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dans Culture, N°1101

Mythes antiques pour le temps présent – La vie, le sexe, la mort

Alain MeiningerParAlain Meininger
13 mars 2022
Mythes antiques pour le temps présent – La vie, le sexe, la mort

Pour la Revue Politique et Parlementaire, Alain Meininger a lu Mythes antiques pour le temps présent – La vie, le sexe, la mort, le dernier ouvrage d’Yves Meny paru aux éditions L’Harmattan.

Est-il besoin de présenter Yves Mény, auteur d’une quinzaine d’ouvrages de sciences politiques, les deux derniers ayant récemment fait l’objet d’une recension dans ces colonnes ? Professeur agrégé des Facultés de droit, politologue de renom dont nombre de livres furent traduits, ancien président de l’Institut universitaire européen de Florence – la précision a son importance ici – Yves Mény ne cesse dans ses derniers livres d’interroger la solidité et la pérennité de nos architectures politiques et sociétales à la lumière, désormais, de l’apport méditerranéen antique. Démarche fructueuse et sans doute salutaire en ces temps où l’hubris du jour se déchaîne contre la culture grecque, la pertinence de ses enseignements et l’utilité de sa transmission au nom du « déconstructivisme » et des derniers anachronismes en vogue.

À part Faust et Dom Juan, dit-on souvent, l’époque moderne n’a pas produit de mythes. Funeste présage si, comme nous le dit Barbara Cassin « Les mythes enseignent l’intelligence du sens et la nécessité d’interpréter ». Serait-ce parce que les grecs ont tout dit ? Parce qu’en s’abritant derrière des dieux et des héros, les mythes hellènes nous parlent de nous, ils ne cessent de fasciner ; et l’auteur d’énumérer les expositions qui, ces trois dernières années, se tinrent en Europe autour de la mythologie grecque. Il n’est pas jusqu’à l’Opéra de Paris, serait-on tenté d’ajouter, qui ne vienne de ressortir des cartons le très bel Œdipe de Enesco. Étonnant quand on sait l’état de l’enseignement du grec ancien en France. Vivrait-on un moment mythologique ? La vie, le sexe, la mort : ainsi sont intitulées les trois parties de cet ouvrage magistral d’érudition, derrière des abords modestes, qui contient quelque vingt-cinq chapitres, courts pour la plupart. Impossible d’en décrire le contenu de façon exhaustive. L’ampleur de la réflexion suscitée chez le lecteur impose des choix. Mais tous donnent à voir que chacun de ces mythes, plus encore qu’aux temps anciens, trouve un écho démultiplié dans la vertigineuse expansion des techniques et des sciences que nous connaissons.

La première partie invite à d’utiles introspections sur la procréation (très) assistée, l’eugénisme et l’abandon d’enfants ou le véganisme. Si le chapitre « Humanoïdes » conduit à de pertinentes réflexions sur les robots, les drones et les questions éthiques corrélées, celui intitulé « Narcisse, des miroirs par milliards » revient sur Narcisse et Echo – un des thèmes les plus accessibles et les plus célèbres des Métamorphoses d’Ovide – et c’est peu de dire que l’égotisme exacerbé des réseaux sociaux et la pratique compulsive des selfies en illustrent la dérive moderne. « Les paroles qui volent… », jolie périphrase que nous devons à Homère, renvoie sans surprise à notre pratique d’internet, tandis que « Le regard qui tue » autorise, à partir des mythes d’Orphée, d’Actéon ou de Méduse, à s’interroger sur ces meurtres d’aujourd’hui, perpétrés pour un regard perçu comme offensant. La deuxième partie de l’ouvrage recèle de passionnants développements sur le genre, l’orientation sexuelle, l’inceste, le viol et la réduction des femmes au statut d’objet dont les tristes sorts de Briséis et Chryséis sont l’antique et archétypique illustration. Et qui, dans le chapitre intitulé « Virginité : au clair de la lune… », pourrait demeurer insensible à l’émouvante méditation de Jean-Pierre Vernant sur « le viol de la vierge » du 20 juillet 1969, sacrilège technologique qui nous empêche désormais et pour toujours de contempler Séléné avec les yeux de nos ancêtres ?

La dernière partie, consacrée à la mort, pour être la plus courte n’en est pas la moins dense. « Mort » nous rappelle qu’entre les religions révélées qui annoncent l’éternité et les savants fous qui promettent l’immortalité, les Grecs ont sagement trouvé la voie médiane. Le prolongement infini de la vie « sans ses corollaires de jeunesse, de beauté et de bonheur » est une impasse ; sage est le choix d’Achille qui préféra en définitive la mort et une gloire immortelle à une longue vie sans relief. Ce que fit aussi Ulysse en rejetant la proposition de Calypso de le retenir dans ses rets et que Jean-Pierre Vernant – encore – dénomme « refus héroïque de l’immortalité ». Retour à Faust… Tout peut s’acheter sauf l’éternité. Loi d’airain dont les actuels transhumanistes comme Peter Thiel, Larry Page ou Sergey Brin cherchent à s’affranchir en se fixant pour objectif de « tuer la mort ». Demeure qu’Eros et Thanatos qui tous deux nous ravissent, l’un de plaisir et l’autre à l’affection de nos proches – troublante dualité du langage – sont comme Freud l’a montré, deux pulsions mêlées et opposées. Sida et coronavirus ont développé à la fois une crainte de la mort et une volonté effrénée de jouir de la vie, quitte à en mourir.

« La mort aux aguets : de la peste de l’Iliade au coronavirus » retrace la peste à Thèbes en expiation du parricide d’Œdipe et la volonté d’y voir une punition divine, tentation dont la religion chrétienne, après les Grecs et les Romains, s’emparera à son tour. Parmi les Anciens, seul Thucydide se montre détaché d’une telle interprétation, observant de manière clinique le comportement des Athéniens lors de l’épidémie de – 430. Poignante enfin est l’évocation de la déambulation solitaire du Pape François, le 15 mars 2020, dans une Rome confinée et déserte, passant d’une église à l’autre, de Santa Maria Maggiore à San Marcello, dans les traces de Grégoire 1er en 593, ou, plus tard de Grégoire XVI. On lui rendra grâce de n’avoir point présenté le coronavirus comme une punition divine infligée aux pécheurs ; il est vrai que la pandémie s’était, dans quelques pays dont la France, subitement emballée suite à des regroupements religieux.

Le livre chemine comme en miroir, l’infinie richesse de l’iconographie italienne illustrant les mythes hellènes. Démarche assumée dès les pages de garde avec une sculpture de Faune d’Onofrio Pepe, né en 1945, sculpteur florentin de la mythologie grecque. Le phénomène est des plus compréhensibles du fait du syncrétisme opéré au cours des siècles, de l’effacement grec – peu de traces matérielles nous sont au final parvenues – et de la connaissance incomparable qu’a l’auteur, de par son implantation toscane, de l’Italie antique et renaissante. Pour les amoureux de la péninsule, l’émerveillement est à chaque ligne. On y découvre ou redécouvre des trésors comme les deux splendides guerriers de Riace, ou cette curieuse Baubo, pendant féminin de Priape, qui a longtemps déconcerté les mythologues et dont la transposition moderne nous a été fournie tant par Magritte dans son tableau « Le Viol » que par le bronze de Rodin « Iris, la messagère des dieux ». Plus classiquement, on embarque dès la première ligne à la Villa Kerylos de Beaulieu-sur-Mer, survivance tragique d’une passion vouée à une civilisation symbolisant la beauté, pour une pérégrination qui, de la galerie des Carrache du Farnèse au « Cristo velato » de la chapelle Sansevero de Naples, du Christ ressuscité de la Santa Maria Sopra Minerva à la Sainte Thérèse d’Avila de Bernini, des palais de Mantoue à la Villa Hadriana ou de San Domenico di Fiesole à l’église palladienne du Redentore sur la Giudecca, nous amène à regarder d’un œil nouveau des œuvres ou des lieux trop observés ou parcourus pour que nous fussions à même de soupçonner, ne serait-ce qu’un instant, qu’ils aient pu receler encore une part de mystère.

La bibliographie éclaire, s’il en était besoin, le caractère encyclopédique des connaissances sollicitées. Les Anciens, certes, dont aucun, d’Aristophane à Sophocle en passant par Aristote, Platon, Homère et bien sûr Thucydide, ne manque à l’appel. Les modernes ensuite qu’on ne finirait pas d’énumérer : Barbara Cassin, Jean-Pierre Vernant, Raphaël Doan, Eva Cantarella, Jacqueline de Romilly, M. Yourcenar, Fustel de Coulanges, C. Castoriadis, P. Boucheron, J.-P. Sartre, H. Arendt, S. Weil, R. Barthes, A. Camus, M. Foucauld, P. Nora, S. Zweig, pour ne citer que les signatures les plus prestigieuses. Encore faudrait-il ne pas omettre quelques-uns de ceux croisés ça et là dans le corps du texte comme Mircea Eliade, Lévi-Strauss, Sylvain Tesson, Christopher Lasch ou Umberto Eco.

Impossible, enfin, d’éluder les débats actuels sur la pâleur, due à l’inachèvement ou à l’usure des siècles, des statues de la Grèce antique – notons au passage que dans les textes originels, Narcisse est décrit comme ayant un teint d’une blancheur de neige – ou les lacunes d’une démocratie érigée en exemple alors qu’elle excluait femmes, métèques et esclaves. Ces controverses anglo-saxonnes – de la « Grèce blanche » de Winckelmann (1717 -1768) au suprémacisme blanc, en passant par la « Black Athena » de Bernal – sont abordées par l’auteur avec placidité et une distanciation de bon aloi. Essentielle nous semble, pour conclure, l’une des dernières leçons de ce beau livre : « Les Grecs nous ont laissé une méthode : ils ont inventé des dieux qui couvrent tout l’arc des passions humaines, du meilleur au pire. Ils ne nous ont pas proposé un dogme ou une vérité révélée. Ils ont, en multipliant les mythes et en développant des arguments soutenus par la logique et la raison, tenté d’approcher au plus près la vérité de l’homme ».

Alain Meininger

Mythes antiques pour le temps présent
La vie, le sexe, la mort
Yves Mény
Editions l’Harmattan, 2021
234 p. – 25 €

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