Après quatre jours de négociations, le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE a accouché d’un accord. C’est en apparence une victoire du couple franco-allemand qui était à la manœuvre depuis plusieurs semaines pour promouvoir un plan de relance dont l’objectif consiste à court et moyen terme à colmater les voies d’eau post-covid pour des économies en récession.
Par-delà les déclarations optimistes et parfois hyperboliques sur le consensus trouvé à Bruxelles, ce dernier confirme encore une fois qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. Le Parlement européen ne s’y est pas trompé, qui 48 heures après l’encre séchée de la signature des 27 vient d’adopter dans un quasi silence médiatique une résolution menaçant de poser son veto contre le budget communautaire adopté par les dirigeants européens. Ce coup de semonce souligne bien des angles morts du compromis bruxellois, à commencer par celui de l’infléchissement d’un certain nombre de dotations stratégiques (recherche, santé, etc.) ou la stagnation des ressources allouées à l’agriculture dont on a mesuré à l’occasion de cette crise sanitaire qu’elle était un outil essentiel à la préservation de notre indépendance alimentaire.
D’autres inconnues au demeurant nourrissent de leurs ambivalences l’accord comme le rabais consenti aux « frugaux » ou le financement de ce plan de relance dont le chef de l’Etat assure qu’il ne coûtera rien aux contribuables alors que dans le même temps des impôts européens sont en préparation et que l’accord stipule, le diable se nichant dans le détail, que « la commission peut demander provisoirement aux États davantage de ressources que leur part respective ».
En tout état de cause, tout se passe comme si le forceps de l’accord laissait des traces dont on serait bien en peine à ce stade de dessiner les conséquences. L’Europe a sauvé son idée, certes, mais sur une montagne de dettes, ce que la communication post-sommet a bien évidemment tranquillement estompé. Une Europe à découvert en quelque sorte…
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