La promesse du jeune Président de permettre à la France d’entrer dans une forme de « mondialisation heureuse » s’est retournée en désillusion mondiale. Tout d’abord parce que partout dans le monde les logiques de frontières, d’Empires, de rapports de force ont fait un retour brutal sur le théâtre tragique de l’histoire, mais aussi parce que la France sous la conduite d’Emmanuel Macron n’aura jamais paru aussi affaiblie sur la scène internationale. De l’Afrique où elle est moquée, voire humiliée comme en Algérie entre autres et chassée comme au Niger, après des soumissions inconvenantes pour la première et des rodomontades stériles pour la seconde, à l’Europe où les positions de Paris sont en recul, malgré des objurgations ostentatoires à toujours plus de souveraineté européenne, la France est esseulée, sans véritable direction, et à plus d’un titre brinquebalée au gré des coups de vents et des événements.
Le macronisme se voulait porteur d’un nouveau monde, il en aura subi toutes les conséquences sans le comprendre vraiment. Il n’aura vu ni les nécessaires demandes de protection exprimées depuis longtemps pourtant par de larges segments de la société, encore moins la désoccidentalisation qui à l’international ne cesse de produire ses effets. Bref il sera douloureusement passé tout autant à côté de l’histoire que de son histoire. Sur le régalien qui n’était pas sa zone de confort pas plus que sa priorité, son bilan aux yeux de très nombreux Français se soldera par une double incapacité à maîtriser l’insécurité quotidienne d’un côté, les flux migratoires de l’autre. L’enjeu de la sécurité était pour une bonne part impensé par le logiciel du jeune Président quand la question migratoire était perçue comme une opportunité pour un pays qui demandait une plus ferme régulation. Mais jusque dans les matières où l’opinion dominante lui conférait un crédit parfois soutenu, le chef de l’Etat aura livré une copie qui fait peser une lourde hypothèque sur la France : le dérapage sans précédent de la dépense publique pour lequel les batailles parlementaires du moment apparaissent bien plus picrocholines qu’à la hauteur de l’urgence quasi absolue du défi aura brisé le totem d’immunité dont une partie de la classe dirigeante se prévalait pour démonétiser toutes les concurrences politiques en opposition aux différentes nuances de « pensée unique » qui gouvernent le pays depuis très longtemps.
Arnaud Benedetti
Rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire
Professeur associé à Sorbonne-Université