Dans un texte publié par Laurence Taillade dans la rubrique « Libre opinion » votre revue fait un rapprochement aussi injustifié que diffamatoire pour notre association – l’APLEC, l’Association pour l’enseignement du catalan – entre le « danger du communautarisme islamique » et « une autre menace pour l’unité nationale, prenant le visage du séparatisme catalan ».
Il ne nous appartient pas ici de revenir sur des propos relatifs au référendum catalan de 2017 et au mouvement indépendantiste de la Catalogne en nous substituant aux protagonistes et personnes directement concernées, mais il est du devoir de l’APLEC nommément mise en cause, de rétablir la vérité sur les manquements qui lui sont imputés.
Le rôle de l’APLEC depuis 38 ans avec l’appui moral et financier des collectivités locales – communes, Département et Région – est de contribuer au développement de l’enseignement de la langue et de la culture catalanes. Les interventions de l’APLEC auprès de plus de 10 000 élèves de la partie catalane du département des Pyrénées Orientales (ou Catalogne du Nord), s’organisent dans le cadre des dispositions légales et règlementaires (loi Peillon, article L312-10, circulaire 2017-072 du 12-04-2017) relatives à l’enseignement des langues régionales qui « appartiennent au patrimoine de la France (art. 75-1 de la Constitution) et en concertation étroite avec les services de l’Education nationale. Les enseignants de catalan – intervenant.e.s de l’APLEC, mais aussi et surtout professeur.e.s titulaires du primaire, du secondaire et de l’enseignement supérieur et de la recherche – ainsi que tous les programmes officiels de l’enseignement du catalan se réfèrent aux « Pays Catalans », appellation ordinaire et historique qui désigne l’ensemble des régions et territoires de l’aire linguistique catalane (Catalogne Nord, Andorre, Frange d’Aragon, Catalogne du Sud, Baléares, Pays valencien, l’Alguer et Carxe). Les enseignants de catalan font référence de manière naturelle et normale à l’ensemble de la catalanophonie (10 millions de locuteurs) et à la richesse de sa culture et de sa littérature (des plus anciennes de l’Europe), tout comme les enseignants d’anglais, d’espagnol ou de français se réfèrent aux aires culturelles de ces langues.
Quant à l’évocation supposée d’un « apartheid linguistique français dans les écoles », relève-t-elle de la volonté de nuire de l’autrice du texte, de son ignorance de la réalité ou d’obsessions fantasmées ? Nous invitons les personnes intéressées à se reporter aux programmes officiels des enseignements de catalan (Bulletin officiel de l’Education nationale), ainsi qu’aux contenus des activités réalisées auprès de nos élèves et que l’association met à disposition sous forme de « Diari de classe » (journal de classe) en ligne, accessible à tous (communauté éducative, parents d’élèves, élus…). Rappelons enfin que les cours de catalan des intervenant.e.s extérieur.e.s de l’APLEC se déroulent en présence de professeur.e.s des écoles, responsables de leur classe, et sous la supervision de l’inspection pédagogique de catalan.
Si toutefois en se référant à un « apartheid linguistique français », Mme Taillade entendait le non respect par la France des conventions internationales de protection des minorités linguistiques (Convention pour la protection des droits des enfants, Pacte des droits civils et politiques) et les restrictions de fait à l’enseignement de la langue régionale, nous pourrions fournir à votre publication toutes précisions utiles. Mais qu’en auraient à faire des enfants de classes maternelles ou élémentaires bénéficiant d’intervention de l’APLEC ? Les chants de Noël, les comptines de fêtes traditionnelles et les expressions de la vie quotidienne sont de bien meilleurs outils pédagogiques.
Enfin, pour ce qui est du soutien des institutions locales et des Catalans (au sens d’habitants du département des PO), rappelons que l’enseignement de la langue et de la culture historique de ce territoire fait l’objet d’un large consensus. Plus de 80 % des habitants se déclarent favorables à l’enseignement du catalan, plus de 75 % favorables à l’enseignement bilingue ; les principales collectivités – Ville de Perpignan, Conseil départemental – ont voté à plusieurs reprises des textes (chartes…) de soutien à la reconnaissance, à l’enseignement et au développement de la langue catalane, et les programmes scolaires d’enseignement du catalan rallient l’éventail complet des élus et des partis du paysage politique catalan. Un simple exercice démocratique en somme.
Alà Baylac Ferrer
Président de l’APLEC