Le bilan dressé par Bruno Le Maire, dans son ouvrage « Ne vous résignez pas ! », est sévère pour les gouvernements qui se sont succédé depuis trente ans. « Tous pareils. Tous complices. Tous incapables de changer réellement les choses. Tous inefficaces et pourtant hautains », assène-t-il.
Il leur reproche d’avoir reculé devant les choix que les transformations du monde imposaient à la France par manque de méthode et de courage. « 2017 doit marquer le grand tournant dans les pratiques politiques de notre nation » affirme l’auteur et il énonce sa méthode « dire avant ce que nous ferons après, ne rien promettre que nous ne puissions pas tenir. Rendre des comptes régulièrement. Garantir la transparence ». L’ancien ministre plaide également en faveur du non cumul des mandats, de la réduction du nombre des parlementaires et élus régionaux, la limitation dans le temps à trois mandats successifs, l’inéligibilité des élus condamnés pénalement et de la suppression du Conseil économique, social et environnemental.
Mais le député de l’Eure n’épargne pas non plus les Français auxquels il reproche d’être « un peuple esclave » qui subit « son destin au lieu de le prendre en main ». Il déplore que durant les dernières décennies l’individualisme ait primé sur la conscience citoyenne. « La France se redressera avec ses citoyens, pas contre eux. La France sera grande en leur présence, pas en leur absence. Elle puisera dans leur énergie, dans leur engagement, dans leur créativité la force de prendre sa place dans le monde nouveau. La révolution la plus importante est celle qui fera de chacun de nous le responsable de notre avenir commun » assure-t-il. Car, pour celui qui souhaite incarner le renouveau, la France ne pourra se redresser qu’avec les Français et par les Français.
À la suite de ces constats, l’ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin à Matignon détaille les points qui font sa vision de la France : un travail pour tous, refonder les objectifs et le fonctionnement de notre éducation nationale, restaurer l’autorité de l’État, retrouver un esprit de conquête et affirmer notre culture.
« Créer du travail en France doit être plus facile, plus rapide et moins risqué pour les entrepreneurs » indique l’auteur. Il propose donc de simplifier le code du travail, de plafonner le montant des aides sociales, d’écourter la durée d’indemnisation du chômage, de privatiser Pôle emploi, de limiter les compétences de l’Inspection du travail, de stabiliser le montant de l’impôt sur les sociétés, de supprimer l’ISF ou encore de diminuer les prélèvements sociaux sur le travail qualifié.
« Notre école ne permet plus à nos enfants de se réaliser et de trouver leur voie. Elle classe. Elle trie. Elle élimine », déplore également l’auteur qui plaide pour une revalorisation des filières professionnelles et de ses débouchés. Comparant l’éducation nationale « à un paquebot qui avance, mais qui ne sait plus où il va », il souhaite donner davantage d’autonomie aux établissements scolaires.
Partisan d’un État régalien plutôt que stratège et économiquement interventionniste, le député est favorable à la délégation à des entreprises privées de certaines compétences, à la privatisation des entreprises qui ne relèvent pas des missions essentielles de service public, à la cession des participations dans les secteurs qui ne sont pas stratégiques, à la réduction du nombre d’emplois dans le service public. « C’est en reprenant le contrôle de sa fonction publique et la maîtrise de l’immigration que l’autorité de l’État se rétablira » défend-il.
Alors, la France pourra retrouver son esprit de conquête et sa grandeur, affirme Bruno Le Maire.
Mais pour le député, la vraie défaite française est culturelle. « Nous connaissons notre identité. En revanche, nous avons délaissé notre culture. Délaissant notre culture, nous avons divorcé de notre nation. Cet affaissement culturel est selon moi la première cause de notre affaissement tout court » affirme t-il.
Dans son ouvrage, Bruno Le Maire appelle les Français à ne pas céder à la résignation et à la fatalité.
Ne vous résignez pas !
Bruno Le Maire
Albin Michel, 2016
206 p. – 10 €