Alors que le Liban vit les heures les plus tragiques de son histoire, les Libanais votaient dimanche pour renouveler le Parlement. Blasés par des années d’une corruption endémique, les libanais ont cette fois une option inédite pour sortir du cercle infernal d’une gouvernance aux mains de dynasties de profiteurs.
Un homme d’affaires, Omar Harfouch, s’est engagé dans la bataille et dans la lutte contre la corruption. Sorte d’OVNI dans un océan de compromission, de violences, d’influences étrangères et de financements obscurs, il s’est engagé sur sa fortune personnelle pour défendre un programme ambitieux de lutte contre la corruption, de laïcité, et sur un programme économique structuré.
Moqué, faisant l’objet des rumeurs les plus folles et des boules puantes les plus abjectes, il a même été visé par des attaques contre sa personne et des menaces contre son intégrité physique. Autant dire qu’il inquiète.
La victoire de sa liste sonnerait le glas des nababs qui ont saigné le Liban depuis des décennies et continuent en toute impunité à détourner l’aide internationale.
Il suffit de voir le gouffre de la reconstruction du port de Beyrouth après l’explosion du 4 août 2020, pour s’interroger sur la destination réelle de l’aide internationale et française en particulier.
Imaginez le tsunami provoqué par un candidat qui prône la transparence de la vie politique, le contrôle des conflits d’intérêts, les déclarations de patrimoine, qui refuse la corruption au quotidien de son pays, dont il est un ardent patriote.
Ce candidat présente un danger pour le système en place et catalyse toutes les oppositions. L’immaturité politique du Liban conduit à catalyser contre lui, toutes les violences y compris physiques et pourtant, c’est lui qui porte une véritable promesse démocratique.
Certes il n’est pas du sérail, il ne fait pas partie des générations, des dynasties qui ont conduit le Liban à sa ruine. Certes il a une vie, ou plutôt des vies, qui en font un être atypique, Trump pour les uns, Gadsby pour les autres… est-il moins qualifié pour autant pour servir son pays ? Je ne crois pas.
J’ai eu l’honneur de travailler à ses côtés sur la Troisième République qu’il veut instaurer, avec ses exigences de transparence, de droit des femmes et de laïcité, je l’ai accompagné à la Haute autorité de la transparence de la vie publique, lors de son rendez-vous avec son président, alors qu’il préparait son programme avec sérieux et méthode.
Vous l’avez compris, loin des rumeurs et des boules puantes, derriere l’image glamour et jet set, cette campagne a révélé un homme politique de premier plan, prêt à servir le Liban, et non pas à son profit personnel ni au profit de sa caste. Il faut espérer que les Tripolitains auront fait le bon choix dimanche dans le cadre d’une élection à la mode libanaise, loin des standards internationaux.
Il ne faut pas oublier qu’au Liban, certains trouvent naturel de payer les électeurs pour qu’ils votent pour eux, en les faisant soigneusement escorter jusqu’aux urnes. Cela ne révolte personne et le premier ministre a même récemment déclaré qu’il était normal que « les gens pauvres tirent un petit revenu le jour de l’élection ».
Omar Harfouch a refusé de rentrer dans cette spirale scandaleuse d’un autre âge, qui n’est que la manifestation du mépris des nantis en place pour le process démocratique et pour la population. Il ne payera pas les électeurs, comme beaucoup et comme moi, il attend que la morale, cette fois, triomphe au pays du Cèdre qui a tant apporté à l’humanité.
Nathalie Goulet
Sénateur de l’Orne