Inévitablement la courbe du chômage ne parvient pas à s’inverser. De mois en mois, elle représente un choc au moment de sa publication. Les politiques publiques se succèdent les unes après les autres, des mesures sont prises pour essayer de l’enrayer, mais rien ne change la donne. Pourtant, tout a-t-il été tenté ? Et si le numérique et les réseaux sociaux pouvaient bouger les lignes ?

A l’heure où la FrenchTech a pour objectif de devenir un fer de lance de l’économie française, de montrer son dynamise, de promouvoir ses innovations, il est indispensable d’imaginer que le numérique puisse aussi révolutionner l’approche de la lutte contre le chômage.
La masse, l’amplification et la pensée hors cadre sont 3 caractéristiques indissociables du numérique. Bien utilisés ils peuvent transformer une goutte d’eau en un océan. N’importe quel observateur pourra constater que l’emploi est devenu une cause nationale. Que partout la société civile cherche des innovations pour stopper ce fléau que la politique peine à endiguer. Méthodes algorithmiques comme ce que peut proposer Paul Duan, méthodes humaines dans les réseaux numériques, méthodes traditionnelles dans de nombreuses associations, les initiatives fleurissent pour tenter de rapprocher les talents en recherche d’emplois des recruteurs. Ceux qui essayent de nouvelles méthodes croient qu’il est possible de penser autrement, qu’il est possible de trouver des méthodes hors cadre pour résoudre ce problème de société. Quand une spirale sans fin est négative, il faut imaginer de nouvelles idées pour l’arrêter.
Lorsque, fin septembre 2015, nous avons lancé le collectif #i4Emploi (« Influenceurs pour l’Emploi ») sur Twitter nous étions une dizaine, l’objectif était de mettre nos réseaux (physiques et virtuels) à disposition pour aider à sauver une usine pharmaceutique en Corrèze … 30 emplois étaient en jeu … 30 familles étaient menacées dans une région où il est difficile de rebondir. Un mois plus tard, l’usine fut reprise et les emplois sauvés. Depuis, #i4Emploi n’a cessé de se développer pour essayer d’apporter toujours plus d’aide à des personnes en recherche de travail. Aujourd’hui, nous relayons sur Twitter ceux qui sont en recherche de CDD ou de CDI et qui nous le demandent. Ce collectif regroupe maintenant plus de 1000 influenceurs qui affichent ce hashtag dans leurs biographies et cumulent plus de 1 million de followers. Des centaines de personnes ont déjà fait appel au collectif et des dizaines ont retrouvé un travail après l’avoir utilisé.
A notre échelle, nous pensons que des membres de la société civile peuvent être des acteurs complémentaires de cette guerre menée par les pouvoirs publics et apporter un peu d’aide en essayant une méthode hors cadre.
Nous nous inspirons de la légende du colibri pour croire que c’est possible : « Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? » « Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part ».
Dans le monde numérique moderne, pour participer à des causes humanitaires qui préoccupent les citoyens, il est possible de mobiliser, d’essayer. De tenter de modifier le cours des choses. D’essayer d’inverser une tendance. La série Trepalium d’Arte montre le mur qui peut se dresser dans une population à cause du chômage. Sur le front du chômage, il est probable que des mesures plus fortes peuvent être prises pour briser plus vite le mur qui s’est dressé entre les personnes en recherche d’emploi et la monde du travail. Par des mesures fiscales, sociales et surtout humaines, il est envisageable de changer la façon d’appréhender cette situation extrêmement complexe et de tout faire pour que la courbe du chômage s’inverse enfin. Le numérique et surtout les humains, qui y sont présents, sont une chance car ils offrent une infinité de solutions et permettent d’être plus solidaires. Avec les membres du collectif #i4Emploi, nous avons inventé le « Don de RT » pour être plus altruistes. Un RT (Re Tweet) pour aider un talent cela ne coûte rien, juste quelques clics, mais cela compte beaucoup pour ceux et celles qui le reçoivent. Cela représente beaucoup de liens dans cette toile d’araignée qu’est internet. L’espoir est souvent ce qui fait la différence pour retrouver plus vite un travail et rebondir dans ces temps où l’exclusion est le pire qui puisse arriver. Le numérique permet de redonner de la lumière à ces talents qui sont dans l’attente de retrouver le monde du travail et dont il faut éviter l’exclusion définitive.
Il y a 3 ans, je me suis retrouvé pris dans le tourbillon d’un plan de sauvegarde de l’emploi. Comme beaucoup de personnes confrontées à cette situation mes repères furent bouleversés. D’entrée de jeu, je savais que le temps était compté, qu’il jouait contre moi. Rapidement une recherche sur internet me révéla que je disposais d’environ un an avant l’échéance fatidique de la fin du plan de reclassement et ma sortie définitive de l’entreprise… un an avant de me retrouver dans la case chômage… un an avant de vivre cette nouvelle sorte d’exclusion des temps modernes. Pourtant, j’ai eu de la chance, car j’avais un an avant de me retrouver de l’autre côté du mur et qu’en un an, il est possible de construire des fondations solides pour un rebond. Une telle période peut être une opportunité.
Lorsque vous vous retrouvez dans cette situation, la résilience est la meilleure arme de défense. Il ne faut pas hésiter à penser hors du cadre. Il ne faut pas hésiter à essayer de rebondir autrement. Surtout en temps de crise où les méthodes de recherches traditionnelles peinent à fonctionner.
En dehors du cadre, il y a de la place pour s’exprimer. Dans un plan de reclassement, il ne faut négliger aucune option.
C’est souvent un catalogue d’opportunités à saisir. Il faut lire attentivement les conditions. Une formation longue durée est une chance. Passer dans grande école de commerce (HEC) pour pouvoir faire un reboot de son disque dur interne, à la moitié de sa carrière, est une formidable occasion. C’est une opportunité fantastique de bénéficier de l’enseignement de tels professeurs. A 40 ans, il est possible de vivre autrement ce nouveau passage en Ecole et d’avoir une autre façon d’apprendre et de retenir les choses.
Dans cette période, très vite, j’ai commencé à utiliser le numérique, les médias digitaux et réseaux sociaux pour rebondir plus vite. Je pensais que le numérique et les médias sociaux pouvaient valoriser mes compétences, ils ont été les fondations d’une communication innovante hors cadre. Dans une recherche d’emploi, les réseaux et les contacts humains permettent aussi de rompre l’isolement. Ils permettent de se mettre en relation avec des personnes empathiques et généreuses. Les réseaux sociaux sont une nouvelle chance qui est à portée de doigts et de clics. Ils facilitent une recherche d’emploi. Lorsque vous jetez une bouteille à la mer, vous avez plus de chance qu’elle soit reçue par la bonne personne quand des milliers de nœuds d’un réseau numérique peuvent la relayer. Je n’ai pas découvert de moyen aussi simple de contacter des recruteurs.
Il n’y a probablement pas d’autre façon aujourd’hui d’atteindre aussi vite des décideurs. Les chemins traditionnels sont souvent semés d’embuches, le nouveau monde des réseaux sociaux offre une grande liberté pour parvenir à l’objectif. Les murs sont faits pour être brisés. Les réseaux sociaux sont une masse pour y arriver.
Ainsi, l’univers numérique offre de multiples opportunités de parvenir à retrouver un travail. Il peut faciliter le retour à l’emploi et offrir de nouvelles perspectives à ceux qui l’utilisent. A l’heure de l’ultra connexion, où il est possible d’entrer en contact avec tout le monde, il est essentiel de parvenir à identifier rapidement les points de relais qui facilitent la rencontre avec un recruteur. Le numérique favorise ces rencontres.
Alban Jarry, spécialiste en stratégies numériques, communication de marques et influence sur les réseaux sociaux