Le 22 octobre 2023, les Argentins étaient appelés aux urnes pour élire leur nouveau chef de l’Etat et pour renouveler la moitié de la chambre des députés (130/257) et le tiers du Sénat (24/72)[1].
Au terme d’une âpre campagne présidentielle de premier tour, la surprise est venue du ministre de l’Economie, Sergio Massa (centre-gauche), arrivé en tête avec 36,68 % des suffrages exprimés. Il se trouve désormais en ballotage favorable face à un économiste antisystème, Javier Milei, qui avait créé la surprise en remportant les primaires au mois d’août, mais qui ne totalise finalement que 29,98 % des voix. La candidate de la droite argentine, héritière de l’ancien Président Mauricio Macri (2015-2019), Patricia Bullrich, est la grande perdante en ayant réuni seulement 23,83 % des votants : son soutien pourrait déterminer le vainqueur du second tour qui se déroulera le 19 novembre prochain.
Dans le cadre du renouvellement partiel du Parlement argentin, la coalition de soutien à Javier Milei (La liberté avance/La Libertad Avanza) a réussi une percée remarquée en obtenant près d’un tiers des sièges en lice.
En revanche, les deux blocs traditionnels de gauche et de droite ont perdu du terrain : la coalition conservatrice de Patricia Bullrich (Ensemble pour le changement/Juntos por el Cambio) a subi une défaite sévère en perdant 10 sièges au Sénat et 24 sièges à la chambre basse tandis que la coalition péroniste soutenant Sergio Massa (Union pour la patrie/Unión por la Patria) limite son recul en ne perdant que 11 sièges à la chambre des députés et en en gagnant 2 au Sénat.
Un cadre constitutionnel des plus classiques
Bien qu’indépendante depuis 1816, l’Argentine ne s’est dotée d’une Constitution qu’en 1853 : ce texte fondamental est en vigueur depuis 170 ans et n’a été modifié qu’à six reprises en 1860, 1866, 1898, 1949, 1957 et 1994[2]. Dans sa première partie (articles 1er et suivants), la Constitution nationale argentine organise la forme républicaine et fédérale de l’Etat, ainsi que les droits politiques des Argentins[3] ; dans sa seconde partie (titre 1), elle présente les autorités fédérales qui assurent la gouvernance du pays dans le cadre d’un régime présidentiel.
Dans ce régime présidentiel fédéral, la séparation des pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire, s’opère ainsi.
D’abord, un Parlement bicaméral (Congrès) est composé de deux assemblées qui exercent le pouvoir législatif et contrôlent le pouvoir exécutif (Constitution, articles 44 à 85) :
- une chambre basse, la Chambre des députés de la Nation, composée de 257 membres, élus dans chaque province pour 4 ans au suffrage universel via un scrutin plurinominal à un tour (Code électoral, articles 158 à 164) ;
- une chambre haute, le Sénat des provinces, constituée de 74 membres (3 dans chaque province et 3 dans la capitale fédérale Buenos Aires), tous élus pour 6 ans au suffrage universel direct dans un scrutin proportionnel à un tour ; les listes sont composées de deux candidats et de deux suppléants ; les deux premiers sièges reviennent à la liste arrivée en tête du scrutin tandis que le troisième est attribué à la liste qui se classe en deuxième position (Code électoral, articles 156 et 157).
Ensuite, le pouvoir exécutif est assumé par le Président de la Nation argentine (Constitution, articles 87 à 107) :
- d’une part, en application des articles 95 à 98, le président et le vice-président (qui présidera le Sénat) sont élus pour 4 ans directement par le peuple, au scrutin uninominal à deux tours, sur un même « ticket », dans les deux mois précédant la fin du mandat du chef de l’Etat en exercice ; pour être élu dès le premier tour, un candidat doit arriver en tête avec au moins 45 % des suffrages[4] ou bien obtenir 40% des voix avec un écart de 10 points par rapport au deuxième[5]; en cas de second tour, celui-ci est organisé dans le mois précédant l’investiture ;
- d’autre part, selon l’article 99, le Président de la Nation est le chef suprême de la Nation, chef du gouvernement et responsable de l’administration générale du pays ; il dicte les instructions et établit les règlements nécessaires à l’exécution des lois ; il intervient dans l’élaboration des lois, les promulgue et ordonne leur publication[6].
Enfin, le pouvoir judiciaire est composé par l’ensemble des tribunaux fédéraux et provinciaux avec, en son sommet, la Cour suprême de justice de la Nation dont l’autorité permet d’unifier la jurisprudence à travers le pays (Constitution, articles 108 à 119). Ces instances judiciaires jugent tous les litiges entre personnes privées, entre personnes privées et administrations, ainsi qu’entre institutions publiques. Selon la nature des contentieux, la Cour suprême est juge de première instance ou d’appel, et elle n’intervient qu’en dernier recours dans le cadre du contrôle de constitutionnalité[7].
Une vie politique étouffée par une économie sous perfusion
Rares sont ceux qui se rappellent aujourd’hui que l’Argentine a été un des Etats les plus prospères de la planète entre la fin du XIXe siècle et la crise mondiale de 1929, grâce en particulier au secteur agricole, fortement exportateur. Et si le pays a passé difficilement la crise économique des années 1930, l’enchaînement des régimes dictatoriaux et péronistes (interventionnistes et populistes) depuis les années 1940 n’a pas permis à ce pays du cône sud de restaurer une économie florissante[8]. Aujourd’hui encore, le crash économique de 2001, lors duquel l’Argentine a dû se déclarer en cessation de paiement, reste un traumatisme profond dans la mémoire collective, d’autant que les conséquences se font encore sentir plus de 20 ans après[9].
Aujourd’hui classée au 21e rang mondial et au 3e rang en Amérique latine (derrière le Brésil et le Mexique) avec un PIB nominal de 336 milliards de dollars, l’économie argentine n’en finit pas d’être en crise.
Le pays est toutefois membre du G20 et possède des atouts indéniables : c’est un pays industrialisé, réputé pour sa main d’œuvre qualifiée, avec un secteur agricole « moteur », des ressources énergétiques abondantes et un « développement humain très élevé » selon l’ONU[10]. Mais, l’Argentine connaît aussi des vulnérabilités qui peuvent décourager les investisseurs étrangers, comme une monnaie dépréciée, un taux de pauvreté proche de 40% de la population, une dette souveraine excessive qui oblige à demander régulièrement l’aide du FMI, une économie informelle qui frôle les 50%, ainsi qu’une inflation chronique et élevée qui atteint actuellement 137% sur un an[11].
Un scrutin présidentiel serré et anxiogène sur fond de crise économique
Dans ce contexte de marasme économique, nombre d’électeurs se détournent des partis politiques traditionnels qui n’ont pas réussi à relancer le développement de l’Argentine. Ils souhaitent « essayer » une nouvelle personnalité qui n’a jamais exercé le pouvoir, un économiste devenu député en 2021 et dont la voix singulière et tonitruante secoue le paysage politique depuis plus de deux ans : Javier Milei. Ce député de Buenos Aires est devenu l’égérie de la coalition ultra conservatrice et ultra libérale La Liberté Avance, composée notamment du Parti libertarien auquel il appartient. Il se définit lui-même comme un « anarcho-capitaliste » et il termine souvent ses réunions publiques et ses interviews par la formule : « la liberté, bordel ! ».
Face à lui, la majorité péroniste, réunie sous la bannière de la coalition Union pour la Patrie, a investi le ministre de l’Economie en exercice depuis moins d’un an, de centre gauche et auparavant président de la Chambre des députés, Sergio Massa[12]. Par ailleurs, l’ancienne ministre de la Sécurité, sous le mandat du Président Mauricio Macri (2015-2019), Patricia Bullrich, a été choisie pour porter les couleurs de la droite et du centre droit de l’alliance Ensemble pour le Changement.
Le système électoral argentin conduit tous les candidats à la présidence de la République et au Congrès à se soumettre à des primaires nationales ouvertes et obligatoires, environ deux mois avant le premier tour[13].
Et lors de ces primaires qui se sont tenues le 13 août, La Liberté Avance et Javier Milei ont déjoué tous les pronostics[14] en arrivant en tête avec 30,04 % des suffrages, devant Ensemble pour le changement avec 28,27 % et l’Union pour la Patrie avec 27,27 %.
Javier Milei est connu et reconnu pour ne jamais nuancer ses propos et pour invectiver régulièrement ses interlocuteurs (journalistes, personnalités politiques…). La presse en est même venue à répertorier ses insultes qui visent le plus souvent la « caste », c’est-à-dire les élus et dirigeants des deux coalitions traditionnelles de gauche et de droite[15]. Son comportement grossier et ses propositions disruptives et simplistes le classent dans la lignée des populistes comme Donald Trump aux Etats-Unis et Jair Bolsonaro au Brésil. Le populisme est entendu ici, dans sa conception classique en science politique, comme un « discours politique » et une « approche hautement moralisée de la politique » qui clivent la société en opposant, de manière démagogique, un « nous, le peuple », homogène et pur, incarné par un chef de file charismatique, à un « eux, les élites » présumées corrompues, d’où une nette propension à développer des théories du complot[16].
Lors de sa campagne électorale, Javier Milei a eu l’occasion d’exprimer ses convictions et de présenter son programme :
- le réchauffement climatique serait un mensonge inventé par le socialisme[17] ;
- l’éducation sexuelle ne devrait plus être enseignée à l’école car elle «déforme la tête » des gens et risque de détruite la cellule familiale, pilier central de la société[18] ;
- la vente d’organes humains devrait pouvoir être autorisée au nom de la liberté individuelle et elle deviendrait un marché comme les autres[19] ;
- l’avortement devrait être interdit et les citoyens seraient amenés à trancher la question dans un plébiscite[20], alors que l’Argentine a été le quatrième pays du continent à légaliser l’interruption volontaire de grossesse en 2020 hors cas de viols et risques pour la santé de la mère, après Cuba, le Guyana et l’Uruguay[21] ;
- avec sa colistière au poste de Vice-présidente, Victoria VILLARRUEL, il relativise les crimes commis par la junte militaire pendant la dictature de 1976 à 1983 ; frôlant le révisionnisme, il évoque un état de « guerre » et de simples excès de certains soldats pour qualifier des exactions qui ont valu à leurs auteurs d’être condamnés pour crimes contre l’Humanité, et il minimise des deux tiers le nombre de victimes de la dictature alors qu’un consensus national depuis 40 ans s’accorde sur un nombre proche de 30 000 séquestrés, torturés et/ou tués[22] ;
- il envisage de réduire drastiquement les dépenses de l’Etat selon une vision ultra libérale dans laquelle l’Etat serait replié sur ses seules fonctions régaliennes : une tronçonneuse dans les mains pour illustrer son propos sur scène, il envisage de supprimer plus de la moitié des ministères actuels (ministère de l’Environnement, ministère des Femmes et de la Diversité, ministère du Travail, ministère de la Culture, ministère des Sciences et de l’Innovation, ministère du Développement territorial, ministère des travaux publics, ministère des Transports, ministère du Tourisme)[23] ;
- il prévoit de remplacer la monnaie nationale, le peso (qu’il qualifie d’« excrément») par le dollar américain et, donc, de supprimer la banque centrale argentine[24] ;
- il considère que « les impôts sont du vol » et ambitionne une baisse des prélèvements obligatoires[25] ;
- il souhaite que l’Etat donne aux familles des « chèques éducation » afin de les laisser choisir les établissements dans lesquels iraient leurs enfants dans une société où toutes les écoles et universités seraient privatisées ;
- il dénonce l’entrée de l’Argentine dans les BRICS élargis, refuse tout lien avec les communistes (Cuba, Chine) et considère que les socialistes ne sont pas des défenseurs de la liberté, ce qui inquiète le Président Lula Da Silva au regard de l’interdépendance des économies argentine et brésilienne[26].
Entre les PASO du 13 août et le premier tour du 22 octobre, Javier Milei a fait la course en tête, dans toutes les enquêtes d’opinion, au point de croire dans les derniers jours de campagne qu’il n’aurait pas besoin de second tour pour accéder à la magistrature suprême.
Avec un taux de participation de 77,65 %, le premier tour du scrutin présidentiel de 2023 a moins mobilisé qu’en 2011 (81 %), 2015 (81 %) et 2019 (81,30 %). Le résultat de ce premier tour a créé la sensation parmi les instituts de sondages et les médias en plaçant le candidat de centre gauche devant le candidat ultraconservateur avec 7 points d’avance. Le 19 novembre prochain, le second tour réunira donc, d’une part, Sergio Massa, 36,68 % des suffrages exprimés et candidat d’un parti de gouvernement classique, et, d’autre part, Javier Milei, 29,98 % et candidat antisystème : Patricia Bullrich est éliminée avec seulement 23,83 % des voix[27] et pourrait détenir la clef de l’élection.
Certains observateurs expliquent la contre-performance du candidat de la coalition La Liberté Avance par l’excès de ses outrances et les limites de ses propositions : selon Denis Merklen, directeur de l’Institut des Hautes Études d’Amérique Latine, « De toute évidence, la forme de ras-le-bol qu’incarne le vote Javier Milei a atteint un plafond. […] Le nombre de voix de Javier Milei n’a quasiment pas progressé » depuis la primaire en août[28] ; en outre, les discours tendant à minimiser les horreurs de la dictature dirigée par Jorge Rafael Videla ont probablement remobilisé certains électeurs désenchantés, prêts à s’abstenir, mais désormais inquiets et donc vigilants sur l’avenir du vivre ensemble argentin[29]. D’autres commentateurs prédisent que, le 19 novembre, il n’y aura pas de second tour, mais plutôt un référendum entre un candidat du système, qui devra convaincre qu’il est capable de réussir là où les partis de gouvernement de gauche et de droite ont échoué depuis 25 ans, et un candidat antisystème qui a promis de révolutionner la gouvernance du pays et qui semble prêt à rouvrir les blessures de la dictature[30]. Le premier a tenu un discours fédérateur et a promis d’œuvrer à la constitution d’un gouvernement d’union nationale ; pendant la campagne, il a d’ailleurs su détacher son image de candidat rassurant de celle du gouvernement sortant impopulaire, en apparaissant comme le médecin au chevet de l’économie argentine. Le second a souligné que les deux tiers des électeurs n’avaient pas voté pour le dauphin du Président sortant et il a tendu la main aux électeurs de la coalition de droite Ensemble pour le Changement.
Les premiers sondages sur le second tour, réalisés depuis le 23 octobre, notamment par deux instituts qui avaient prédit le duel Massa-Milei, pronostiquent soit une courte victoire de Javier Milei, soit une large victoire de Sergio Massa, mais avec une incertitude liée au fait que 60 % de l’électorat de Patricia Bullrich est indécis pour l’instant[31].
Cette dernière et l’ancien Président Mauricio Macri ont annoncé, le 25 octobre, qu’ils soutiendraient Javier Milei, à la surprise de la plupart des dirigeants et élus d’Ensemble pour le Changement, allumant ainsi la mèche de l’implosion de la coalition qu’ils avaient contribué à former pour remporter l’élection présidentielle de 2015[32].
*
* *
La dynamique pour le second tour est chez Sergio Massa, qui est arrivé devant Javier Milei avec sept points d’avance. Son objectif de rassemblement, son discours rassurant[33] et son appel au centre droit en vue de constituer un gouvernement d’union nationale, peuvent convaincre les électeurs de ne pas franchir le Rubicon. De son côté, le candidat climatosceptique doit séduire les électeurs de droite, de centre droit et même de centre gauche pour dépasser la barre des 50 % de suffrages en novembre ; mais, pour cela, il a besoin de relais et de soutiens et doit donc se tourner vers les élus et dirigeants de la « casta » qu’il a tant dénigrés et insultés au cours des derniers mois.
Le débat télévisé programmé le 12 novembre sera certainement un moment décisif. De même, le vote des femmes, parmi lesquelles Javier Milei n’est pas très populaire, pourrait être déterminant dans le résultat final.
Il conviendra enfin d’être attentif à la recomposition des forces politiques au sein du Congrès pour savoir si le futur Président pourra ou non appliquer son programme et faire voter ses projets : la coalition qui soutient Sergio Massa conserve la majorité au Sénat tandis que la majorité à la Chambre des députés dépendra de la reconfiguration des alliances qui est en cours (aucun bloc ne dispose de la majorité absolue pour pouvoir présider l’assemblée).
Au-delà de calculs politiciens ou de la haine du péronisme/kirchnérisme qui conduisent des personnalités de premier plan du camp conservateur à rejoindre Javier MILEI, les élus de la coalition Ensemble pour le Changement (gouverneurs, parlementaires, maires de grandes villes…) sont face à un choix proprement historique. D’une part, l’Argentine et le continent peuvent-ils perdre 4 ans avec l’élection d’un Président niant la réalité du réchauffement de la planète ? D’autre part et surtout, sur le plan des valeurs, ces élites de droite, tant décriées par MILEI, pourront-elles commettre, non pas l’erreur, mais la faute de soutenir un binôme notoirement révisionniste, sur la dictature qui s’est achevée en 1983, au risque briser un consensus construit et conforté dans la société argentine depuis 40 ans ? Réponse le 19 novembre.
David Biroste
Docteur en droit et Vice-président de l’association France-Amérique latine, LATFRAN (www.latfran.org).
[1] Pour mémoire, l’Argentine dispose de la huitième plus grande superficie au monde (2,8 millions de km², soit cinq fois la taille de la France) et de la quatrième plus nombreuse population d’Amérique latine avec 46 millions d’habitants.
[2] Texte disponible sur le site du Parlement argentin : https://www.congreso.gob.ar/constitucionNacional.php [consulté le 21 octobre 2023].
[3] Par exemple, la Constitution garantit le plein exercice des droits politiques, le suffrage universel, égal, secret et obligatoire et une véritable égalité des chances entre hommes et femmes (article 37). En outre, elle reconnaît que les partis politiques sont des institutions fondamentales du système démocratique, qu’ils doivent s’organiser de manière démocratique et, entre autres, qu’ils doivent concourir à la nomination des candidats aux fonctions publiques électives (article 38).
[4] Par exemple, en 2019, le candidat Alberto Fernandez a été élu dès le premier tour avec 48% des suffrages.
[5] Cette règle, inconnue en Europe, est reprise dans quelques pays latino-américains, comme en Bolivie (Constitution, article 166, § I) et en Equateur (Constitution, article 143) : au Costa Rica, le ticket gagnant doit obtenir seulement 40% des suffrages au premier tour, sans autre condition (Constitution, article 138). Mais, dans la plupart des Etats du continent, l’élection à la présidence de la République, dès le premier tour, doit s’effectuer à la majorité absolue des suffrages : Brésil (Constitution, article 77 § 2), Chili (Constitution, article 26), Colombie (article 190), El Salvador (Code électoral, article 216), Guatemala (Constitution, article 184), Pérou (Constitution, article 111), Uruguay (Constitution, article 151). Plusieurs pays toutefois recourent au scrutin majoritaire à un seul tour avec majorité relative : Honduras (Constitution, article 236), Mexique (Loi générale des institutions et procédures électorales, article 12), Nicaragua (Constitution, article 146), Panama (Constitution, article 177), Paraguay (Constitution, article 230) et Venezuela (Constitution, article 228).
[6] Constitution, art. 77 : l’initiative des lois est partagée entre le Président et les deux chambres parlementaires.
[7] Pablo Oscar GALLEGOS FEDRIANI, « Le contrôle de constitutionnalité en Argentine », Nouveaux Cahiers du Conseil constitutionnel, n° 43, avril 2014 [consulté le 21 octobre 2023].
[8] Pierre BON, « L’État en Amérique latine », Pouvoirs, 2001/3, n° 98, pp. 17-36 [consulté le 15 octobre 2023] ; Andrés A. GALLO et Lee J. ALSTON, « Argentina’s Abandonment of the Rule of Law and Its Aftermath », Washington University Journal of Law & Policy, Vol. 26, 2008, pp. 153-182 [consulté le 15 octobre 2023] ; Maximiliano MARZETTI et Rok SPRUK, « Long-Term Economic Effects of Populist Legal Reforms: Evidence from Argentina », Comparative Economic Studies, Vol. 65/1, mars 2023, pp. 60–95 [consulté le 15 octobre 2023].
[9] Sebastian SANTANDER, « La crise Argentine : faillite d’un système et crise géopolitique », Cahiers des Amériques latines, n° 38, 2001, n° 38 [consulté le 15 octobre 2023] ; Carlos GABETTA, « Le naufrage du « modèle FMI » : crise totale en Argentine », Le Monde diplomatique, janvier 2002, p. 3 [consulté le 15 octobre 2023] ; Rubén M. LOUOLO, « Argentine : les leçons de la sortie de crise », Revue Tiers Monde, 2007/1, n° 189, pp. 13-34 [consulté le 15 octobre 2023].
[10] PNUD, Rapport sur le développement humain 2021/2022 : Temps incertains, vies bouleversées : façonner notre avenir dans un monde en mutation, New York, septembre 2022, p. 28 [consulté le 15 octobre 2023].
[11] Paul MARION, « Argentine : l’économie de la « débrouille » pour vivre avec 140% d’inflation », La Tribune, 22 octobre 2023 [consulté le 21 octobre 2023].
[12] En effet, quatre mois avant les primaires, le Président sortant, Alberto FERNÁNDEZ, a annoncé ne pas briguer un second mandat alors qu’il entretenait des relations tendues avec sa Vice-présidente Cristina KIRCHNER depuis des mois, que l’inflation atteignait le chiffre historique de 100% sur un an, et que son impopularité culminait à 70% dans les enquêtes d’opinion : Federico RIVAS MOLINA, « El présidente argentino, Alberto Fernández, anuncia que no se présentará a su reelección », El País, 21 avril 2023 [consulté le 21 octobre 2023]. En outre, personne n’avait oublié qu’il avait déclaré, quelques jours seulement avant l’invasion de l’Ukraine, que l’Argentine devait être « la porte d’entrée » de la Russie en Amérique latine : Federico RIVAS MOLINA, « Alberto Fernández le ofrece a Rusia que Argentina sea su “puerta de entrada a América Latina” », El País, 4 février 2022 [consulté le 21 octobre 2023].
[13] Loi n° 26.571 du 11 décembre 2009 pour la démocratisation de la représentation politique, la transparence et l’équité électorale [consulté le 21 octobre 2023] : les élections primaires argentines sont appelées couramment PASO (Primaire, Ouverte, Simultanée et Obligatoire) ; elles permettent aux citoyens de sélectionner les partis ou alliances politiques et les candidats pouvant participer ensuite aux scrutins présidentiels ou parlementaires s’ils obtiennent au moins 1,5% ou 3% des voix ; lorsqu’au moins deux candidats se présentent au nom d’un même parti, seul est qualifié pour le premier tour celui qui arrive en tête ; le vote est obligatoire pour les électeurs âgés de 18 à 70 ans, mais facultatifs pour ceux de 16 à 18 ans et ceux de plus de 70 ans.
[14] Résultats officiels sur https://paso.resultados.gob.ar/elecciones/1/0/1/-1/-1 [consulté le 15 octobre 2023]
[15] Gustavo GONZÁLEZ, « El increíble ranking de insultos de Javier Milei », Perfil, 17 janvier 2022 [consulté le 20 octobre 2023].
[16] P.-A. TAGUIEFF, « Le populisme et la science politique », in Jean-Pierre Rioux (dir.), Les Populismes, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2007, p. 31 ; Christian GODIN, « Qu’est-ce que le populisme ? », Cités, 2012/1, n° 49, pp. 11-25 [consulté le 21 octobre 2023] ; Cas MUDDE et Cristóbal ROVIRA KALTWASSER, Populism: A Very Short Introductio, Oxford, Oxford University Press, 2017, p. 6 ; Nicola LACEY, « Populism and the Rule of Law », Annual Review of Law and Social Science, Vol. 15, octobre 2019, pp. 79-96 [consulté le 21 octobre 2023] ;
[17] Lucía GARDEL, « Javier Milei: « El calentamiento global es una mentira » », Chequeado, 11 août 2021 [consulté le 21 octobre 2023].
[18] Josefina GIL MOREIRA et Guillermina LEUDESDORF, « Disparen contra la ESI. Por qué Milei dice que es adoctrinamiento, pero el resto de los candidatos la defienden », La Nación, 4 octobre 2023 [consulté le 21 octobre 2023].
[19] Luis MAJUL, « Milei a favor de la venta de organos », dans « Voces », La Nación, 2 juin 2023 [consulté le 21 octobre 2023].
[20] Iván PÉREZ SARMENTI, « Milei se opone el aborto: ¿podría derogar la Ley de interrupción voluntaria del embarazo si gana? », CNN en espagnol, 18 août 2023 [consulté le 21 octobre 2023].
[21] Álvaro CORDERO, « Argentina legaliza la interrupción voluntaria del embarazo en todas las causales », France 24, 30 décembre 2020 [consulté le 21 octobre 2023] ; la Colombie a rejoint ce petit groupe de pays en 2022.
[22] Constanza LAMBERTUCCI et Mar CENTENERA, « La ultraderecha de Javier Milei ataca el consenso contra la dictadura en Argentina », El País, 5 septembre 2023 [consulté le 22 octobre 2023] ; Ricardo GIL LAVEDRA, « Javier Milei y los “excesos” de la dictadura », La Nación, 4 octobre de 2023 [consulté le 23 octobre 2023].
[23] Sol AMAYA, « ¿Qué ministerios quiere eliminar Milei y por qué? ¿de qué se encargan esos? », CNN en espagnol, 19 octobre, 2023 [consulté le 21 octobre 2023].
[24] Gabriel A. GIMÉNEZ ROCHE, « Présidentielle en Argentine : le programme économique de Javier Milei fait recette », La Tribune, 4 juin 2023 [consulté le 22 octobre 2023 [consulté le 22 octobre 2023] ; Mallory MOENCH, « Javier Milei Is the Frontrunner in Argentina’s Presidential Race. Here’s What to Know », Time Magazine, 21 octobre 2023 [consulté le 22 octobre 2023 [consulté le 22 octobre 2023].
[25] Melina MANFREDI, « Impuesto a las Ganancias: la opinión de Patricia Bullrich, Sergio Massa y Javier Milei », Todo Noticias, 25 septembre 2023 [consulté le 22 octobre 2023].
[26] James BOSWORTH, « Argentina Shows the Limits of BRICS’ De-Dollarization Dreams », World Politics Review, 11 septembre 2023 [consulté le 21 octobre 2023] ; Marcia CARMO, « Eleição na Argentina: por que Javier Milei preocupa governo Lula », BBC News Brasil, 3 septembre 2023 [consulté le 21 octobre 2023].
[27] Résultats officiels sur https://resultados.gob.ar/ [consulté le 23 octobre 2023].
[28] Marion CAZANOVE, « Présidentielle en Argentine: « les propositions brutales de Javier Milei ont trouvé leurs limites » », in Journal d’Haïti et des Amériques, RFI, 23 octobre 2023 [consulté le 23 octobre 2023].
[29] Tom PHILLIPS et Uki GOÑI, « Argentina’s far-right frontrunner reopens wounds of dictatorship », The Guardian, 19 octobre 2023 [consulté le 21 octobre 2023].
[30] Gustavo GONZÁLEZ, « Le prochain référendum », Perfil, 23 octobre 2023 [consulté le 23 octobre 2023].
[31] Felipe LEIBOVICH, « Encuesta: Sergio Massa ganaría el Ballottage contra Javier Milei por 10 puntos », Perfil, 25 octobre 2023 [consulté le 25 octobre 2023].
[32] L’accord secret conclu entre Javier MILEI et le duo BULLRICH/MACRI a suscité des vocations puisque 30 députés d’Ensemble pour le Changement se sont ralliés dès le lendemain ; mais cette alliance a surtout mécontenté la plupart des dirigeants des partis politiques membres de la coalition et des grands élus (gouverneurs, maires, parlementaires) qui n’ont pas été consultés sur cette stratégie et qui envisageaient de rester neutres ; après la déroute du premier tour, la recomposition du paysage politique à droite semble avoir déjà commencé : Matías MORENO, « El respaldo de Bullrich y Macri a Milei fractura a Pro: Larreta se declaró neutral y se pega a la UCR y la CC », La Nación, 25 octobre de 2023 [consulté le 26 octobre 2023] ; Laura SERRA, « Tensión en el Congreso. Treinta diputados de Pro apoyarán el acuerdo de Bullrich con Milei y el interbloque de JxC queda al borde de la ruptura », La Nación, 26 octobre de 2023 [consulté le 26 octobre 2023].
[33] Par exemple, en réponse à son adversaire libertaire, Sergio MASSA a déclaré qu’il préférait que les enfants aillent à l’école avec leur notebook dans leur sac à dos plutôt qu’avec une arme : Hugo PONCE, « Massa: « Quiero que los pibes vayan con su notebook en la mochila, no con un arma » », Informase Primero, 21 septembre 2023 [consulté le 21 octobre 2023].