Dans une lettre ouverte à Roselyne Bachelot, Valérie Bazin-Malgras, députée de l’Aube, membre de la commission des Affaires culturelles et de l’Education, rapporteure pour avis de la mission Culture, déplore un budget qui n’est pas à la hauteur de la crise traversée par le milieu culturel.
Le 21 octobre dernier, il vous a été remis mon rapport pour avis sur les crédits de la mission Culture dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2021.
Si votre Ministère annonce un budget en augmentation, pour autant, celui-ci n’est pas à la hauteur de la crise traversée par le monde culturel du fait de l’épidémie de Covid-19.
Au final, le montant des crédits dévolus à la mission Culture cette année correspond à peu près à son niveau de 2010.
Vous n’êtes pourtant pas sans savoir que le contexte n’est pas du tout le même. Cette année, le spectacle vivant a perdu 72 % de son chiffre d’affaires, le monde du patrimoine -36 %, les arts visuels -31 %, l’industrie du livre -23 % tandis que l’audiovisuel et le cinéma accusent au moins 20 % de pertes.
Ce sont des milliards d’euros de chiffre d’affaires en moins pour l’année 2020 avec une crise dont on ne voit pas l’issue. Il est ainsi permis de penser que l’année 2021 devrait prolonger cette sinistre tendance.
Alors que des soutiens massifs devraient être déployés en faveur du spectacle vivant, des cinémas, du secteur de la musique, des musées et sites patrimoniaux, pour les aider à faire face à la crise et à l’absence d’activité et de public, les enveloppes consacrées demeurent limitées.
Dans le même temps, votre budget prévoit des dépenses pharaoniques en faveur de projets qui ne correspondent pas à l’urgence du moment.
C’est notamment le cas avec le projet de rénovation du Grand Palais.
Vous avez abandonné le projet initial de transformation de ce grand édifice car vous le jugiez démesuré. Pourtant vous avez prévu la même enveloppe colossale de 466 millions d’euros dont 30 millions d’euros de réserve de précaution à laquelle il faut ajouter le coût de dédit auprès de l’agence d’architecte chargée du projet initial.
Nous sommes en présence d’une véritable gabegie qui aurait pu rester limitée si l’Etat avait réagi plus tôt face à la dérive du projet initial.
Nous pouvons surtout nous étonner qu’avec ce projet l’on fasse moins au même prix !
Autre choix budgétaire qui interroge : l’abondement de 100 millions d’euros supplémentaires en faveur de la rénovation du château de Villers-Cotterêts dans le cadre du plan de relance.
Alors que nous avons un secteur culturel en souffrance et au bord du gouffre, une telle somme aurait dû être fléchée en priorité vers les acteurs culturels. On peut ainsi se demander si la volonté présidentielle n’est pas venue percuter les besoins du monde culturel.
Les sommes disproportionnées mobilisées pour ce projet présidentiel viennent par ailleurs à manquer pour le petit patrimoine. Nous pensons au patrimoine privé des zones rurales et au patrimoine des collectivités locales qui manquent cruellement de fonds pour entamer des rénovations toujours plus urgentes. Vous ne leur consacrez que 40 millions d’euros, répartis sur deux années.
Les crédits qui leurs sont dédiés sont pourtant un levier d’activité important, répartis sur tout le territoire et rapidement mobilisables qui permettraient une relance forte et rapide. Ils seraient beaucoup plus efficaces dans le cadre du plan de relance.
Voilà, Madame la Ministre, comment les projets de l’exécutif auquel vous appartenez viennent capter des moyens financiers colossaux au détriment d’un monde culturel en ruine.
Que d’écueils pour un budget qui doit répondre à une crise majeure !
Madame la Ministre, il est impératif de proposer un budget plus efficient qui s’adresse en priorité aux acteurs culturels dans les territoires. Ils souffrent ! Ils ont actuellement bien plus besoin de l’aide financière de l’Etat que les projets démesurés que vous privilégiez.
Il faut absolument que vous revoyiez vos priorités budgétaires pour éviter la catastrophe qui attend le secteur de la Culture.
Valérie Bazin-Malgras, Députée de l’Aube, Membre de la commission des Affaires culturelles et de l’Education, Rapporteure pour avis de la mission Culture ; Emmanuelle Anthoine, Députée de la Drôme ; Thibault Bazin, Député de Meurthe-et-Moselle ; Valérie Beauvais, Députée de la Marne ; Ian Boucard, député du Territoire de Belfort ; Jean-Yves Bony, Député du Cantal ; Jean-Luc Bourgeaux, député de l’Ille et Vilaine ; Fabrice Brun, Député de l’Ardèche ; Jacques Cattin, Député du Haut-Rhin ; Olivier Dassault, Député de l’Oise ; Eric Diard, Député des bouches-du-Rhône ; Julien Dive, Député de l’Aisne ; Fabien Di Filippo, Député de Moselle ; Sébastien Huyghe, député du Nord ; Frédérique Meunier, Député de Corrèze ; Maxime Minot, Député de l’Oise ; Gérard Menuel, Député de l’Aube ; Bérangère Poletti, Député des Ardennes ; Nathalie Porte, Député du Calvados ; Aurélien Pradié, Député du Lot ; Julien Ravier, Député des bouches-du-Rhône ; Frédéric Reiss, député du Bas-Rhin; Raphaël Schellenberger, Député du Rhin ; Jean-Louis Thiériot, Député de Seine-et-Marne ; Robert Therry, Député du Pas-De-Calais ; Laurence Trastour-Isnard ; Députée des Alpes Maritimes ; Isabelle Valentin, Député du Rhône; Pierre Vatin, Député de l’Oise ; Arnaud Viala, Député de l’Aveyron ; Jean-Pierre Vigier, Député de Haute-Loire; Stéphane Viry, Député des Vosges.