Issu du Moyen Âge, le régime des mollahs a été imposé au XXIe siècle à la suite d’un accident de l’histoire. Incapable de répondre aux besoins de la société, ce régime fondamentaliste a, dès ses débuts, recouru à une répression brutale contre son propre peuple : une guerre contre la liberté, la souveraineté populaire et le droit de vote. En 45 ans d’existence, ce régime n’a jamais cessé d’utiliser la guerre, le terrorisme, les crises et les prises d’otages dans la région comme un écran pour dissimuler sa propre guerre intérieure contre le peuple iranien.
Ali Khamenei, le dictateur religieux, a récemment reconnu que la guerre de huit ans entre l’Iran et l’Irak, avec un coût d’un millier de milliards de dollars et des millions de morts et de blessés, avait servi à masquer la guerre interne du régime contre son peuple et à garantir sa survie sous couvert de défense de l’islam. En décembre 2016, il a déclaré : « Si nous n’avions pas arrêté les séditionnistes [comprendre les partisans de la liberté] en Syrie, nous aurions dû les arrêter à Téhéran, au Khorassan et à Ispahan. » En mai 2017, il ajoutait : « Si nos commandants courageux n’avaient pas fait ce qu’ils ont accompli en Syrie, nous serions aujourd’hui en train de combattre ces forces dans nos propres rues et nos propres villes. »
Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, avait répété à plusieurs reprises que toutes les ressources financières et militaires de son organisation terroriste provenaient du régime iranien, affirmant que c’est l’Iran qui en était à l’origine même de la création.
Le slogan « Mort à Israël » et « Mort à l’Amérique »
Le régime iranien a brandi les slogans « Mort à Israël » et « Mort à l’Amérique » pour rallier à lui les forces rétrogrades de la région, en les enveloppant d’un vernis religieux, afin qu’elles alimentent sa machine de guerre et de terrorisme.
Les terroristes affiliés à ce régime ont fait exploser une caserne de Marins américains au Liban, tuant des dizaines de soldats américains et français. Cet acte a été perçu comme une victoire par le régime iranien, lui permettant d’accélérer encore sa machine de guerre et de terrorisme, tout en imposant progressivement son influence terroriste comme une puissance régionale dominante. Ni ces actes terroristes, ni les prises d’otages orchestrées par le régime iranien, qui continuent à ce jour, n’ont rencontré de réponse ferme. L’absence de réaction adéquate accompagnée par des concessions faites au régime ont conduit à la situation actuelle dans la région, marquée par des millions de morts en Iran et au Moyen-Orient, et par un terrorisme qui a fini par atteindre également l’Europe.
Les sonnettes d’alarme retentissent aux oreilles de Khamenei
Après le grand soulèvement de 2022, qui a fait retentir les sonnettes d’alarme quant à la chute du dictateur, malgré une répression sans précédent marquée par l’utilisation de diverses formes de torture et de massacres, visant principalement les unités de résistance dispersées à travers l’Iran et affiliées aux Moudjahidines, les ennemis jurés du régime, nous avons tout de même assisté à une croissance continue de ces unités. Le dictateur religieux, malgré l’utilisation de toutes les forces répressives possibles dans chaque rue et quartier, n’a pas réussi à freiner la progression de la résistance du peuple iranien. Plus conscient que quiconque de l’ampleur des troubles internes, il n’a pu endiguer la montée en puissance des activités de propagande et leur intensification.
Les deux dernières élections parlementaires et présidentielles en Iran, massivement boycottées par au moins 90 % de la population, ont démontré à quel point le régime est détesté et isolé à l’intérieur du pays.
À cette situation explosive s’ajoute une économie pratiquement en faillite, minée par toutes sortes de dysfonctionnements. Selon un économiste proche du régime, l’économie iranienne est dans un état si dégradé qu’elle n’a même plus la force de « boitiller ». Il faut aussi tenir compte des coûts exorbitants liés au financement des milices régionales, de l’industrie des missiles et du programme nucléaire. Le dictateur religieux sait pertinemment que le prochain soulèvement pourrait être encore plus destructeur et précipiter la chute imminente du régime. Malgré la répression exercée par les patrouilles de la police des mœurs, la société est devenue un véritable baril de poudre. Le thermomètre de Khamenei indiquait que ce baril pourrait exploser à tout moment.
Les Accords d’Abraham
Les Accords d’Abraham visaient à établir un cadre pour normaliser les relations entre les pays arabes, notamment l’Arabie saoudite, et Israël.
Le régime iranien a perçu ces accords comme une menace et s’est senti, d’une certaine manière, encerclé. Le régime fondamentaliste iranien voit en fait toute paix comme une corde autour de son cou. Avec la paix entre les pays arabes et Israël, le slogan « Mort à Israël » perdait de son efficacité, et, par conséquent, l’axe de la « résistance » devenait obsolète. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, des signaux dangereux se faisaient sentir pour la dictature.
Recours à une tactique ancienne
Khamenei n’a vu qu’une seule issue pour sa survie : revenir à une tactique ancienne. Il a apporté un soutien militaire, logistique et financier total au Hamas afin de fomenter une guerre hors des frontières iraniennes, espérant ainsi à la fois saboter les Accords d’Abraham et créer un bouclier contre les futurs soulèvements en Iran. Cependant, Khamenei n’avait pas anticipé que cette guerre prendrait une ampleur telle qu’elle finirait par l’affecter lui-même. Alors que le conflit se poursuivait, il a tenté par tous les moyens d’empêcher qu’il ne prenne une dimension plus vaste. Les messages envoyés par le nouveau président, Massoud Pezeshkian, avant son départ pour New York pour participer à l’Assemblée générale des Nations Unies, allaient dans ce sens.
La faiblesse du dictateur
Après l’assassinat d’Ismaël Haniyeh à Téhéran et la mort de Hassan Nasrallah, ainsi que plusieurs opérations successives au Liban, le régime iranien a non seulement subi une défaite militaire, mais aussi un revers majeur sur le plan du renseignement. Cela a mis en lumière l’effondrement et l’érosion des institutions clés, telles que le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) et divers services de renseignement qui soutenaient le pouvoir. Malgré les promesses de « vengeance sévère » après la mort de Haniyeh, Khamenei a renoncé à cette menace. Officiellement, le prétexte invoqué était le cessez-le-feu, mais en réalité, cela exposait avant tout la faiblesse du CGRI et du renseignement iranien.
Le dictateur dans une impasse totale
Avec l’assassinat de Hassan Nasrallah, le Moyen-Orient est entré dans une nouvelle ère. Le Hezbollah, auparavant le pivot des forces proxies du régime iranien telles que le Hachd al-Chaabi en Irak, le Hamas, les Houthis, les Fatimides (Afghans) et les Zeynabiyoun (Pakistanais), se trouve affaibli. L’attaque contre Israël le 7 octobre 2023, décidée en Syrie avec la participation d’Esmaïl Ghaani, commandant de la Force Qods du CGRI, ainsi que de Nasrallah et du Hamas, montre à quel point ce réseau de proxies dépendait de lui. Nasrallah jouait un rôle clé dans la coordination entre les différentes forces, de Gaza à Sanaa. Il assurait parfois l’entraînement et la livraison d’armes.
Ainsi, sa mort représente un coup dévastateur pour l’Iran et ses services de renseignement.
La disparition de Nasrallah aux côtés d’Abbas Nilforoushan, commandant du CGRI, lors d’une attaque contre le quartier général du Hezbollah, ne constitue-t-elle pas une frappe fatale contre les mollahs ?
Le régime iranien ne peut plus restaurer le pouvoir de son terrorisme et de ses guerres, qu’il considérait comme un élément de dissuasion majeur dans la région.
L’Iran avait imposé son terrorisme comme une force clé dans l’équilibre régional.
L’impasse du régime
Dans ce contexte, la dictature iranienne se trouve à un carrefour crucial. Elle a deux options : soit elle choisit la « vengeance sévère » en menant une attaque directe contre Israël, soit elle opte pour une stratégie de « patience stratégique », comme certains journaux proches du régime semblent le préconiser.
Vengeance sévère
Sans aucun doute, une telle « vengeance sévère » entraînerait Khamenei dans ce qu’il cherchait à éviter depuis le début de la guerre : l’extension du conflit jusqu’à l’Iran même. Le régime iranien n’a la capacité ni la structure pour mener une guerre conventionnelle, car l’ensemble de son appareil militaire et sécuritaire repose sur des tactiques terroristes. De plus, Khamenei sait pertinemment qu’il ne peut pas se fier aux informations de ses propres services de renseignement, pourtant essentielles en cas de conflit armé. Toute escalade militaire ou intensification des combats sur le front libanais plongerait le régime dans une guerre conventionnelle, et le premier perdant serait le fascisme religieux, déjà détesté par la majorité de la population.
« Patience stratégique »
Avec l’assassinat des chefs des forces proxies, dont Hassan Nasrallah, les journaux proches du régime iranien ont commencé à évoquer la notion de « patience stratégique ». Ce concept est défini comme une politique à adopter face à des ennemis disposant d’une supériorité technologique. Depuis les événements du 7 octobre, la patience stratégique s’est progressivement imposée comme une politique centrale du régime. Même lorsque l’Iran a réagi de manière limitée à certaines attaques israéliennes, il était bien conscient que ces ripostes ne parviendraient pas à instaurer une véritable dissuasion. En réalité, cette approche fait partie de la stratégie globale du régime iranien, qui a tout mis en œuvre pour éviter de s’engager dans une guerre directe avec Israël. Bien que le régime ait lui-même attisé le feu de ce conflit, il a cherché à en limiter la portée afin de ne pas se retrouver pris dans un affrontement plus large. Cependant, si le régime ne réagit pas aux coups subis, notamment après les assassinats de Haniyeh et Nasrallah, il risque de confronter de nombreux désordres, tant au niveau régional qu’à l’intérieur même de l’Iran.
La troisième voie choisie par Khamenei ?
Le dimanche 29 septembre, une session publique du Parlement du régime a été le théâtre d’une agitation sans précédent, qui a maintenant gagné l’ensemble du système. Les membres du Parlement ont vivement protesté contre l’inaction du régime après les assassinats de Qassem Soleimani (commandant de Force Qods du CGRI tué dans une frappe de drone américain en Iraq en 2020), Fakhrizadeh (père du programme nucléaire militaire du régime tué près de Téhéran en 2020), et Haniyeh, et désormais, après celui de Hassan Nasrallah. Un député, Moussa Moussavi, a déclaré : « Si nous avions vengé le sang de Qassem Soleimani, est-ce que nos ennemis formeraient encore aujourd’hui des escadrons de la mort contre nous ? La règle de la guerre est très simple : si nous ne frappons pas, nous serons frappés ! » Il a ajouté : « Les politiciens hésitent et prétextent que nous ne devons pas tomber dans le piège de la guerre ! Ce qui est étonnant, c’est qu’ils parlent de piège alors que nous sommes déjà en pleine guerre ! ». Mohammad Mannan, évoquant les défections croissantes au sein des forces du régime en raison de cette situation, a ajouté : « Nous n’avons toujours pas vu de mouvement significatif, et cela a conduit à une érosion progressive de la confiance sociale envers le régime, tant à l’intérieur du pays qu’auprès des pays de la région et du monde islamique. » Hosseini a déclaré : « Le monde entier attend une réponse forte à l’insolence des sionistes. Nous insistons pour dire que les déclarations exprimant la faiblesse et la peur d’une guerre éventuelle ne sont pas acceptables. »
Ce ne sont que quelques exemples de ce qui se passe au sein des forces du régime. La situation est encore plus tendue parmi les forces proxies. C’est dans ce climat que Khamenei, cherchant à éviter une guerre directe tout en tentant de calmer les tensions parmi ses propres rangs, a ordonné une attaque de missile contre Israël. Selon CBS News, si l’ampleur de l’attaque reste limitée, Israël ne devrait probablement pas riposter. D’autres observateurs ont même suggéré que, comme lors des attaques précédentes, l’Iran aurait peut-être informé les États-Unis à l’avance.
Hamid Enayat