C’est sur fond de crise financière que le président argentin s’est déplacé au Vatican, en Italie, à Berlin, puis à Paris. Le chef de la Nation, Alberto Fernandez, a également tenu une conférence à l’école de Sciences Po. Il est revenu sur les perspectives de l’Argentine, notamment au niveau de la relance économique. Retour sur cette visite par Guillaume Asskari.
Depuis son entrée au pouvoir, le 10 décembre, Alberto Fernandez a fait adopter une loi instaurant une série de mesures économiques et fiscales d’urgence pour tenter de sortir son pays de la crise. Lors de sa tournée en Europe, le péroniste est venu avec un principal objectif : chercher le soutien des leaders européens pour obtenir un report des échéances de la dette jusqu’à fin 2023.
Une dette qui s’élève à 311 milliards de dollars au total (selon les chiffres dévoilés par le ministère argentin de l’Economie).
« La France se tiendra à vos côtés et sera mobilisée aux côtés du Fonds monétaire international et d’autres partenaires pour aider l’Argentine à retrouver le chemin de la croissance et d’une dette soutenable », a déclaré Emmanuel Macron après sa rencontre avec Alberto Fernandez au Palais de l’Elysée.
Après son déjeuner avec le président français, le président argentin s’est rendu à la rencontre avec les citoyens argentins vivant en France. Puis, devant les étudiants de Sciences Po, Alberto Fernández a tenu une conférence intitulée « Quelles relations entre l’Amérique latine et l’Argentine ? Les perspectives de l’Argentine » (avec la modération de Gaspard Estrada, président de l’Observatoire de l’Amérique latine). Le chef de la Nation a assuré que « le grand problème de l’Amérique latine, c’est l’inégalité”. “Les péronistes, ceux sont des réformistes. Moi je veux changer la politique que mes prédécesseurs ont menée », a-t-il expliqué. « La politique, c’est l’art de l’administration de la réalité. (…) Durant quatre ans, il y a eu un gouvernement qui a vendu une réalité qui n’existait pas. Toutes les données indiquaient que nous étions dans une mauvaise situation, mais un jour ils l’ont découvert et c’était déjà trop tard. Mais il n’est jamais trop tard pour changer (…) Nous sommes conscients qu’il faut changer les choses. En Argentine, nous avons Messi, Diego Maradona aussi mais 40 % des Argentins en-dessous de la ligne de la pauvreté », a poursuivi le chef d’Etat en se montrant très critique envers son prédécesseur Mauricio Macri.
Une loi pour dépénaliser l’avortement
Répondant à une question d’une étudiante, Alberto Fernandez a annoncé dans l’amphithéâtre de Sciences Po : « Nous allons faire passer une loi pour en terminer avec la pénalisation de l’avortement et cela permettra à tout le monde d’être pris en charge ». « Il faut éviter les consultations clandestines et protéger la santé des Argentins », a-t-il rajouté. La question de légaliser l’avortement était a l’étude en 2018. Le Sénat à rejeté le projet de loi approuvé par la chambre des Députés.
Dans la continuité, le 21 août 2018, l’ancien président Mauricio Macri a présenté un projet de loi pour supprimer les sanctions pénales pour les femmes ayant avortées.
Considéré comme un délit, l’avortement est autorisé lorsque la vie ou la santé de la mère est en danger.
Une économie impactée par une dette au FMI
A la mi janvier, l’Institut national des statistiques a fait état d’une inflation de 53,8 %, la plus élevée depuis 1991. Les secteurs les plus touchés sont les services de santé, les télécommunications ou encore les équipements domestiques. « Le 12 février, le ministre de l’Economie, Martin Guzmán, va expliquer comment nous allons gérer cette dette pour repartir de l’avant (…) Nous sommes en négociation, nous jouons au poker », a expliqué le péroniste. Pour rappel, une mission du FMI doit se rendre à Buenos Aires du 12 au 14 février. De son côté, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a qualifié de « réunion productive » sa dernière rencontre avec le ministre de l’Economie argentin.
Interrogé sur ces rencontres en Europe et à Paris, le président Alberto Fernandez est revenu sur son petit déjeuner avec les entrepreneurs français. « Il faut garder confiance en soi. J’ai dit aux entrepreneurs de garder confiance en l’Argentine. Il est important de rassurer ceux qui nous font confiance », a-t-il raconté devant un parterre de journalistes argentins. « J’ai besoin que les secteurs les plus touchés génèrent leurs propres revenus. Il faut relancer notre économie », a confié l’homme d’Etat.
Guillaume Asskari
Journaliste et producteur
Spécialiste de l’Amérique latine