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dans Libre opinion

Le festin de Balthazar

ParAlain Meininger
7 avril 2021
Le festin de Balthazar, Rembrandt

C’était au cours d’un grand festin. Un festin qui durait depuis des années, des décennies, et même quatre ou cinq siècles plus probablement sans qu’on en pût dater avec certitude le commencement. Les plus grands étaient présents. Ceux des origines qu’on appelait banquiers dont les lointains ancêtres, lombards ou toscans, courtisés ou parfois dépouillés par les princes qu’ils servaient autant qu’ils se servaient eux-mêmes, furent de redoutés et prospères notables dans leurs cités d’origine. Mais étaient aussi présents leurs commensaux, marchands, armateurs au long cours, industriels, coloniaux et impériaux de tous poils, esclavagistes ou non, explorateurs de l’inutile ou conquérants cruels et plus bêtement cupides. S’y ajoutaient savants et inventeurs plus ou moins bien intentionnés, tenants d’une économie financière hors sol ou spéculateurs fous sans foi ni loi, avides d’accumulation jusqu’à la déraison, auxquels s’étaient joints politiciens retors ou désespérément incompétents. Tous étaient aveugles en parfaite bonne foi au mal qu’ils contribuaient à répandre. Car tous, outre qu’ils se trouvaient forts contents de leur personne, s’estimaient au plus haut point, du fait de la contribution qu’ils étaient certains d’apporter à l’humanité rampante dont ils se distinguaient par leurs talents. Grâce à eux, la masse des bipèdes de basse extraction, à la créativité anémiée et l’imagination défaillante, qu’ils qualifiaient parfois entre eux de déplorables, de sans-dents ou de gens de peu, pouvait imaginer s’arracher à sa vile condition de sapiens biologiquement borné, dans tous les sens du terme, pour caresser le rêve prométhéen d’égaler les dieux. Encore eut-il fallu y regarder de plus près.

C’était un grand festin, donc, où l’inconséquence le disputait à l’irresponsabilité. On y discutait fort et creux sauf lorsqu’il s’agissait de valeurs tangibles dans l’instant ou réputées juteuses à terme rapproché. Eut-il été présent que Chamfort aurait pu en dire que plus que la fête, c’était le bruit de la fête que certains y goûtaient. Une telle représentation de l’opulence insouciante n’était pas sans rappeler l’atmosphère d’un déjeuner d’huîtres peint par Jean-François de Troy, les retours de chasse raffinés ou licencieux du Régent ou les banquets fastueux donnés par les Labia en leur palais du campo San Geremia, à la fin desquels, disait-on, les maîtres des lieux, jugeant indispensable d’épater le manant, jetaient, avant sans doute de la faire récupérer nuitamment par leurs domestiques, leur vaisselle d’or dans le canal de Canareggio. Preuve que les époques où il advint que le bon goût fut plus rare que l’argent furent plus nombreuses qu’on ne le croit. Pour l’heure, à part quelques esprits lucides scrutant la salle et ses abords d’un air préoccupé, personne ne se souciait du futur pas plus que du qu’en dira-t-on. La jouissance se confondait avec l’instant ; l’avenir n’avait pas de consistance face à la perfection d’un éternel présent ; la jeunesse se coulerait dans le moule et perpétuerait le système, du moins le pensait-on ; quant à la préservation et à la responsabilité de la transmission, billevesées que tout cela puisque la technique se chargerait de pourvoir à tout.

 

Vint le moment ou, ivre de son hubris, à moins que ce ne fut de son intempérance devant les flacons millésimés, tous de haut lignage, qui passaient à sa portée, le maître de céans dans un soudain accès d’impiété ostentatoire se mit à blasphémer haut et fort contre les excès des apôtres en tous genres imposant sans nuances le culte de Dame Nature. Tous des ayatollas ou des khmers verts, vociférait-il dans son délire éthylique, cessons de regarder voler ces coquecigrues ! Et d’ajouter, l’esprit embrumé par les vapeurs, que l’on n’avait que faire des ibis chauves, des hippocampes de white, des panthères de l’Amour, des baleines bleues, des grenouilles des Pyrénées et autres mantelles dorées, pas plus que des émissions carbonées. La science se faisait fort de tout réparer, y compris l’homme qui, de toutes façons, deviendrait humanoïde augmenté et par là même éternel.

 

C’est alors qu’un bruit, sinistre comme l’effondrement d’une banquise, se fit entendre suivi d’un silence sépulcral accompagnant l’arrêt immédiat des libations. L’atmosphère devint étrange, l’angoisse diffuse comme si la statue du Commandeur s’apprêtait à faire irruption. Mais non, fausse alarme, point de convive de pierre dans ce monde rationnel, raisonnable et connecté, et chacun, bien qu’ébranlé tout en essayant de n’en rien laisser paraître, s’efforça de reprendre le cours de ses conversations là où il les avait laissées. Devant un mur d’images dernier cri permettant toutes les audaces technologiques, un sachant sûr de son savoir entamait un exposé, graphiques et « power point » futuristes à l’appui. Il n’eut pas le temps de se retourner pour pointer son stylo laser sur les phrases de son introduction, surlignées comme pour en signaler le génie indépassable. Une main était apparue sur le mur, une main seule, libre de toute attache, s’était mise à écrire lentement avec application ou hésitation, on ne sait trop. Certains ont cru reconnaître une main de jeune fille, persuadés qu’ils étaient d’avoir vu aussi une natte blonde tressée, d’autres en étaient moins sûrs. Tous, par contre, avaient pu lire le même message sans pouvoir le comprendre.

Les conjectures allaient bon train sur ce que d’aucuns commençaient à prendre pour une supercherie dénuée d’intérêt. Mais l’inscription sur le mur – « the writing on the wall » comme certains disaient avec un détachement dédaigneux – demeurait : « Mané, Thécel, Pharès ». Sans être docte en herméneutique, il eut fallu pour déchiffrer, posséder quelque culture générale, biblique de préférence. Mais il y avait bien longtemps que celle-ci, déclarée traumatisante et pour tout dire fasciste avait été proscrite des programmes d’éducation. Il ne fallait point discriminer ni fournir aux jeunes âmes les instruments aptes à les plonger dans les affres d’interrogations métaphysiques délétères. Il fallait fabriquer des trajectoires sans histoire, des desseins sans destins, bref des parcours optimisés et, pour cela, mieux valait oublier des civilisations et des langues de toutes façons mortes et s’imprégner du langage informatique permettant de coder. Sauf que dans le cas présent personne n’était en mesure de décoder. Seul, un ancien, discret au fond de la salle, que l’assemblée avait à peine vu, se leva timidement. Daniel, car tel était son nom, entendait l’hébreu ancien, le latin et le grec et un peu d’araméen. Il avait retenu de ses années de lycée, à une époque où l’on apprenait encore par cœur, ces quelques vers tirés d’Hernani de Victor Hugo : « …Sire, La chose est toute simple et l’on peut vous la dire. Nous gravions la sentence au mur de Balthazar ». Sans détours inutiles, l’érudit déclara que le message s’adressait à la civilisation technicienne, déclarée sacrilège : « ses jours ont été comptés, son règne a été jugé, son empire sera divisé ». Dans les années qui suivirent, succédant à des déluges climatiques meurtriers, une pandémie dévastatrice venue de l’Est annihila la majeure partie de l’humanité, l’Occident principalement ; une nouvelle civilisation parut à l’Orient qui se mit en tête de régenter le monde. Mais l’avenir s’obstinait à être incertain car les générations suivantes s’étiolèrent, jusqu’au risque de devenir introuvables.

Alain Meininger
Membre du Comité éditorial de la Revue Politique et Parlementaire

Alain Meininger

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