Après un passage en Colombie, à Bruxelles et à Davos, l’opposant Juan Guaido, autoproclamé président par intérim du Venezuela en janvier 2019, est venu à Paris jeudi dernier. Une visite, plus ou moins officielle, durant laquelle il a rencontré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et le président Emmanuel Macron. Guillaume Asskari, journaliste et producteur, spécialiste de l’Amérique latine, revient sur cette visite.
Sa venue en France n’était pas annoncée dans l’agenda officiel du président. Tout commence le jeudi 23 janvier quand le journal d’opposition El Pitazo annonce une rencontre de Juan Guaido avec la diaspora vénézuélienne à la Maison de l’Amérique latine. Le jour suivant, différentes sources concordantes, dont des sites inconnus, expliquent que Juan Guaido rencontrera Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères et le président Emmanuel Macron.
Avant de se rendre à Madrid samedi dernier, Juan Guaido espérait un soutien français. Aux médias auxquels il a accordé une interview (comme Le Parisien), il assure avoir le soutien du président français et il espère que la situation va changer au Venezuela. Sur Twitter, le chef d’Etat, Emmanuel Macron, a affirmé avoir eu un échange constructif avec le président de l’Assemblée nationale, Juan Guaido. On notera qu’a aucun moment, il est nommé comme président par interim du Venezuela.
Un déplacement en Europe pour trouver des soutiens
Accompagné par Carlos Vecchio, membre de Volontad Popular et chargé d’affaires de Guaido aux Etats-Unis, ainsi que par Isadora Zubillaga, représentante à Paris, Juan Guaido souhaitait se relancer médiatiquement sur la scène internationale.
Ce dernier est en perte de vitesse depuis qu’il s’est autoproclamé président par intérim le 23 janvier 2019.
En Europe, Juan Guaido a rencontré le Premier ministre anglais Boris Johnson ou encore le chancellier autrichien. En revanche, Pedro Sanchez, Premier ministre socialiste du gouvernement espagnol, n’a pas souhaité recevoir l’opposant à Nicolas Maduro.
Pour Michel Mujica, ambassadeur du Venezuela reconnu par la France, « Juan Guaido est en recherche de légitimité ». « Le retour de Guaidó sur la scène internationale un an après son auto-proclamation est un ballon à oxygène du gouvernement parallèle 2.0. Il s’agit d’une nouvelle opération de légitimation, une simulation de réalité appuyée par la politique d’être photographié aux côtés du plus grand nombre de dirigeants européens », explique le diplomate.
Des soutiens à l’Assemblée nationale et au Sénat
Il y a quelques mois, le sénateur UC (Union centriste), Olivier Cadic, portait une proposition de résolution pour un renforcement des sanctions contre « des responsables de violations des droits de l’Homme au Venezuela ». Ce sénateur était en première ligne pour accueillir Juan Guaido à Paris.
A l’Assemblée nationale, Paula Doumerg, collaboratrice parlementaire du député Guillaume Gouffier-Cha (élu dans le département du Val-de-Marne), est également un soutien de Juan Guaido. En octobre 2019, le journal d’opposition El Pitazo la présentait comme la représentante de Voluntad Popular à Paris. En 2018, France Inter l’invitait à un débat en qualité de « militante franco-venezuelienne soutien du parti Voluntad Popular ». Plus récemment, elle organisait des manifestations à la place de la République à Paris.
Guillaume Asskari
Journaliste et producteur
Spécialiste de l’Amérique latine