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dans Culture

Figures de l’écrivain parlementaire – partie 3

Une année dans la vie de Maurice Barrès : 1913

Estelle AngladeParEstelle Anglade
22 février 2023
Figures de l’écrivain parlementaire – partie 2

Deux trilogies romanesques l’ont rendu célèbre : Le Culte du moi et Le Roman de l’énergie nationale. La première lui valut le surnom de « Prince de la jeunesse ». Et son influence fut grande sur ses cadets : Aragon, Malraux, Mauriac, Montherlant, et d’autres.

Une passion : Lamartine

Toutefois, au cours de cette année 1913 dominée chez l’écrivain par le thème du sentiment religieux, c’est en tant qu’admirateur d’Alphonse de Lamartine, écrivain et homme politique, que Barrès rédige une série de cinq articles pour L’Écho de Paris intitulée, « L’Abdication du poète »1.

Cet ensemble d’articles, placé sous le signe de la subjectivité, constitue une sorte de biographie en miniature de l’écrivain qui sera publiée, le 16 janvier 1914, en édition originale, chez l’éditeur Georges Crès. Au-delà de ce titre, qui reprend le terme vieilli de « poète », synonyme d’écrivain, le journaliste envisage la situation pathétique des auteurs qui ont survécu à leur génie. Il rédige un portrait personnel teinté d’empathie et revient entre autres sur la carrière de parlementaire de Lamartine auquel Barrès s’est peut-être, un jour, identifié. Et il semble avoir l’intention consciente ou non, par la même occasion, de dresser un portrait rêvé de lui-même, sans les drames et la fin de vie désargentée. Il écrit en effet dans ses Cahiers : « Lamartine rêvait d’être l’arbitre des partis, de les dominer et de les conduire par son éloquence. C’est le rêve de tout littérateur qui n’arrive pas à s’astreindre aux règles de parti, qui les déborde2.

L’écrivain journaliste produit un modèle d’écrit unique en son genre, mêlant littérature et journalisme. Il s’inclut3 dans l’histoire, se met en scène et fait preuve d’un réel talent de conteur, en rédigeant une sorte de feuilleton en forme de nouvelle, véritable rendez-vous, destiné à maintenir l’attention des lecteurs de L’Écho de Paris pendant un mois entier.

L’originalité de cet ensemble réside donc dans sa facture. Barrès commence par une critique littéraire de deux biographies4 de Lamartine dont il rencontre les auteurs chez son ami Caplain. Il en fait l’éloge dans l’article du 11 avril, puis il poursuit son texte en relatant les échanges entre les interlocuteurs ayant soin de transcrire leurs éventuelles tensions5.

Il favorise également la proximité entre le lecteur et l’auteur par l’évocation de la vie quotidienne de Lamartine qu’il assortit de citations poétiques6.

En outre, l’écriture de Barrès y est remarquable au sens où il fait de ses pages un petit roman captivant. Il invente un écrit de presse, mixte, riche d’informations diverses à la fois matérielles, quotidiennes, psychologiques et spirituelles comme s’il avait décidé de romancer la réalité. Le mouvement voulu par Barrès va de l’extériorité, — son cadre de vie, ses proches —, vers l’intériorité de Lamartine, — sa spiritualité, ses douleurs. Ainsi, plus on progresse dans la lecture, mieux on comprend l’homme.

Barrès profite de cette courte biographie de Lamartine pour dresser un état des sacrifices réalisés par le parlementaire et l’on croit déceler un parallèle avec ce que lui-même a vécu et continue de vivre, dans une moindre mesure.

Néanmoins, ce qui frappe le plus Barrès demeure cette phrase brutale, empreinte d’égoïsme, qui clôt l’autographe offert par son ami Jules Caplain : « Quant à la politique, je m’en fiche et je suis à peu près comme le pays. Je pense à moi et à ceux qui vivent de moi. »7.

Même si Barrès met au compte de l’âge cette « phrase cynique », « La politique, je m’en fiche ! », il tente jusqu’au bout de réhabiliter la figure du poète et d’expliquer son abdication. Dans une tonalité à la fois pathétique et dramatique, l’écrivain Barrès livre une réflexion universelle sur la brièveté du succès politique et sur la vieillesse d’un génie :

[…] la grande affaire, c’est de comprendre que, […], cet homme est celui qui sut écrire les Méditations, Jocelyn et Raphaël, et que dans sa détresse subsistent et agissent les dispositions morales qui firent sa grandeur. L’âme ancienne demeure dans la tour ruinée. Voilà le drame, voilà ce qui est beau, complexe, déchirant.8

Le lyrisme dont fait preuve ce texte contribue à sa postérité et Barrès nous prouve, par son style, qu’il reste un poète, lui aussi, malgré ses engagements politiques.

Il se place dans la filiation de Lamartine en déployant toute la gamme de son talent littéraire. En conséquence, c’est comme s’il brillait au contact du sujet qu’il traite. Voici ce qu’il écrit de Lamartine :

Quel beau mystère ! Un cygne au plumage éblouissant, pareil à un sentiment pur, nageait dans un beau lac ; on l’a chassé, obligé de marcher dans les terres boueuses où il boite, se souille, s’épuise. Que d’autres rient ou le plaignent ! Nous songeons aux passions tristes et grandes qu’éprouve ce vieux musicien taciturne. Sa puissance de jouir, de souffrir, de s’émouvoir n’a pas diminué, et les plus sombres expériences de la vie viennent ajouter leurs accents à la suavité naturelle de sa grande âme chantante. Seulement les mélodies qui se forment en lui y retombent silencieusement pour l’empoisonner. Tâchons de les surprendre. Cherchons à pénétrer le secret de cette abdication du poète.9

La métaphore éclaire l’opposition, voire l’incompatibilité, entre la création littéraire et la politique. Deux univers bien différents qui se contrarient, mais que Lamartine comme Barrès ont essayé de concilier par un effort sans cesse renouvelé. La fin de la citation se termine sur des impératifs qui traduisent l’opiniâtreté de Barrès à vouloir déceler la vérité d’un être, plonger aux confins de son âme tourmentée, à la manière d’un journaliste d’investigation.

Charles de Pomairols, un poète mineur ?

Le thème de l’isolement du poète dans la société se retrouve, comme un leitmotiv, en ce qui concerne Charles de Pomairols10 , autre poète, moins connu, dont Barrès a choisi de faire l’apologie. Il préface l’édition de ses Poèmes choisis11 et, dans le même temps, publie à L’Écho de Paris, au mois d’août deux articles intitulés « Une Inspiration platonicienne » respectivement sous-titrés, « Un poète du foyer », le 1er août, et « La Catastrophe du Poète », le 6 août. C’est-à-dire les deux premières parties de la préface, la troisième partie intitulée « La Spiritualité », lisible indépendamment, ne parut pas dans la presse. À nouveau, Barrès s’attache à réhabiliter un écrivain méconnu parce que jugé trop régionaliste. Dans un plaidoyer assez vibrant, le critique littéraire qu’est devenu Barrès, pour l’occasion, livre un éloge de la simplicité du poète liée à la ruralité et aux racines chrétiennes.

D’emblée le titre « un poète du foyer » affirme qu’il s’agit d’un poète enraciné dans sa région, ce qui suscite l’admiration de Barrès. La préface se compose d’une introduction académique qui revient sur le lieu bucolique qui a vu naître Pomairols, digne d’un parfait « locus amoenus », même si on y lit la nostalgie d’un temps révolu :

Ici on aime la nature, on vit familièrement avec elle, on garde le goût, l’habitude, le respect des affections familiales. Ici respire une poésie domestique et religieuse. Nul n’y met en doute la conception chrétienne du monde ; la vie est un instant entre deux infinis, elle se termine par cette alternative : « Serai-je ou ne serai-je pas sauvé ? »

Barrès use ici d’une langue sobre en accord avec le sujet qu’il propose. Une fois présenté le poète, le préfacier se fait journaliste puisqu’il reprend, au discours direct, en gage de fidélité vis-à-vis de ses lecteurs, les propos tenus par Pomairols : « Je tiens de M. de Pomairols lui- même ce que furent son enfance et sa jeunesse. » Ainsi, le lecteur s’informe sur la trajectoire du poète, sa vocation tardive, ses relations dans les milieux littéraires. Barrès loue en lui la sensibilité pudique, la proximité avec la nature, l’héritage de la noblesse, la distinction. Il découvre même des traces d’héroïsme, aux accents cornéliens, dans la citation qu’il reprend d’une invocation de Pomairols à son père :

Tu seras libre en moi qui serai ton vengeur,
Et ta race verra son triomphe, ô mon père !

Il en profite également pour égratigner les moqueurs, dont Leconte de Lisle, qui trouvait Pomairols un peu trop terrien et qui lui reprochait son « expression un peu didactique ».

Barrès veut voir dans cet ostracisme le snobisme d’un Parisien à l’égard d’un provincial. Plus largement, il éreinte les Parnassiens qui reprocheraient volontiers à Charles de Pomairols une poésie trop incarnée. La réalité, c’est l’ennemie.

La deuxième partie de la préface témoigne de « la catastrophe du poète » que représente le décès de sa fille, Lili de Pomairols, à treize ans. Barrès évoque cette seconde source d’inspiration qui fait basculer le poète dans la déploration de la perte de l’être cher. Son style devient élégiaque et le poète réussit à faire revivre sa fille par la force de son verbe. Faire vivre sur le papier l’enfant trop tôt disparue comme pour soigner son âme meurtrie. Barrès souligne la transcendance du poète, en quelque sorte, qui parvient à dépasser sa douleur par l’écriture. Cette manière d’être représente selon Barrès un idéal de vie. Dans l’ensemble de sa production littéraire, on retrouve cette notion d’idéalisme liée à l’art, alors que, dans le même temps, elle est totalement absente des écrits politiques. Il y a donc conflit entre idéalisme et réalisme. Ce que nous avions déjà analysé avec l’image de la verticalité qui s’oppose à celle de l’horizontalité.

La troisième partie de cette préface est censée apporter un remède à la douleur indélébile du poète par le biais de « La spiritualité ». Barrès y reprend les attributs du journaliste interrogeant le poète sur sa conception de la création poétique. Il conclut par un compliment au poète confidentiel dont la lecture se mérite par un effort du lecteur, autrement dit il s’adresse à la fois au poète qu’il félicite et à ses lecteurs qu’il valorise. Cette préface tient son rôle puisqu’elle annonce les poèmes par quelques citations de vers et de titres de recueils et que plus généralement elle offre une biographie en réduction de Charles de Pomairols.

Wagner et Venise

Même s’il ne délaisse jamais complètement la politique, Barrès continue d’approvisionner les journaux d’articles sur des créateurs qu’il affectionne. C’est le cas de ce texte érudit12, qu’il consacre au musicien Richard Wagner, paru dans Les Annales. En règle générale, Barrès semble porté par le génie de ceux qu’il dépeint. Son article, difficile, est, à ce titre, plutôt destiné à un lectorat choisi de connaisseurs et d’amateurs de musique. Il tente d’y expliquer, dans un registre didactique, les sources de l’inspiration du compositeur allemand de Bayreuth. Si ce lieu sur la lagune l’inspire musicalement, il revêt également une connotation tragique puisque Wagner mourra au palais Vendramin, en 1883.

Barrès y évoque un Wagner malheureux qui se rend à Venise pour composer le deuxième acte de Tristan et retrouver l’inspiration.

Il s’intéresse aux affres de la création artistique auxquelles il a pu se confronter.

Cet article permet donc à Barrès d’allier son amour pour Venise et son admiration pour Wagner. Par conséquent, il s’ingénie à produire un effet de réel en décrivant des lieux qu’il connaît et à expliquer le musicien. Rappelons que ce dernier a influencé les poètes symbolistes, en particulier Stéphane Mallarmé. « Le drame wagnérien » est surtout « une forme d’œuvre totale alliant tous les arts, plongeant dans les racines légendaires et exprimant d’élevés conflits métaphysiques13. »  Pas étonnant que Barrès ait été séduit par l’idéalisme et la spiritualité qui émanent des pièces de Wagner. Il en profite alors pour mêler modestement son expérience personnelle à celle du grand musicien qu’il admire. Pour appuyer son témoignage, il décrit les lieux qu’il a lui-même visités, les émotions qu’il y a ressenties. Et livre un article qui oscille entre récit et étude. Il ambitionne de raconter une histoire qui capte et soutienne l’attention du lecteur, attise sa curiosité à la manière des maîtres de la rhétorique antique.

Dans une tonalité lyrique, (« A la cime des vagues où nous mène Tristan, reconnaissons les fièvres qui, la nuit, montent des lagunes »), le critique Barrès exalte la spiritualité issue de Tristan. Le lexique de la verticalité illustrée par les occurrences de « cime » et de « montent » corrobore la recherche spirituelle permanente de Barrès.

Manifestement, il établit une comparaison entre le paysage nocturne, son mystère et le génie de Wagner. Il semble vouloir associer la démesure au génie et par là même il éloigne le commun des mortels qui se trouve mis à l’écart mais paradoxalement fasciné par l’inaccessible.

Il s’agit d’un hymne à Wagner et à la beauté mystérieuse de Venise.

Barrès fait coup double et ne semble pas pouvoir se départager entre l’un ou l’autre. Il fait part de son expérience de Venise pour expliquer l’inspiration de Wagner. En fait, il se place entre le lecteur et Wagner, comme intermédiaire éclairé, plus proche du musicien avec lequel il ressent une parenté. Sa critique du maître s’en trouve légitimée.

Un symbole patriotique : Henri Régnault

Quelques mois plus tôt, à la fin janvier, le peintre Henri Régnault14 , érigé en jeune victime de l’Allemagne, avait reçu un hommage posthume dans L’Écho de Paris, sous le signe de l’originalité. Car l’article n’annonçait pas vraiment son contenu. Rien n’indiquait en effet dans ce titre « La Fête patriotique de dimanche » qu’il s’agissait d’une commémoration. Et pour cause, Barrès utilise la figure de ce jeune artiste pour faire l’apologie du patriotisme de la jeunesse. Ce texte finalement sans le dire annonce la guerre qui arrive en se souvenant de celle de 1870.

On retrouve la trame de son article en consultant ses notes consignées sur le sujet dans ses Cahiers15 surtout la fin, émouvante et lyrique qui est reprise in extenso :

Le matin de janvier où le jeune héros s’en alla dans les bois de Saint-Cloud son chassepot16 à la main, il emmenait avec la Jeunesse et sa plus belle compagne, l’Imagination, qui nous donne la puissance de goûter noblement toutes les beautés de l’univers et tous les sentiments du cœur, et la Gloire qui très vite était venue, elle aussi, le rejoindre. Et avec ces trois déesses longtemps encore il allait cheminer, sans la balle qui le jeta par terre dans ce parc hivernal, il y a quarante-deux ans. Les trois déesses se sont enfuies, l’ont laissé seul sur la neige sanglante17.

Ainsi s’achève l’article sur cette hypallage qui provoque l’étrangeté car l’adjectif « sanglant » s’applique bien sûr à lui, le jeune homme beaucoup plus qu’à « la neige ». Cette étrangeté pourrait s’étendre à la situation qui confine au tragique puisque Regnault n’est plus maître de son destin dès lors que pèse sur lui son engagement dans la guerre contre les Prussiens. C’est le choix de Barrès d’insister sur cet instant fatal. Le lyrisme qui accompagne ses phrases à l’imparfait se rompt brutalement avec le passage au passé simple « jeta ». La référence à l’hiver, saison qui symbolise la mort referme cette page sur une note très sombre. Il y a la jeunesse et puis, face à elle, la guerre. Barrès songe certainement au contexte politique de cette année 1913. Son patriotisme l’incite à embellir celui qui se sacrifie pour la France, avec son chassepot à la main, et, implicitement, on lit une invocation aux jeunes gens. Cet article ressemble bel et bien à de la propagande.

En somme, il est moins tenu compte du don artistique d’Henri Regnault que de son patriotisme. Et il est, à cet égard, un peu déconcertant de constater que Barrès règle la question du talent de l’artiste peintre en deux phrases et un superlatif relatif, dans ses notes préparatoires, mais ce procédé se justifie lorsqu’on admet qu’il est pressé d’aborder son véritable propos : « La question n’est pas de savoir si les toiles d’Henri Regnault expriment tout ce que nous voudrions voir dire en cette année 1913. Il était le plus brillant des jeunes artistes, fêté, admiré 18 ». Dans ses Cahiers, transparaît déjà l’intention de Barrès qui était d’insister sur la bravoure et la gloire de ce jeune peintre, mort à vingt-huit ans.

Cette double posture de Barrès, à la fois écrivain journaliste et parlementaire conduit à un genre d’écrit nouveau mêlant propagande et récit. Une double postulation émerge, par conséquent, entre idéalisme (littérature) et réalisme (vie active). L’ensemble de cette année d’écriture indique une profonde cohérence si l’on considère qu’au-delà de la diversité des thèmes traités, les idées et les arguments défendus se complètent.

La production du parlementaire alterne bel et bien entre propagande et récit. Autant les textes sur les églises mobilisent un registre polémique autant les hommages font preuve de lyrisme. Néanmoins, le lecteur ne ressent pas de dichotomie, mais observe deux postures distinctes avec une prédominance de la thématique politique.

L’avenir confirmera cette tendance puisque l’année suivante verra un Barrès de plus en plus engagé dans la société de son temps.

Au terme de cette année d’écriture, Barrès est-il pour autant un journaliste ? S’il se sert abondamment de la presse qu’il juge être le meilleur vecteur de l’information parce que le plus concomitant avec ce qui se passe dans la société, certains de ses articles se résument à la publication de bonnes feuilles extraites de ses deux livres, La Colline inspirée et La Grande Pitié des églises de France. D’autres sont des préfaces inédites, souvent publiées simultanément avec les œuvres concernées. Il ne devient journaliste, à proprement parler, que quand il reprend les débats de la Chambre dans les journaux auxquels il collabore habituellement. Mais existe- t-il une écriture journalistique ? Barrès nous oblige à redéfinir le genre. S’observe en fait dans sa production une confusion des rôles entre l’écrivain, l’homme politique et le journaliste.

*

En définitive, Barrès n’a pas trouvé de meilleur vecteur de ses idées, de ses réflexions et des informations qui lui tenaient à cœur que la presse. C’est, indéniablement, l’endroit où se rejoignent le parlementaire et l’écrivain. À partir de la date d’entrée en guerre de la France, le 1er août 1914, et ce jusqu’au terme de la guerre, Barrès rédigera pour L’Écho de Paris un article quotidien. Il en reste une trace indélébile et inestimable,— car ces textes sont un témoignage de l’arrière de tout premier plan —, dans les quatorze volumes de la Chronique de la Grande Guerre19.

Estelle Anglade
Docteur ès lettres

  1. Les cinq articles paraîtront les 11, 16, 19, 23 et 30 avril 1913 sous les sous-titres respectifs, « Un déjeuner lamartinien », « L’autographe », « Un grand oiseau blessé », « Le démon de Lamartine » et « Le désespéré ». ↩
  2.  Mes Cahiers, tome XVII, OCBM, p. 299-300. ». ↩
  3. « Mais, Barrès, je veux faire quelque chose pour vous… Je vous donnerai un autographe de Lamartine dans ses dernières années. », Les Maîtres, tome 12, p. 110 ↩
  4. Henry Cochin, Lamartine et la Flandre et Jean des Cognets, Vie intérieure de Lamartine. ↩
  5. Lamartine fréquentait un philosophe nommé Dargaud, cité par son jeune biographe, Jean des Cognets, dont Jules Caplain souhaitait minimiser l’influence, Les Maîtres, tome 12, OMB, p. 108. ↩
  6. Les Maîtres, tome XII, OMB, p. 116-118, p. 129. ↩
  7.  Ibid., p. 112. ↩
  8. Idem, p. 113. ↩
  9. Ibid., p. 113-114. ↩
  10. Charles de Pomairols (Villefranche-de-Rouergue 1843-Château des Pesquiès, près de la même ville 1916), grand connaisseur de Lamartine, est un auteur de romans régionalistes et de recueils poétiques, La Vie meilleure, 1879 ; La Nature et l’Ame, 1887). Dans sa préface au recueil de vers Pour l’enfant, Paul Bourget écrit : « Je voudrais prendre texte de ce nouveau recueil pour tracer un « crayon » de cet artiste qui a déjà la gloire, s’il n’a pas la popularité. » ↩
  11. Publiés aux éditions du Temps présent, en août 1913. ↩
  12. « Wagner à Venise », Les Annales, 25 mars 1913. ↩
  13. Yves Stalloni, Écoles et courants littéraires, Nathan université, p. 124. ↩
  14. Henri Regnault (1843 Paris – 1871 tué à Buzenval), fils de Henri-Victor Regnault, physicien et chimiste français. Il fut grand prix de Rome en 1866. On le dit brillant dessinateur et habile coloriste. Ce fut un ami de Mallarmé. Il voyagea en Espagne où il peignit un portrait équestre du Général Prim qui fit sensation au salon de 1869. Outre ce portrait, le Louvre conserve de lui La Comtesse de Barck, habillée en Espagnole. ↩
  15. Mes Cahiers, tome XVII, OMB, p. 279. ↩
  16. Fusil de guerre à aiguille utilisé par l’armée française entre 1866 et 1874, du nom de son inventeur. ↩
  17. Mes Cahiers, tome XVII, OMB, p. 279. ↩
  18. Ibid., p. 279. ↩
  19. Chronique de la Grande Guerre, 14 volumes, Plon, Paris, 1920. ↩

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