les marchés asiatiques d’une grande partie de l’Amérique latine. Dans ce cadre, l’Europe peut-elle constituer une troisième voie, complémentaire sans devenir pour autant prépondérante ? Possible. Les accords agricoles entre l’Union européenne et le Mercosur, en négociation depuis 1999, validés en 2019, ont rappelé qu’il existait malgré les critiques, une volonté de se déployer commercialement sur un continent qui court le risque dès 2025, d’être le terrain de jeu d’une rivalité sino-américaine. La contradiction latino-américaine est de taille : elle est prise dans un nouveau bipolarisme que le continent, pourtant, pour avoir trop souffert de la guerre froide, ne souhaite pas voir s’implanter.
—
2025 est pour le continent latino-américain, l’année de tous les dangers. Le retour de Donald Trump à la tête des Etats-Unis est déterminant pour son devenir et son évolution. Le projet américain en faveur d’une Amérique plus forte que jamais, peut conduire les pays latino-américains à rechercher une solution nationale et régionale, à l’exemple d’El Salvador ou de l’Argentine, en faveur d’un marché latino-américain. La perte de vitesse d’un schéma alternatif visant à dénoncer les positions occidentales, pourrait suivre. Mais il existe une seconde possibilité renforcée par les mesures commerciales américaines : une consolidation des positions chinoises, disposant désormais de points d’appuis importants dans la plupart des pays et depuis Novembre 2024, d’un port ayant vocation à devenir un « hub » à l’échelle du continent latino-américain, pouvant concurrencer les ports nord-américains du Pacifique.
Le port de Chancay devient un centre de commerce vers l’Asie, pouvant faire évoluer et rattacher les routes commerciales classiques de la façade atlantique au moyen de politiques de grands travaux traversant le continent, à la fois en Argentine et surtout le Brésil. Nous assisterions à une sinisation de l’Amérique latine, conduisant à une confrontation commerciale avec les Etats-Unis. Cette situation alimenterait une nouvelle bipolarisation de facto entre les deux principales puissances mondiales. Enfin, une troisième possibilité existe : la balkanisation du continent, c’est à dire le fait de devenir un objet d’enjeux internationaux qui ne lui appartiennent pas mais dont elle peut être victime.
Autant dire que l’année 2025 s’annonce essentielle et stratégique pour le devenir de l’Amérique latine.
Pascal Drouhaud
- Pascal Drouhaud, « Amérique latine– Donald Trump et le continent latino-américain », Revue n° 875 Décembre 2024 – p. 155-160 ↩
- Gustavo Petro est, depuis le 7 Août 2022, Président de la République de Colombie pour un mandat de 4 ans. Issu d’un mouvement de guérilla, le M19, démobilisé en 1990, il a été Maire de Bogota (2012-2015), Sénateur (2018-2022) avant de remporter les élections en faisant valoir « la paix totale » en Colombie. Des accords avec les mouvements issus des anciennes guérillas FARC, avec l’ELN (Armée de libération nationale) et le principal cartel, Clan del Golfo, étaient supposé apporter une paix intérieure au service d’une relance économique. Cette ligne politique connaît depuis 2024, des difficultés importantes, rendant illusoire la baisse de la violence en Colombie pendant l’administration de Gustavo Petro.. ↩
- Pascal Drouhaud, « Amérique latine– La tentation du « Sud global », Revue Défense nationale, n° 865 Décembre 2023 – p. 120-123 ↩
- Le Sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique a été créée en 1989 et vise à renforcer les échanges commerciaux entre ces deux régions. Le Sommet au Pérou des 12 et 13 Novembre 2024, a permis à la Chine de renforcer ses positions par l’ouverture du plus grand port de Chancay. ↩
- Pascal Drouhaud, « Amérique latine– Haïti : les dangers d’un foyer de violences dans les Caraïbes » Revue n° 869 Avril 2024 – p. 118-124 ↩
- Le Système d’intégration centraméricain/ SICA a été créée en 1993. Il regroupe les pays centraméricains (Guatémala/ Honduras/ El Salvador/ Belize/ Nicaragua/Costa Rica/ Panama) et la République dominicaine. Avec son siège à San Salvador, le SICA a pour but de renforcer un espace commercial centraméricain, actuellement à l’arrêt en raison du blocage nicaraguayen. ↩
- Le Mercosur rassemble le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. L’accord entre l’Union européenne et le Mercosur (espace regroupant le brésil, l’Argentine, la Bolivie, l’Uruguay et le Paraguay) a été en cours de négociation depuis 1999. Il vise à créer un espace commercial regroupant 700 millions de consommateurs. Le texte conclu en 2019 « prévoit d’éliminer plus de 90 % des droits de douane imposés par le Mercosur et l’Union européenne aux produits venant de part et d’autre de l’Atlantique. Le marché européen s’ouvrirait ainsi plus largement aux produits agricoles sud-américains tandis que les droits de douane du Mercosur seraient progressivement éliminés sur les voitures, les machines, la chimie, les vêtements, le vin, les fruits frais, le chocolat venus d’Europe. Des mécanismes de sauvegarde autoriseraient les deux parties à limiter temporairement les importations en cas de préjudice grave porté à leur économie. ↩
- L’Alliance du Pacifique créée en 2013, rassemble le Mexique, le Pérou, la Colombie et le Chili. La volonté de mettre en place une zone de libre échange est actuellement à l’arrêt en raison de désaccords politiques entre les membres. ↩
- Caricom : la communauté des Caraibes regroupe les Etats de la region des Caraibes après avoir été crééé en 1973. ↩
- CELAC : communauté des Etats latino-américains et Caraibes, a été créée le 23 Février 2010 et regroupe l’ensemble des pays du continent latino-américain. ↩
- FARC : Les Forces armées révolutionnaires de Colombie ont été créées en 1964. Guérilla marxite-léniniste, son commandant en chef Pédro Antonio Marin plus connu sous son nom de guerre, Manuel Marulanda alias « Tirofijo ». Les FARC ons constitué un des guérillas les plus importantes d’Amérique latine. La mort de « Tirofijo » officiellement annoncée en Mai 2008, annonçait une évolution qui devait se conclure en Octobre 2016, par la ratification d’un accord de paix entre le Président Juan Manuel Santos et le commandement des FARC. Devenue un parti politique, l’ancienne guérilla a vu des milliers de ses membres rejoindre des groupes dissidents. ↩
- Pascal Drouhaud, « Amérique latine- El Salvador et le « phénomène » Nayib Bukele » Revue n° 872 Été 2024 – p. 246-250 ↩
- « Amérique latine -L’Équateur et le défi du trafic de cocaïne en croissance», Revue n° 863 Octobre 2023 – p. 115-119 ↩
- Pascal Drouhaud, « Amérique latine -Vers une alliance Milei-Zelensky ?» Revue n° 866 Janvier 2024 – p. 122-126 ↩