En ce dimanche 19 novembre, se tenait le second tour de l’élection présidentielle en Argentine pour départager les deux candidats qualifiés au premier tour du 22 octobre[1]. Entre le ministre de l’Economie sortant de centre droit rallié à la gauche, arrivé en tête au premier tour, Sergio Massa, et son rival, un économiste populiste libertarien, député depuis 2021, Javier Milei, le peuple argentin a choisi nettement ce dernier en lui accordant 55,70 % des voix[2].
Javier Milei est un personnage haut en couleurs qui s’est surnommé lui-même le « lion » en référence à sa dense et hirsute chevelure[3]. Les médias le surnomment « le fou » (« el loco ») ou le « Trump de la Pampa », en référence à son comportement populiste, excentrique et agressif[4].
Le succès de Javier Milei n’est pas tant une surprise que son ampleur. Tout au long de l’entre-deux tours, et en particulier les derniers jours de campagne, les enquêtes d’opinion prédisaient un résultat serré, avec un léger avantage pour le lion. Finalement, avec plus de 11 points d’avance sur son adversaire, il s’agit du score le plus élevé depuis le retour de la démocratie en 1983[5].
Cependant, au terme d’une campagne très tendue et de résultats qui semblent sonner la fin du kirchnérisme, la victoire éclatante de Javier Milei va-t-elle vraiment lui permettre de gouverner alors qu’il ne dispose pas de majorité au Parlement ?
Une rude campagne d’entre deux tours
Les Argentins avaient le choix entre deux profils et deux programmes radicalement opposés. D’un côté, Sergio Massa représentait le candidat des compromis, le candidat du sérail, un homme politique de centre droit ayant rejoint la gauche péroniste de gouvernement en 2019, un candidat qui voulait baisser les impôts (notamment sur le revenu) pour relancer la consommation et donc l’économie afin de remplir les caisses de l’Etat, relancer les politiques sociales et rembourser le prêt de 44 milliards accordé par la FMI sous la mandature de Mauricio Macri (2015-2019) : un candidat libéral modéré sur le plan économique et progressiste sur le plan sociétal. De l’autre côté, Javier Milei apparaissait comme le candidat de la colère, antisystème, « anarcho-capitaliste » comme il aime à se qualifier, avec la volonté de s’affranchir de toutes les règles, de faire voler en éclats la « caste » politique, d’écrire une nouvelle page de l’histoire de l’Argentine dans laquelle l’Etat serait réduit à sa portion congrue : un candidat ultralibéral sur les questions économiques et ultraconservateur sur les questions sociétales[6].
Au cours du mois qui a séparé le premier tour du second, Sergio Massa a pris conseil auprès des équipes du Brésilien Lula élu l’an dernier et a développé une double stratégie électorale : d’une part, il s’est posé en rassembleur, promettant un gouvernement d’union nationale et la conservation des services publics tels que l’Education et la Santé ; d’autre part, il a joué sur la peur du voyage dans l’inconnu d’un programme trop radical et irréaliste, une tactique « directement empruntée à la campagne électorale du président brésilien Lula contre Jair Bolsonaro », espérant notamment la mobilisation du vote féminin et de celui des minorités en réaction aux promesses très conservatrices de son concurrent. Javier Milei, quant à lui, a asséné le même et unique message : Sergio Massa est responsable, avec le gouvernement péroniste auquel il appartient, de la plus grande crise économique de l’histoire de l’Argentine ; si les Argentins ont trop souvent des emplois précaires ou pas d’emploi du tout, si 40 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté, si 45 % d’entre eux travaillent dans le secteur informel, si l’hyperinflation de 143 % sur une année a siphonné leur épargne, en somme si le pays est plongé dans le chaos, la faute en revient au ministre de l’Economie en titre[7].
Comme à chaque échéance présidentielle, le débat d’entre-deux tours a été le point d’orgue de la campagne électorale[8]. Connaissant le comportement erratique, colérique et grossier de Javier Milei, Sergio Massa s’est montré résolument offensif dès le début du débat télévisé du 12 novembre à la faculté de droit de l’université de Buenos Aires[9]. Après de multiples échanges d’invectives, le ministre sortant s’est même interrogé explicitement sur l’équilibre mental de son adversaire, un sujet abordé d’ailleurs dans plusieurs émissions de télévision qui ont proposé une approche psychiatrique du personnage de Javier Milei[10]. Les observateurs et journalistes ont considéré que ce dernier avait gagné le débat aux points, mais que le vote restait ouvert. Les sondages ont continué à prédire une victoire serrée de Javier Milei.
Le rejet du péronisme plus fort que la peur de l’inconnu
Vue de France, la victoire de Javier Milei peut être difficile à comprendre dans la mesure où les excès de ce candidat auraient pu provoquer un sursaut citoyen : même lorsque l’on s’oppose aux idées de la gauche argentine, comment est-il envisageable de voter pour quelqu’un qui prône la légalisation de la vente d’organes et la suppression du droit à l’avortement ou encore qui nie le réchauffement climatique et l’ampleur des crimes de la dictature ?
L’une des causes notables de la défaite de Sergio Massa, avancée par les observateurs de la vie politique argentine, « est la lassitude sociale avec un exercice d’appropriation de la supériorité politico-morale du kirchnérisme, traduit cette fois par la captation de la notion de démocratie »[11].
Si les électeurs de la droite traditionnelle, représentée par l’ancien Président Mauricio Macri (2015-2019) et la candidate malheureuse du premier tour Patricia Bullrich, ont soutenu majoritairement l’excessif Javier Milei au second tour, ce n’est pas par adhésion à un programme politique disruptif, mais bien par rejet du péronisme et du kirchnérisme dont Sergio Massa était devenu le représentant.
En effet, en Argentine, la social-démocratie, ou gauche modérée, est « phagocytée par le péronisme attrape-tout » depuis des décennies[12]. Comme l’écrivait très justement Pierre Ostiguy, ancien professeur de science politique à l’université catholique de Córdoba (Argentine), « le péronisme constitue pourtant depuis plus d’un demi-siècle le prototype même du mouvement populiste en Amérique latine [52], avec son faible niveau d’institutionnalisation [53], son fort ancrage social, son mode d’organisation particulièrement informel, sa personnalisation et une appartenance identitaire forte »[13]. Les politologues spécialistes de l’Amérique latine définissent parfois même le populisme à partir du péronisme[14] : le péronisme est un populisme particulier parce qu’il s’institutionnalise selon le professeur d’Harvard Steven Levitsky[15], autrement dit c’est le résultat d’une « alliance entre un groupe politique et l’Etat » qui conduit à « la colonisation de l’Etat » par un mouvement politique selon Denis Merlklens, le directeur de l’Institut des hautes études d’Amérique latine[16].
Il ne faut donc pas sous-estimer la lassitude des Argentins, souvent excédés, avec un sentiment d’impuissance face à des crises économiques qui s’enchaînent et des représentants politiques perçus comme incapables ou corrompus.
Les alternances entre la droite et la gauche n’ayant pas réussi à relancer l’économie et à stopper la dégradation financière des foyer argentins, les citoyens ont choisi le « dégagisme » selon un terme usité en France : la droite au premier tour, la gauche péroniste au second tour. La victoire de Javier Milei est bien autant le résultat d’un vote d’adhésion d’une partie de l’électorat que la conséquence d’un vote de rejet de la classe politique par une autre partie de l’électorat, et plus particulièrement de la gauche péroniste. Il s’agit d’ « un vote de révolte des habitants en faillite, d’un pays en faillite » pour choisir « une formule politique non testée », mais reste « une aventure à haut risque »[17].
Et maintenant, comment gouverner ?
Dès l’annonce de son élection, Javier Milei a été félicité par les chefs d’Etats des pays voisins, dont Lula bien que le chantre de l’ultralibéralisme argentin ait déclaré au cours de sa campagne qu’il refuserait de le rencontrer en cas d’élection[18]. Donald Trump et Jair Bolsonaro ont également exprimé leur joie. Seul le président colombien, Gustavo Petro, a exprimé son amertume avant de transmettre ses félicitations républicaines à son futur homologue qui sera investi à Buenos Aires le 10 décembre prochain[19].
Lors de son premier discours de victoire dimanche soir, Javier Milei a adopté une attitude assez sobre, loin de ses frasques habituelles. Endossant peut-être déjà un costume présidentiel qui nécessite un peu plus de discipline individuelle, il a souligné le caractère historique du moment et rappelé sa volonté de transformation du pays sans perdre de temps : « Les changements dont le pays a besoin sont drastiques » et donc « il n’y a pas de place pour le progressif, pour la tiédeur, pour les demi-mesures. »[20]
Toutefois, comment le nouveau Président de la Nation argentine – autrement dit le candidat antisystème, libertarien et anarcho-capitaliste – va-t-il pouvoir mettre en œuvre ses réformes à la tête d’un Etat dont il critique l’hypertrophie, et même la finalité ? Comment va-t-il agir dans le cadre formel des institutions et notamment de la Constitution[21] ?
Il ne pourra pas se dispenser de respecter l’organisation de l’Etat fédéral et la séparation des pouvoirs constitutionnels, ni ignorer l’Etat de droit et les droits fondamentaux des Argentins.
Ainsi, pour gouverner pleinement, Javier Milei devra arriver à faire voter des lois et devra donc constituer une majorité parlementaire. Au Congrès, il ne dispose actuellement, avec son parti « La liberté avance », que de 38 députés sur un total de 257 et de 8 sénateurs sur 72. En théorie, avec les 93 sièges de la coalition de droite « Ensemble pour le changement », le nouveau Président pourrait constituer une majorité relative à la Chambre des députés, la coalition de gauche « Union pour la Patrie » ne détenant que 108 sièges. Mais, cette dernière va conserver la présidence du Sénat avec ses 35 sièges sur 72 : l’union potentielle de « La liberté avance » et de « Ensemble pour le changement » arrivant péniblement à 32 sénateurs[22].
Or, ces calculs théoriques pour construire une majorité se heurtent à une double réalité. D’une part, Javier Milei fait face à des défections dans son propre parti : une sénatrice et trois députés parmi les plus radicaux ont annoncé quitter « La liberté avance » lorsqu’un accord entre les deux tours a été conclu avec la formation de Mauricio Macri, tandis que plusieurs personnalités de premier plan de la coalition de droite (les radicaux essentiellement) ont refusé de soutenir au second tour le candidat ultralibéral et ultraconservateur[23]. D’autre part, le président libertaire est connu pour son comportement agressif et colérique alors que les relations avec les parlementaires nécessitent beaucoup de patience et de diplomatie pour réunir des majorités. En d’autres termes, Javier Milei va devoir négocier avec une partie de la « caste » politique qu’il honnit et qu’il a tant insultée.
En l’absence de majorité, le nouveau Président argentin pourrait néanmoins gouverner partiellement en mobilisant la plénitude du pouvoir exécutif et en passant certaines réformes par décret.
Premièrement, le Président argentin est maître de la conduite de la politique étrangère : il a d’ailleurs annoncé, dès le lendemain de son élection, que l’Argentine ne rejoindra pas le groupe des BRICS au 1er janvier 2024, contrairement à l’engagement qu’avait pris son prédécesseur lors du sommet de Johannesburg des 22-24 août derniers[24]. Deuxièmement, le Président, « dans le cadre de ses pouvoirs », peut convoquer un plébiscite, c’est-à-dire « une consultation populaire non contraignante » (Constitution, article 40)[25]. Troisièmement et surtout, en tant que chef de l’Etat, il est libre de choisir le nombre et le périmètre de ses ministères ; par décret, il peut redéfinir les contours de l’administration fédérale et éventuellement supprimer des agences gouvernementales qui régulent ou contrôlent certains secteurs de la vie économique et sociale[26]. Cependant, en application du principe de séparation des pouvoirs, le pouvoir exécutif « ne peut en aucun cas, sous peine de nullité absolue et irréparable, édicter des dispositions à caractère législatif » (Constitution, article 40, 3°, al. 2) ; lorsque des circonstances exceptionnelles rendent impossible le respect des procédures parlementaires ordinaires, il existe bien un mécanisme extraordinaire qui permet au Président de la République de prendre des décrets dans le domaine législatif[27] ; mais, cette faculté nécessite un accord parlementaire via le filtre de la Commission bicamérale permanente, puis un vote dans chaque chambre du Congrès (Constitution, article 40, 3°, al. 3 et 4)[28].
Sans majorité parlementaire, la mise en place du programme législatif de Javier Milei resterait donc très limitée : l’initiative des lois qu’il partage avec le Parlement (Constitution, article 77) aurait peu de sens ; son influence sur les affaires du pays serait réduite à un pouvoir de nuisance grâce au droit de veto (Constitution, articles 78, 80 et 83)[29]. Et surtout, sans majorité, quid du vote du budget pour démarrer son mandat ?[30]
En revanche, en cas de majorité liée à un accord avec « Ensemble pour le changement » de Mauricio Macri et Patricia Bullrich, un certain nombre de projets de lois pourraient trouver une issue favorable. La question est de savoir jusqu’à quel point la droite classique de gouvernement serait prête à aller. S’il paraît probable que celle-ci acceptera de voter des projets de loi libéraux visant à privatiser les entreprises publiques (compagnie pétrolière nationale, audiovisuel public, compagnie aérienne fédérale), qu’en sera-t-il de textes très conservateurs tendant, par exemple, à autoriser la vente d’organes humains, à supprimer la loi sur l’IVG votée en 2020 ou encore à privatiser l’ensemble du secteur de la santé ?
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L’arrivée au pouvoir d’un personnage aussi atypique que Javier Milei apparaît comme une « leçon universelle » : elle est la conséquence de « la fatigue d’électeurs déçus qui n’hésitent pas à céder aux sirènes d’une rupture périlleuse plutôt que de rester dans l’échec »[31].
Pour le nouveau Président argentin inexpérimenté, l’épreuve du pouvoir va sans doute se révéler pénible car il va confronter sa doctrine ultralibérale à la réalité de la gouvernance d’un pays et il ne va pas pouvoir tenir toutes ses promesses : d’un côté, il va nouer inévitablement des alliances politiques, et par conséquent faire des compromis, avec une partie de la « caste » politique qu’il a tant critiquée, au risque de se décrédibiliser[32] ; d’un autre côté, il va mettre en place un certain nombre de mesures dont les effets vont s’avérer probablement impopulaires[33] et pourront conduire à des mouvements sociaux de grande ampleur avec des citoyens excédés par la dégradation continue de leurs conditions de vie. Il faudra suivre attentivement les premiers mois du mandat de Javier Milei afin d’observer si sa radicalité va réellement se traduire par des réformes profondes ou si elle va se heurter au poids des institutions, des procédures et de la réalité socio-économique du pays.
David Biroste
Docteur en droit et Vice-président de l’association France-Amérique latine, LATFRAN (www.latfran.org)
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[1] David BIROSTE, « Les élections générales de 2023 en Argentine : entre résignation, populisme et sursaut », Revue politique et parlementaire, 27 octobre 2023 [consulté le 18 novembre 2023].
[2] Javier Milei est arrivé en tête dans 21 des 24 provinces du pays et a dépassé les 60% de suffrages dans 7 d’entre elles. Sergio Massa ne recueille que 44,30% des suffrages alors qu’il avait emporté le premier tour avec 7 points d’avance.
[3] Il débute la plupart de ses réunions publiques sur fond de musique hard-rock en scandant : « ¡Hola Todos, Yo, Soy El León! » (« Salut à tous, moi, je suis le lion ! »).
[4] Une biographie consacrée à Javier Milei est parue cet été sous le titre El loco: La vida desconocida de Javier Milei y su irrupción en la política argentina (de Juan Luis GonzÁlez, éd. Planeta Argentina, 2023).
[5] Federico RIVAS MOLINA, « Milei acusa a la Gendarmería de orquestar un « fraude colosal » en su contra durante la primera vuelta », El País, 16 novembre 2023 : une anecdote révélatrice de sa personnalité porte sur le fait que Javier Milei, dans la droite ligne de Donald Trump en 2020 et Jair Bolsonaro en 2021, s’est plaint dans les médias pendant des semaines de fraudes électorales destinées à le faire perdre, sans jamais apporter la moindre preuve ; et son parti politique (La libertad avanza) a déclaré, le soir de la victoire, que finalement le second tour s’était déroulé dans la plus grande transparence.
[6] Olivier POUJADE, « Argentine : un candidat de droite populiste favori de l’élection présidentielle », France Info, 19 octobre 2023 [consulté le 18 novembre 2023] ; Martina JAUREGUY, « Why vote for Massa or Milei? Supporters of each candidate weigh in », Buenos Aires Herald, 16 novembre 2023 [consulté le 18 novembre 2023] ; Gallagher FENWICK, « Présidentielle en Argentine, le spectre du populsme », France Inter, 18 novembre 2023 [consulté le 18 novembre 2023].
[7] Anne CORPET, « Présidentielle en Argentine : saut dans le vide ou continuité ? », RFI, 15 novembre 2023 [consulté le 18 novembre 2023] ; Achim LIPPOLD, « Le ministre de l’Économie Massa ou l’ultralibéral Milei: les Argentins à l’heure du choix », RFI, 19 novembre 2023 [consulté le 18 novembre 2023].
[8] Conformément au code électoral, un débat est obligatoirement programmé avant chaque tour de scrutin par la Chambre nationale électorale, c’est-à-dire l’autorité administrative indépendante chargée d’organiser le scrutin. En cas de refus d’un candidat, celui-ci est privé d’espace publicitaire dans les médias audiovisuels et sur les panneaux électoraux (Code électoral, articles 64 quinquies et 64 sexties).
[9] Débat visionnable sur le site internet de la CNE, ainsi que sa retranscription écrite : https://debate.electoral.gob.ar/2023/uba2.php [consulté le 18 novembre 2023].
[10] Jean-Mathieu PERNIN, « Javier Milei : « el loco » aux portes du pouvoir en Argentine », ARTE (Journal 28 minutes), 18 novembre 2023 [consulté le 19 novembre 2023].
[11] Luciana VÁZQUEZ, « Milei, el kirchnerismo y el riesgo de la fatal arrogancia », La Nación, 21 novembre 2023 [consulté le 21 novembre 2023] ; voir aussi Maristella SVAMPA, « Le kirchnérisme : populisme de haute intensité et péronisme de classe moyenne », Recherches internationales, avril-juin 2016, n° 107, p. 83. On notera enfin la condamnation récente de l’es-Présidente et Vice-présidente en titre, Christine de Kirchner : Mathilde GUILLAULE, « Argentine : la vice-présidente Cristina Kirchner condamnée à six ans de prison », Libération, 6 décembre 2022.
[12] Paulo A. PARANAGUA, « En Argentine, la défaite historique du péronisme », Le Monde, 23 novembre 2015 [consulté le 18 novembre 2023].
[13] Pierre OSTIGUY Pierre, « Gauches péroniste et non péroniste dans le système de partis argentin », Revue internationale de politique comparée, 2005/3 (Vol. 12), p. 299 [consulté le 18 novembre 2023].
[14] Kurt WEYLAND, « Clarifying a Contested Concept: Populism in the Study of Latin American Politics », Comparative Politics, 2001, vol. 34, p. 7 [consulté le 18 novembre 2023] ; Michael L. CONNIFF, « Introduction », in Michael L. CONNIFF (dir.), Populism in Latin America, Tuscaloosa : University of Alabama Press, 2nd éd., 2012, p. 23.
[15] Steven LEVITSKY, « Institutionalization and Peronism: The Concept, the Case and the Case for Unpacking the Concept », Party Politics, 1998, vol. 4, p. 77 [consulté le 18 novembre 2023].
[16] Natalie AMAR, « Présidentielle en Argentine: « Milei a su canaliser la colère des Argentins vis-à-vis de la classe politique » », RFI, 20 novembre 2023 [consulté le 20 novembre 2023].
[17] Pierre HASKI, « La victoire du libertarien Milei en Argentine : une révolte électorale risquée », France Inter, 21 novembre 2023 [consulté le 21 novembre 2023].
[18] Sur le réseau social sur X (ex-Twitter). Luis Lacalle Pou, Président de l’Uruguay : « Je salue le Président élu @JMilei. Nous avons beaucoup à travailler ensemble et à améliorer nos relations bilatérales » ; Gabriel Boric, Président du Chili : « Je salue Javier Milei pour son triomphe et Sergio Massa pour sa digne reconnaissance de la défaite » ; Santiago Peña, Président du Paraguay : « Je félicite @JMilei pour sa victoire et j’offre la main cordiale et fraternelle du Paraguay pour renforcer les relations entre nos pays » ; Luis Arce, Président de la Bolivie : « Nous souhaitons prospérité au peuple frère argentin et succès à son président élu, Javier Milei » ; Lula da Silva : « Je souhaite au nouveau gouvernement bonne chance et succès. L’Argentine est un grand pays et mérite tout notre respect. Le Brésil sera toujours disponible pour travailler avec nos frères argentins » [messages consultés le 20 novembre 2023].
[19] Gustavo Petro, Président de la Colombie, n’a pas caché sa déception sur X (ex-Twitter) : « L’extrême droite en Argentine a gagné ; c’est la décision de sa société. Triste pour l’Amérique latine ». Puis, il a tout de même félicité Javier Milei du bout des lèvres : « Les relations de la Colombie et de l’Argentine, les liens entre ses peuples, seront maintenus dans le respect mutuel. Je félicite Milei » [consulté le 20 novembre 2023]. Seul Nicolas Maduro, le Président du Venezuela, a attaqué violemment le nouveau Président argentin élu en le traitant de néonazi : Daniel LOZANO, « Nicolás Maduro arremete contra Javier Milei: « En Argentina ganó la extrema derecha neonazi, que pretende recolonizar América Latina » », El Mundo, 21 novembre 2023 [consulté le 21 novembre 2023].
[20] Valen IRICIBAR, « Javier Milei: « There is no room for gradualism » », Buenos Aires Herald, 19 novembre 2023 [consulté le 20 novembre 2023].. Après avoir remercié ses concitoyens, il a déclaré : « Aujourd’hui, commence la reconstruction de l’Argentine. […] Aujourd’hui, débute la fin de la décadence du pays » ; et il a évidemment terminé son allocution, dans un sourire entendu, avec son expression favorite : « La liberté, bordel ! » (« ¡La libertad, cajaro! »).
[21] Texte de la Constitution disponible sur le site du Parlement argentin : https://www.congreso.gob.ar/constitucionNacional.php [consulté le 18 novembre 2023].
[22] Par ailleurs, Javier Milei ne bénéficie d’aucun relai parmi les gouverneurs des provinces et les maires des grandes villes, ce qui constitue un handicap certain dans un système fédéral pour relayer les mesures nationales au niveau local.
[23] Javier Milei ne pourra donc pas compter la totalité des 93 sièges de la coalition « Ensemble pour, le changement ».
[24] Cecilia DEGL’INNOCENTI, « BRICS, alignment with the United States and Malvinas – keys to Javier Milei’s foreign policy », Buenos Aires Times, 21 novembre 2023 [consulté le 21 novembre 2023]. Par ailleurs, si Javier Milei souhaite rompre les relations avec le Brésil et la Chine, il le pourra juridiquement et politiquement. Mais, il risque d’en payer le prix économique s’agissant des deux pays qui investissent le plus en Argentine.
[25] Pour être contraignant, c’est-à-dire pour avoir force de loi, un référendum (ou plébiscite) doit être organisé par une loi spécifique du Congrès.
[26] On se souvient que Jair Bolsonaro, au cours de son mandat présidentiel, est intervenu à plusieurs reprises par décret dans les domaines de l’économie et de l’environnement, par exemple pour favoriser l’exploitation aurifère, pour développer l’orpaillage ou encore pour démanteler des services publics de protection de la nature : Bruno MEYERFELD et Anne VIGNA, « Environnement : le grand saccage des années Bolsonaro au Brésil », Le Monde, 30 septembre 2022 [consulté le 18 novembre 2023].
[27] Sauf dans les matières pénales, fiscales, électorales ou sur le régime des partis politiques (Constitution, article 40, 3°, al. 3).
[28] Le président est aussi co-compétent avec le Parlement pour nommer les juges de la Cour suprême (avec l’accord des deux tiers des membres présents du Sénat : Constitution, article 40, 4°) et pour déclarer la guerre (avec l’autorisation du Congrès : Constitution, article 40, 15°).
[29] Le veto présidentiel est un mécanisme constitutionnel qui permet au pouvoir exécutif de s’opposer, avant sa promulgation, à une loi votée. Le refus motivé du Président renvoie alors le projet de loi devant le Congrès, en l’occurrence l’assemblée qui l’a examiné en premier ressort (Constitution, article 83) : ce veto peut cependant être surmonté si les deux chambres parlementaires approuvent à nouveau le projet de loi, mais cette fois à la majorité qualifiée des deux tiers des voix ; dans ce cas, la loi votée revient devant le Président de la Nation qui doit la promulguer. A noter que le Président ne peut pas opposer son veto à une loi qui soumet un projet à référendum (Constitution, article 40).
[30] Ignacio MIRI, « Los seis problemas urgentes que tiene que enfrentar Javier Milei antes de asumir », Clarín, 20 novembre 2023 [consulté le 21 novembre 2023] : le budget pour 2024 n’a pas encore été voté ; en effet, le candidat ultralibéral avait demandé au ministre de l’Economie, qui avait accepté la proposition, de laisser au futur locataire de la Casa rosada (le palais présidentiel) le soin d’élaborer son propre budget. Javier Milei doit donc désormais trouver rapidement une majorité pour voter le budget et ne pas bloquer le fonctionnement de l’Etat.
[31] Pierre HASKI, « La victoire du libertarien Milei en Argentine : une révolte électorale risquée », préc.
[32] Un accord devra être trouvé rapidement avec le FMI pour commencer à rembourser le prêt de 44 milliards de dollars accordé en 2018 : Ignacio MIRI, « Los seis problemas urgentes que tiene que enfrentar Javier Milei antes de asumir », préc.
[33] Dollarisation de la monnaie au prix d’une réduction de la valeur de l’épargne des Argentins, coupes budgétaires à hauteur de 15 points de PIB en priorité dans les dépenses sociales, libéralisation des prix bloqués jusqu’alors pour limiter l’inflation (les carburants, les tarifs des services publics, les prix des transports).