Nous célébrons cette année les 80 ans de la Sécurité sociale. Ce n’est pas un simple anniversaire : c’est la mémoire d’un consensus politique, né dans l’après-guerre, sous l’impulsion de femmes et d’hommes de gauche, qui ont hissé la solidarité au premier rang des piliers de notre République.
La Sécurité sociale, c’est ce qui incarne le mieux notre modèle social. Un modèle fondé sur l’égalité des droits, la protection de tous, sans distinction de revenus. Elle est, avec l’école, ce qui tient encore debout dans un pays que l’on dit souvent fracturé. Elle est le ciment invisible de notre pacte social.
Et pourtant, à l’heure où le monde bascule — réélection de Trump aux États-Unis, affirmation des empires autoritaires, dérèglement climatique, montée des tensions géopolitiques, et ici, instabilité politique depuis la dissolution de l’Assemblée nationale ainsi qu’une dette publique de plus en plus préoccupante — certains proposent de moduler les remboursements de soins en fonction des revenus.
Il ne s’agit pas là d’une mesure technique mais d’une rupture. Une remise en cause frontale et inacceptable du principe d’universalité. Une attaque contre le cœur de notre République sociale. Ce serait le début d’un système à deux vitesses, le glissement lent mais sûr vers une santé payante, et donc inégalitaire.
Nous ne devons pas nous y résoudre.
Oui, la situation économique est difficile. Mais le concours Lépine des idées dangereuses n’est pas une solution. Si nous cherchons de l’argent, qu’on aille le trouver là où il est :
– dans l’évasion fiscale,
– dans les cadeaux faits aux plus grandes entreprises,
– dans les baisses de cotisations massives,
– dans l’inaction face aux GAFAM.
Ce que nous devons défendre, au contraire, c’est l’universalité des droits. Ce qui fait encore de la France un pays où l’on ne meurt pas parce qu’on est pauvre. Ce qui fait qu’un enfant, un ouvrier, un étudiant, une retraitée ont droit aux mêmes soins.
La gauche républicaine et démocratique doit tenir ce front et porter ce combat . Celui de la dignité. Celui de la République sociale. Celui d’une France qui soigne sans compter, parce qu’elle considère que la santé n’a pas de prix.
Baptiste Ménard
Membre du Bureau National du PS
Adjoint au Maire de Mons-en-Baroeul
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