Jeudi 4 avril, « L’Emission politique », diffusée sur France 2, réunissait les douze têtes de liste des européennes. Un exercice cathodique complexe et bruyant. Décryptage par Mathilde Aubinaud, spécialiste en communication, créatrice du blog « la saga des audacieux ».
Un jour, j’irai en Europe avec toi
Un baptême de feu. Pour plusieurs têtes de liste, ce débat est un moment-clé : occasion de se faire connaitre des Français loin des réunions publiques confidentielles entre militants. Se faire un nom, pour Jordan Bardella, lorsque l’on ne s’appelle pas Le Pen, quand on est candidat du RN. Après un Grand débat étiré et usant, il s’agissait alors de positionner dans l’agenda un autre échange s’inscrivant dans le cadre des prochaines échéances : les européennes loin des discours technos trop souvent associés à l’imaginaire de l’Europe.
Dès les premières minutes de l’émission, les candidats ont eu l’opportunité de raconter leur Europe.
Occasion pour certains de renouveler leur image ou de donner une vision de l’Europe plus complexe que celle portée par les partis jusqu’alors.
Si les images des menottes tenues de François Asselineau ont prêté à sourire sur les réseaux sociaux, ce sont des entrées en matière intéressantes portées par les candidats. D’Homère mis en exergue par François-Xavier Bellamy au piment d’espelette de Nathalie Loiseau en passant par les pans du mur de Berlin choisis par deux candidats, les douze têtes de liste dévoilent la manière dont ils envisagent l’Union européenne.
La télévision : grande gagnante ?
La magie du petit écran sait faire parler d’elle. On se souvient des débats sur la présence de tel ou tel candidat.
Encore une fois, le débat a eu une dimension cathodique tout en s’inscrivant pleinement dans le second écran.
Formidable opportunité de se faire identifier loin des sphères politisées habituelles. Le rythme a été pensé pour la télévision. Les réponses sont scandées rapidement tout comme les invectives. Exercice crucial dans la carrière de plusieurs qui souhaitent faire un retour sur la scène politique.
Et la politesse ?
On repassera pour la cordialité et l’écoute de façade lors de « l’Emission politique ». La parole s’interrompt grossièrement. Nathalie Loiseau, par exemple, a subi les interruptions des autres candidats.
L’enjeu est bien celui d’être audible et de se détacher sur le fond.
A coup de phrases lapidaires, pas évident. Les propos parfois cinglants sont tenus par les têtes de liste qui se positionnent comme des protagonistes. Par principe, ils vont au combat. L’émission, qui arrive en 4è place des audiences, est celle du chahut en toile de fond. Dommage, l’Europe mérite mieux.
Mathilde Aubineau
Spécialiste en communication
Créatrice du blog « la saga des audacieux »