Depuis six ans, la France dispose de l’agence française anti-corruption dont la création était prévue dans la loi relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique.
Au niveau européen, dans le domaine politique, on a réglementé le travail des lobbyistes et plus de 12 000 organisations sont accréditées dans les bureaux de Bruxelles et Strasbourg. Mais certaines sont tentées de passer d’une volonté d’influencer à la tentation de corrompre. Des gouvernements peuvent aussi vouloir pratiquer ce système pervers.
L’emprisonnement d’une vice-présidente du Parlement européen vient de mettre en lumière des pratiques du Qatar qui avaient déjà été dénoncées lorsque ce jeune État avait obtenu l’organisation de l’actuelle coupe du monde de football.
Lors de l’affaire des piastres indochinoises, la Revue des deux mondes écrivit qu’il ne fallait pas trop compter sur le « triomphe salutaire de la morale » et énonça que « la moralité monétaire n’a sa source que dans la liberté ».
Avant qu’un des députés du Rassemblement du Peuple Français, le Lorrain Raymond Mondon, ne signe le rapport sur le trafic des piastres, André Malraux, délégué à la propagande du mouvement, rédigea un texte plus percutant dont Madeleine Malraux m’a confié naguère le manuscrit dont voici la fin : les scandales « ne sont pas nouveaux. On les trouve partout : dans les démocraties plus que dans les tyrannies parce que celles-ci les orientent et les règlent en famille. Mais les corrompus sont moins importants que les corrupteurs et ceux-ci moins que les causes et les conséquences de la corruption ».
Plus de 70 ans après que l’écrivain, ancien et futur ministre de Charles de Gaulle ait tracé ces mots, ils restent d’une brûlante actualité.
Charles-Louis Foulon
Co-directeur du Dictionnaire Malraux (CNRS éditions)
Auteur d’André Malraux, ministre de l’Irrationnel (éditions Gallimard)