L’état désastreux de l’économie est le plus grand défi auquel est confronté le cabinet du nouveau président iranien, Ebrahim Raïssi. Selon les médias pro-régime, 80 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
L’une des promesses de campagne électorale d’Ebrahim Raïssi était d’améliorer la situation économique. Cependant, celle-ci continue de s’aggraver de jour en jour. Le 2 octobre 2021, le journal pro-régime Jahan-e-Sanat rapportait : « Le pouvoir d’achat des Iraniens a fortement chuté, ils ont des difficultés à acheter des produits de première nécessité, la consommation de viande, d’œufs et de produits laitiers a chuté de 50 %. » Le rapport ajoute : « Au cours de l’année écoulée, la consommation de produits alimentaires importés a diminué de 40 à 50 %, ceci démontre que les Iraniens s’appauvrissent et ont des difficultés à se nourrir ».
Selon le journal gouvernemental Kar-o-Kargar du 3 octobre, « la hausse des prix et la montée de l’inflation ont fait passer le coût de la vie de 40 millions de tomans (la devise iranienne) par an en 2018 à plus de 63 millions de tomans en 2021 ». Même s’il vit dans l’un des pays les plus riches du monde, le peuple iranien a de graves difficultés à se procurer des produits de première nécessité.
Une corruption enracinée
Il existe une grande différence entre les pays où la corruption est un phénomène de « cas unique », qui provoque parfois des scandales, et les pays en proie à une corruption « systématique » en raison de son caractère profondément enraciné et généralisé. Dans ce dernier cas, la lutte contre la corruption n’est que la mise en scène d’actions inefficaces et dénuées de sens.
La corruption en Iran, y compris au sein de toutes les institutions de l’Etat, est un phénomène « systématique » car basé sur la culture politique hautement discriminatoire des mollahs, divisant la société en « initiés » et « étrangers ». Les défenseurs du Velayat-e-Faqih provoquent et soutiennent automatiquement cette discrimination et cette corruption.
Selon Transparency International, l’Iran s’est classé 151e sur 180 pays dans l’indice mondial de perception de la corruption (IPC) en 2020.
L’ensemble de la société iranienne souffre de cette corruption systématique qui engendre l’effondrement complet de la « confiance » à l’égard du régime et une crise de sa légitimité. En retour, les autorités de Téhéran intensifient la répression.
Selon diverses estimations, environ 70 à 80 % du PIB de l’Iran est dominé par des institutions gouvernementales et semi-gouvernementales.
Les Gardiens de la révolution contrôlent plus de 60 % de l’économie iranienne et environ 70 % du budget total du pays appartient à des entreprises ou à des « initiés » travaillant apparemment pour l’État.
Les membres du cabinet d’Ebrahim Raïssi comptent parmi ceux qui possèdent et contrôlent de nombreux secteurs de l’économie iranienne.
La corruption généralisée du gouvernement est bien enracinée et organisée au sein du régime. Mehdi Jahangiri, frère de l’ancien vice-président, Eshagh Jahangiri, en est l’illustration. Il a récemment été condamné à deux ans de prison pour corruption. Dans une interview, Eshagh Jahangiri parle de son frère et reconnaît la corruption institutionnalisée et généralisée en Iran.
Selon la Banque centrale iranienne, 180 milliards de dollars ont été sortis du pays en 1997 et 1998, en ne sachant pas à quelle fin. Selon des études, avec seulement 35 milliards de dollars, il était possible de fournir des biens et produits essentiels à la population iranienne pendant trois ans.
La corruption débridée est la cause de la pauvreté en Iran
Le détournement de fonds et la corruption qui gangrènent le pouvoir iranien ont conduit à la ruine du pays et à la prise de contrôle de l’économie par la mafia.
Le montant des sommes détournées est tellement important, qu’il n’est pas possible de le quantifier alors qu’il pourrait être utilisé à la construction et au soutien de centaines d’écoles et d’universités.
Le journal d’Etat Jahan-e-Sanat a rapporté les propos de militants travaillant dans l’industrie de la joaillerie : « Si nous n’obéissons pas à la mafia, nous serons renversés ». Ces militants reconnaissent que tous ceux qui travaillent dans ce secteur constatent l’existence d’un réseau mafieux dans ce secteur.
Les œuvres présentées par les artistes et producteurs d’or du pays sont reconnues pour leur qualité et leur diversité comparées aux œuvres d’autres pays. Afin de soutenir la production nationale, le gouvernement a interdit l’importation de produits aurifères. Cette interdiction a créé un vaste marché noir et engendré de la contrebande et d’importantes malversations, entraînant la fermeture d’environ deux mille usines de joaillerie.
Contrairement aux affirmations du régime iranien, les difficultés économiques ne sont pas dues aux sanctions contre le pays. La structure corrompue du régime a transformé l’Iran, pays possédant les deuxièmes plus grandes ressources mondiales de gaz et de pétrole, en une nation frappée par la pauvreté. Ebrahim Raïssi et son gouvernement sont incapables de faire face à la situation et de remédier à la crise économique parce qu’ils sont la source même du problème.
Hamid Enayat
Ecrivain et expert de l’Iran