La Grèce fait partie des pays d’Europe qui sont le moins touchés par le COVID-19. Très tôt le gouvernement a pris des mesures drastiques. Vassia Loukou, traductrice revient sur la situation en Grèce.
« Gardons notre sang froid !».
C’est par ces mots simples que le premier cas confirmé de COVID-19 a été annoncé, le 26 février 2020, par le Dr. Sotiris Tsiodras, spécialiste des maladies infectieuses, chargé de la gestion de la crise du SARS-CoV-2, en Grèce.
Presque deux mois plus tard – le 20 avril 2020 –, la Grèce se situe désormais, avec 2 245 cas confirmés, 116 morts, 61 patients intubés, 53 290 tests, au 56e rang, dans le « paysage mondial » de la course dyspnéique contre le COVID-19, et voit sa courbe infléchir vers le bas, jour après jour.
Quant à l’âge moyen des personnes décédées, il est de 74 ans, et 90 % d’entre elles présentent, à ce jour, une maladie sous-jacente.
Dès le lendemain du premier cas ayant succombé au virus, les mesures de confinement ont été annoncées par le gouvernement du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. Celles-ci ont été suivies et respectées avec un civisme et une discipline autant individuels que collectifs par la grande majorité des citoyens grecs.
En février dernier, 565 lits étaient disponibles dans les unités de soins intensifs, dans tout le pays. Le 31 mars dernier, on en comptait 870. Ils ont augmenté pendant des dix premiers jours d’avril pour atteindre le nombre de 950 unités. Plus de 250 de ces unités sont exclusivement destinées aux patients atteints du Coronavirus. Notons aussi que l’objectif du ministère de la Santé est d’accroître le nombre de ces lits des soins intensifs à 400 pour les malades du virus, dans les tous prochains jours.
Des installations de vidéoconférence existent dans grand nombre des hôpitaux grecs, afin de permettre aux malades de parler avec un psychologue. Personne ne nie le fait qu’il s’agit d’un combat, d’un travail de groupe. Tous les maillons de la chaîne sont soudés, nécessaires et essentiels : du médecin à l’infirmière, en passant par l’ambulancier et le personnel chargé de la propreté. Aucune « victoire » n’est individuelle ou personnelle. Elles sont toutes collectives et partagées.
La Grèce peut ainsi se féliciter de sa gestion de la pandémie.
Non seulement des vies sont sauvées, mais le pays est en droit de se flatter de voir sa crédibilité gagner du terrain, après dix ans de crise économique et humanitaire sans précédent, à l’ère du numérique et du progrès.
Pourtant, les défis du jour « d’après » apparaissent déjà dans tout leur éclat, et leur imposante dimension. Ils seront si considérables, voire cyclopéens, qu’un exploit national sera nécessaire et pressant, pour assurer la stabilité, et voir la reprise économique, une économie se situant aujourd’hui à un niveau encore plus bas. Une économie qui ploie déjà sous le poids d’une dette encore plus lourde.
Le Lundi Saint, 13 avril, le premier patient était enfin « sevré » de l’appareil respiratoire qui le maintenait en vie. Il quittait enfin l’unité des soins intensifs de l’hôpital Thriasio, situé à 20 kilomètres d’Athènes, dans la ville historique et mythologique d’Eleusis.
Derrière leurs masques sanitaires, médecins, aides-soignants et personnel de l’hôpital souriaient pour la première fois depuis de longues semaines.
Le peuple hellène n’a jamais été aussi uni. Pour la liturgie de Pâques, le Samedi Saint, à minuit, Grecques et Grecs étaient à leurs balcons, un cierge allumé pour célébrer la résurrection du Christ.
D’un côté, peur et angoisse, et de l’autre, la résurgence inébranlable de l’espérance.
Croire à nouveau à un système de santé publique, à la présence de l’État.
À la protection de la santé des citoyens, qui veulent être unis dans la vie. Qui ne doivent pas l’être sous la menace de la faux de Charon.
La Grèce sait qu’une fois que le miracle s’est produit, il peut se renouveler.
En Grèce, on a toujours su que, au dessus de tout, était l’Homme, la culture. En dépit des difficultés économiques accrues à cause de la pandémie du Coronavirus, le peuple de Grèce ne sera pas seul, cette fois. Il ne sera pas abandonné à son sort. Et il a déjà commencé à donner l’exemple que l’optimisme, sous l’angle éclairé de la réalité, du quotidien et de ses menaces, c’est l’oxygène dans nos poumons.
Cette fois, Thésée brandira les voiles blanches. Grecques et Grecs regardent déjà les bons augures à l’horizon de la mer Égée.
Vassia Loukou
Traductrice