L’histoire des relations internationales n’est pas seulement diplomatique et politique, mais aussi culturelle et sociale. Maurice, Vaïsse, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris, nous présente dans cet ouvrage des histoires croisées – de l’Est en Ouest, du Nord en Sud, relayant un ordre à un autre, jusqu’à nos jours…
Les aspects politiques y sont abordés en priorité et les acteurs de cette histoire sont les Etats ou les organisations gouvernementales. Le thème traité étant assez vaste, pour la commodité de la lecture et une meilleure compréhension de l’analyse proposée, l’auteur organise son récit par tranches chronologiques. Le choix des césures chronologiques et des thèmes sont explicités dans le cours de son exposé soulignant notamment que “les césures chronologiques ne valent pas nécessairement pour le monde entier. Avec l’entrée des mondes extra-européens dans les relations internationales qui étaient jusqu’alors le privilège des nations européennes, la « logique » des cycles varie de l’un à l’autre”.
C’est la fin de la Deuxième Guerre mondiale qui marque une césure majeure dans les rapports entre nations. Face au déclin des états européens, on assiste à la naissance et à la confrontation d’un monde bipolaire : l’affrontement entre les Etats-Unis et l’Union soviétique est politique et idéologique : c’est la guerre froide. Les peuples colonisés s’affranchissent de la domination européenne.
À partir des années soixante-dix et plus particulièrement en 1973 sous l’effet de la crise pétrolière, du désordre monétaire et de la multiplication des tensions, c’est la déstabilisation qui domine dans tous les domaines : de nouveaux terrains d’affrontement et de nouveaux enjeux surgissent. “Au tournant du siècle, on se trouve à l’aube d’un monde nouveau, mouvant et imprévisible.” souligne Maurice Vaïsse. “La mondialisation est en marche avec l’extension du libre-échange aux anciens pays d’économie collectiviste, l’adoption généralisée des lois du marché, l’explosion de la nouvelle économie et la tendance à la mobilité des capitaux, avec pour conséquence, une interdépendance accrue de la planète, sans pour autant qu’existent des moyens de régulation adaptés”.
Au phénomène de la globalisation s’ajoute le changement du système international révélé par le choc du 11 septembre 2001 qui n’a pas fini d’étendre ses effets ; d’où un paysage marqué par la révolution des moyens de communication, l’émergence économique des puissances asiatiques, une grande sensibilité des régions développées aux risques, enfin par une situation d’échec des Etats-Unis qui avaient cru imposer leur ordre.
Plusieurs phénomènes internationaux structurent actuellement le nouvel état de la planète et contribuent à redistribuer la puissance et à reconfigurer le monde, explique Maurice Vaïsse. “Ce sont la pression du marché dans un univers mondialisé, l’ascension des pays émergents partisans d’une libéralisation des échanges, l’importance des phénomènes migratoires et des heurts religieux, la remise en question de la validité de la construction européenne et par-dessus tout, le basculement du monde”.
L’auteur consacre enfin un chapitre à l’ordre international défié (2013…) : il passe en revue les crises et tensions qui secouent le monde actuellement : la crise ukrainienne et la Crimée, les printemps arabes et les guerres de religion, l’Afrique, ce “continent troublé et convoité”, le vent de changement en Asie, l’Europe en crise…
C’est un ouvrage de synthèse et de référence utile pour les chercheurs et les étudiants et aussi pour un large public.
Maurice Vaïsse
Les relations internationales depuis 1945
14e édition
Armand Colin, 2015
384 p. – 29 €