Nous débattons à Saint-Raphaël au sujet des peurs, des menaces, des risques. Pendant deux jours la Revue se penche sur les traumas français. En partenariat avec l’Institut PollingVox, la RPP livre un sondage sur la représentation que les Français se font du pays et sur la perception qu’ils dessinent des périls et autres aléas auxquels ils se sentent confrontés.
La dépression nationale est une trame tenace et partagée par près de 61% de nos compatriotes qui estiment que l’époque est au déclassement. Sur cette toile de fond se dessinent les arabesques de nos anxiétés qui confirment tout autant les multiples fractures de notre société que l’ossification d’un certain nombre d’obsédantes questions. Ce sont ces récurrences que fait ressortir aussi cette étude (crise climatique, crise de l’autorité, crise migratoire, etc.) : nous ne sommes plus au temps de la grande peur mais de toutes les peurs, celles-ci se croisant et se diffractant au prorata des générations, des sociologies, des convictions.
Le lecteur trouvera sur notre site les résultats de cette étude et les observations qu’elles inspirent à son maître d’œuvre, le directeur de PollingVox, Jérôme Sainte-Marie. Le plus inattendu dans cette enquête n’est pas tant la mise en exergue des menaces, sans doute assez prévisibles au regard du débat public, que les attentes de nos concitoyens pour surmonter cette diagonale de l’appréhension. A priori l’imaginaire national eut pu susciter une réponse conforme à notre culture politique dont le réflexe est de se tourner organiquement vers la puissance publique ; or en ces moments qu’ils pressentent autant qu’ils les vivent comme incertains les françaises et les français sont tentés majoritairement par le repli sur la sphère privée. Tout se passe comme si la grande nation politique ne l’était plus vraiment. Il reste à souhaiter que la campagne présidentielle qui commence soit celle d’une forme de reconquête du politique sur l’atonie et les désillusions…