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dans Société

Sur les ravages du politiquement correct en histoire de l’art : un ouvrage de Roger Kimball à relire à l’ère du « wokisme »

Matthieu CresonParMatthieu Creson
5 septembre 2022
The Rape of the Masters (New York, Encounter Books, 2005) de Roger Kimball

Matthieu Creson, chercheur associé à l’Institut libéral, nous invite à relire un livre important du critique d’art et éditorialiste américain Roger Kimball, ouvrage dont la teneur et les conclusions acquièrent une actualité nouvelle à l’ère du « wokisme ».

The Rape of the Masters (New York, Encounter Books, 2005) de Roger Kimball, le directeur de la publication du New Criterion – titre que l’on pourrait peut-être traduire en français par Le Saccage des maîtres – est un essai que toute personne intéressée par les arts et leur histoire, en tant que professionnel ou qu’amateur, devrait lire et méditer avec le plus grand sérieux et la plus grande sérénité, au vu des seuls faits recueillis et des seuls arguments avancés par l’auteur – et ce plus encore depuis l’émergence du courant « woke » ces dernières années, lequel n’a cessé de se répandre dans des pans de plus en plus larges de la société. Son ton résolument polémique et sardonique, la rapidité et la facilité apparentes avec lesquelles l’auteur arrive à ses conclusions ne doivent pas en effet conduire à réduire le livre à l’état de simple pamphlet, dénué de toute argumentation sérieuse. L’argument de fond de Kimball est que l’étude et l’enseignement de l’histoire de l’art, jadis essentiellement tournés vers la découverte et la transmission des connaissances historiques sur l’art, et vers l’accentuation de l’émotion esthétique, sont aujourd’hui la cible d’un nombre croissant d’attaques – notamment depuis l’avènement du « politiquement correct » il y a trente ou quarante ans, voire plus – émanant de commentateurs tendancieux, lesquels tendent à soumettre l’appréciation « objective » du réel à bien des distorsions d’ordre idéologique. Il en résulte ainsi que les vues esthétiques de ces commentateurs finissent malencontreusement par remplacer la connaissance de première main des artistes de la tradition, fondée sur le contact direct avec les œuvres.

Bref, l’art n’est plus toujours réellement étudié ni enseigné pour lui-même, mais se trouve plutôt être « (subordonné) à un projet politique, social ou philosophique en vogue » (p. 160).

Mais quel genre de projet ? Il ne s’agit pas ici d’un projet à visée philosophique, consistant, pour tel penseur, à puiser, dans l’interprétation d’une ou de plusieurs œuvres d’art, le matériel idéologique nécessaire pour étayer son propre système d’idées. (Dans L’Origine de l’œuvre d’art – ainsi que le rappelle Kimball lui-même dans l’un des chapitres du livre, « Deconcealing van Gogh » – le philosophe Heidegger était parti d’une analyse erronée d’une version des Souliers de Van Gogh, que Meyer Schapiro réfutera, preuves à l’appui, dans son essai intitulé The Still-life as a personal object – repris dans Style, artiste et société, Paris, Gallimard, 1982, pour la traduction française.) Par sa volonté de réfuter les spéculations abstraites sur l’art exprimées par les innombrables épigones « postmodernes » des Derrida, Foucault, Lacan et Adorno, Kimball mérite ainsi d’être rapproché d’un Meyer Shapiro, lorsque celui-ci s’en était pris aux fausses interprétations de l’art pour justifier certaines constructions théoriques plaquées sur le réel ; cela dit, le but de Kimball n’est pas tant de superposer un autre discours à la profusion déjà écrasante des commentaires, que de prôner le nécessaire retour au contact direct et sans prévention avec les œuvres.

En fait, le « saccage des maîtres » – pour reprendre le titre du livre -, ne provient pas seulement d’assaillants externes tels certains philosophes appartenant à la mouvance postmoderne, mais trouve également ses origines dans les cercles de l’histoire de l’art eux-mêmes. Les principales cibles des sarcasmes de Kimball, à savoir Michael Fried, David Lubin, Svetlana Alpers, Anna Chave, Albert Boime et Griselda Pollock, sont en effet toutes d’éminentes figures de ce que l’auteur appelle l’establishment académique de l’histoire de l’art, une coterie puissante qui a réussi à élever le credo du politiquement correct au rang de véritable axiomatique historiographique. « Ce sont eux », poursuit Kimball, « qui définissent les tendances, lancent les modes, façonnent l’étude de l’histoire de l’art » (p. 158).

La réception de toute étude portant sur les arts ne dépend donc plus de la seule justesse ou pertinence de son contenu, ni de la seule probité intellectuelle dont fait preuve son auteur, mais aussi de la capacité qu’ont les conclusions établies par ce dernier à s’inscrire dans le moule préfabriqué du politiquement correct.

Non seulement Kimball dresse dans son livre l’inventaire édifiant de ces assauts académiques lancés contre notre patrimoine artistique et culturel, mais il s’attache également à percer le mystère autour des raisons pour lesquelles certains des historiens et universitaires les plus vénérés aujourd’hui sont allés, pense-t-il, jusqu’à tourner littéralement le dos à l’art lui-même.

Dans cet ouvrage convaincant, solidement étayé par d’innombrables citations d’articles et de livres d’histoire de l’art, d’esthétique et de philosophie, Kimball dévoile peut-être pour nous le principal moteur de l’approche postmoderne de la recherche lorsqu’il écrit que « son objectif est de transformer l’art en un allié dans la campagne de dé-civilisation » (p. 11). Que faut-il entendre par là ? Au cœur même de nombreuses études plus ou moins récentes en sciences humaines semble bien résider une haine profonde des valeurs et de la culture occidentales, jugées consubstantiellement sexistes, matérialistes, impérialistes et oppressives à l’endroit des minorités. Dans son ouvrage Illiberal Education (New York, The Free Press, 1991), Dinesh D’Souza avait fourni un récit édifiant de la manière dont les réformes radicales et politiquement correctes introduites dans diverses universités américaines dans les années 1980 avait conduit au déclin substantiel, voire à l’élimination complète de l’étude des classiques, ceux-ci étant censés révéler par trop manifestement dans leur contenu la domination séculaire du « mâle blanc capitaliste » (« white patriarchal capitalist », Kimball, p. 86).

Si une poignée d’auteurs classiques ont réussi à échapper à cette censure idéologique, c’est parce qu’ils étaient censés avoir rompu avec les traditions culturelles de l’Occident, ou parce qu’ils auraient ouvert la voie à la « contre-culture » des années 1960.

De même, des artistes comme le « machiste » Courbet1, Sargent le « refoulé », ou encore Gauguin, jugé tout à la fois « sexiste », « raciste », « colonialiste » et « capitaliste »2, en vinrent à être rejetés comme carrément réactionnaires, tandis que d’autres comme Homer furent transformés rétrospectivement en apologistes de l’orthodoxie post-freudienne/post-marxiste/post-structuraliste.C’est pourquoi Kimball considère la publication de son ouvrage comme une sorte d’« opération de sauvetage » visant à « délivrer l’art de l’emprise de ceux qui cherchent à enrôler l’art dans une campagne politique débordant le champ artistique »3.

La thèse de Kimball pourrait être rejetée par ses détracteurs en partant du principe que l’accès à la pure objectivité n’est qu’une illusion et que la connaissance scientifique n’est rien d’autre qu’une « construction sociale » qui repose en dernier ressort sur des « paradigmes ». Il est toutefois permis de reconnaître dans de telles objections le refus typique des spéculateurs abstraits à mettre leurs théories forgées a priori à l’épreuve de la réalité pratique – ce qui est pourtant une des exigences méthodologiques fondamentales de toute activité scientifique -, de peur de voir le faux ou le creux de leurs constructions intellectuelles clairement exposé. L’ouvrage de Kimball nous rappelle ainsi que l’histoire de l’art doit rester une discipline au sein de laquelle les faits sont d’abord collectés et analysés pour ce qu’ils sont, avant d’être une matière où sont plaqués indûment sur le débat esthétique un ensemble de théories forgées a priori n’ayant souvent que peu de rapport avec l’œuvre elle-même.

Matthieu Creson
Enseignant, chercheur (en histoire de l’art), diplômé en lettres, en philosophie et en commerce

  1. Roger Kimball rappelle comment le critique et historien d’art Michael Fried, qui considère Courbet comme un « homme représentatif de son temps », c’est-à-dire comme un « machiste », voit néanmoins son art comme un art « structurellement féminin » (p. 43). Pour Fried, la peinture de Courbet élimine « la base de la distinction entre voir être vu, dont dépend l’opposition entre l’homme porteur du regard et la femme comme objet de ce même regard » (cité p. 43)… ↩
  2. Kimball souligne (p. 139) comment l’historienne de l’art Griselda Pollock en vient à considérer une œuvre de Gauguin, Manao tupapau (1892, Albright-Knox Art Gallery, Buffalo), comme « raciste ». Cette œuvre, parmi tant d’autres, traduirait le machisme sous-tendant selon elle une bonne partie de l’art occidental. Voici par exemple, comme le rappelle Kimball dans son livre, comment Griselda Pollock interprète l’un des chefs-d’œuvre de Manet, l’Olympia (1863) : il s’agit, nous dit-elle, d’ « une représentation des espaces de la masculinité bourgeoise où les corps des travailleuses sont achetés et vendus ». « La peinture », poursuit-elle, « renvoie à la marchandisation, à l’intrusion du capital dans les corps et les désirs ». (« A representation of the spaces of bourgeois masculinity where working women’s bodies are bought and sold… The painting signifies commodity, capital’s penetration of bodies and desires » – cité par Kimball, p. 139.) On sait que le nu représenté par Manet dans l’Olympia choqua alors le public et la critique car il y avait représenté non pas une Vénus mais une prostituée. Outre l’utilisation par Griselda Pollock du verbiage à la mode dans les milieux académiques en sciences humaines (les « espaces de la masculinité bourgeoise »…), on remarquera qu’elle assimile ici clairement « prostitution » et « patriarcat » avec « capitalisme ». Je ferai ici une objection à Griselda Pollock en citant ce passage tiré de l’ouvrage de Ludwig von Mises, Le Socialisme (Médicis, 1938, p. 210) : « C’est la conscience morale, écrit-il, qui accompagne le capitalisme qui fait de la prostitution, parce que choquante pour l’égalité entre les hommes et les femmes, un problème ». L’interprétation donnée par Griselda Pollock du tableau de Manet, non seulement découle de sa vision idéologique d’une grande partie de l’art occidental, mais se double en outre de préjugés entourant la notion même de capitalisme. ↩
  3. « It aims to rescue art from the clutches of those who seek to enlist art in some extra-artistic political campaign ». (Interview de Roger Kimball par Jamie Glazov pour frontepagemag.com, 16 décembre 2004, https://historynewsnetwork.org/article/9121.). ↩
Matthieu Creson

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