Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, est un homme de principes, un défenseur inlassable de la liberté d’expression, un amoureux de la raison. Il est aussi mon ami. Depuis toujours, il se tient au front, dans les tribunaux comme sur les plateaux de télévision, pour faire face à ce qu’il considère comme l’un des plus grands périls de notre temps : le fanatisme islamiste.
Richard Malka est de ceux qui chérissent les valeurs de la République comme on chérit une étoile-guide. Il croit en la puissance de l’esprit critique, en la liberté de penser, et en cet humanisme que l’école de la République s’efforce d’enseigner à tout prix, contre vents et marées. Pour lui, tout ce qui menace ces principes doit être combattu sans relâche. Et aujourd’hui, son ennemi le plus redoutable est l’islamisme conquérant, celui qui tente de soumettre la République à ses lois, de grignoter les fondements de notre universalisme.
Cet ennemi est aussi le mien. Il est celui de tous ceux qui, comme notre ami Boualem Sansal, refusent de céder à l’obscurantisme. C’est celui qui impose le voile aux femmes, qui infiltre l’école publique avec des revendications religieuses, qui enserre certains quartiers dans le carcan du communautarisme. C’est celui qui déploie des imams venus d’ailleurs pour guider des fidèles souvent vulnérables, qui ressuscite la notion de blasphème, qui force les enseignants à se taire par peur.
Une nuit d’échanges intemporels
Invité par son éditeur à passer une nuit au Panthéon, Richard Malka a sauté sur l’occasion sans aucune hésitation. Il a vu là une chance unique de rencontrer symboliquement celui qu’il considère comme un maître : Voltaire. Il faut dire que le philosophe des Lumières a toujours habité l’esprit de Richard, bien au-delà des années qu’il a passées au lycée Voltaire de Paris. Il représente pour lui une boussole, un modèle de pensée libre et un allié éternel dans la lutte contre l’intolérance.
Cette nuit-là, près de la sépulture du maître, le miracle s’est produit. À travers les siècles qui les séparaient, Voltaire et Malka ont dialogué. C’était une conversation passionnée, une joute intellectuelle où les mots fusent comme des éclairs dans un ciel d’orage. Ils ont parlé des religions, des fanatismes, de la raison et de la nécessité d’écraser l’infâme. Et dans cet échange singulier, je ne suis pas certain que Voltaire, pourtant maître absolu, aurait eu le dernier mot face à l’éloquence et à la détermination de Richard Malka.
Deux esprits, une même flamme
Ce que j’admire chez Voltaire, je le retrouve chez Richard Malka : cette rage de vivre libre, cette hargne contre toutes les formes d’oppression. Il y a chez eux une lumière qui ne vacille jamais, un feu sacré pour la liberté de pensée et de parole. C’est un courage rare, celui de se tenir debout, seul s’il le faut, face aux tempêtes idéologiques et aux attaques des détracteurs.
Dans le livre qu’il a tiré de cette expérience nocturne, Richard Malka ne se contente pas d’un hommage. Il invite chacun à reprendre le flambeau, à se dresser contre les fanatismes, à refuser les compromis avec l’intolérance. Ce livre, je l’ai aimé autant que j’aime son auteur.
Un appel à la vigilance
Cher Richard, tu portes en toi cette intransigeance salutaire, cette capacité à dire non là où tant d’autres baissent les yeux. Je sais que tu n’abandonneras jamais, car c’est inscrit dans ton ADN. Mais sache que nous sommes nombreux à marcher à tes côtés. La bataille pour la liberté, pour la raison, pour l’universalisme est la nôtre, et nous continuerons à la mener ensemble.
Tu ne perds rien pour attendre : je viendrai bientôt te voir, ton livre sous le bras, pour y recueillir ta signature. Et dans ce geste, il y aura tout : l’amitié, l’admiration, et cette promesse muette que jamais nous ne laisserons le fanatisme triompher. À bientôt, mon ami.
Kamel Bencheikh
Richard Malka
Après Dieu
éditions Stock 2025, 208 pages