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dans Politique

Jean Moulin au Panthéon : la psalmodie de Malraux

ParCharles-Louis Foulon
16 décembre 2024
Un élan démocratique pour la panthéonisation de Simone Veil

Panthéon

Le 19 décembre 1964, il y a soixante ans, André Malraux, ministre d’État chargé des affaires culturelles, prononçait l’oraison funèbre de Jean Moulin. Le seul ministre clandestin de la France combattante, fait compagnon de la Libération à Londres dès le 17 octobre 1942, sous le pseudonyme de caporal Mercier, arrêté par la police allemande à Caluire le 21 juin 1943, longuement torturé, était mort en juillet 1943 et ses cendres présumées avaient été déposées au cimetière parisien du Père Lachaise. Le mauvais temps obligea l’écrivain-ministre, lui-même compagnon de la Libération, à saluer le pauvre roi supplicié des ombres dans ce qu’il définit comme une psalmodie hurlée.

Il existe plusieurs tapuscrits de ce discours. Celui qu’il eut entre ses mains place du Panthéon, il le fit aussitôt déposer à la chancellerie de l’Ordre de la Libération, après l’avoir daté et signé « pour notre Ordre ». Pour la préparation du centenaire de naissance du futur général Moulin, ce tapuscrit m’a été confié. Au 60ᵉ anniversaire de cette unique panthéonisation concrétisée pendant la présidence du général de Gaulle, je suis honoré d’en présenter l’analyse dans la Revue politique et parlementaire.

Sur la grande lutte des ténèbres et ses frères « dans l’ordre de la nuit », Malraux a construit un discours extrêmement travaillé. Hanté par la mort pour des raisons familiales1, il s’est consacré à son discours pendant plus d’une semaine de son temps. Dans son agenda de décembre 1964, presque toutes ses tâches disparaissent car il voulut procéder à des vérifications historiques.

Ne cessant de réécrire divers passages, il ne vit pratiquement plus que sa secrétaire Madeleine Caglione. Son discours dépassa vingt minutes pour devenir l’apogée de la mythologie gaullienne.

Les modifications que l’orateur apporta à son texte jusqu’au matin de la cérémonie gardent un sens politique évident. Elles dévoilent aussi l’ambiguïté de cette période dans la vie personnelle de Malraux. Tout peut se lire dans les corrections portées par le ministre-écrivain sur le dernier tapuscrit du texte qu’il utilisa sur la place du Panthéon. Nous rappelons donc ici les suppressions que Malraux a décidées, à la fois pour ce qu’il a dit en présence du général de Gaulle et pour ce qu’il n’a pas publié ou a fait ajouter dans la version définitive de cette œuvre. Elle fournit une vision œcuménique des combats résistants doublée d’une affirmation de la prééminence gaulliste : Moulin et Malraux, hommes de gauche des années trente, incarnent alors ensemble « les figures symboliques de la transcendance nationale ».
Il faut relever d’abord le jugement de Malraux sur la Résistance de 1940-1941, « vaine poussière de courage désarmé », que Moulin veut organiser à partir de janvier 1942. Ces mots justifient, a posteriori, le vaillant combattant de la guerre d’Espagne qui n’a rejoint aucun mouvement résistant avant le printemps 1944. Mais le ministre a senti que sa « vaine poussière » blesserait ; il a donc préféré parler d’une Résistance qui n’était encore qu’un désordre de courage. Afin de ne pas choquer l’Armée, à la formule sur « les officiers réactionnaires », il ajouta de sa main « ou libéraux ». Pour n’oublier personne à gauche, il cita les trotskistes à côté des communistes « tous promis à la même délivrance ou à la même prison ».

Parlant moins d’un an avant la première élection présidentielle au suffrage universel, il décida de ne pas faire de cadeau à l’opposition au gouvernement, d’où son renoncement à parler de Jean Moulin comme d’un « préfet de gauche ». La formule de  »préfet radical » remplace la formule originelle et il faudra attendre l’édition définitive du texte pour qu’elle soit rétablie.

Si ce n’est pas ici qu’on peut psychanalyser le paragraphe non écrit initialement, mais prononcé et publié sur Jean Moulin qui « n’a nul besoin d’une gloire usurpée », je crois qu’André Malraux pensait alors à son engagement clandestin tardif. Les réalités gênantes disparurent en conséquence du discours. Le manuscrit conservé à l’ordre de la Libération comporte des mots qui furent prononcés, mais que leur auteur fit disparaître dans l’édition de son texte: « Ce sentiment qui appelle la légende, sans lequel la Résistance n’eût jamais existé – et qui nous réunit aujourd’hui – c’est peut-être simplement l’accent invincible de la fraternité. » Malraux se savait dans le légendaire et son malaise était encore plus perceptible dans la version antérieure de son discours – celle de la Bibliothèque nationale – où il évoquait ce « légendaire, ensemble des sentiments profonds, organiques, millénaires, sans lequel (sic) la Résistance n’eût jamais existé ». C’est parce qu’il n’a pas existé comme Résistant qu’au final, aucune des deux versions de cette phrase ne fut publiée.
Après avoir écrit pour la période du printemps 1944 que « L’organisation de la Résistance (était) en place », comme il savait qu’il était hors de ce système, il ‘oublia’ de prononcer cette phrase. Malraux renonça aussi à se proclamer membre de la délégation clandestine de la France combattante, même s’il a probablement rêvé d’en avoir fait partie. Ses phrases restèrent donc secrètes, qui, évoquant les successeurs de Moulin, énonçaient : «comment oublierai-je leur phrase amèrement obsédante, quand nous quittions les délégués de l’un des mouvements de Résistance pour aller à la rencontre des délégués d’un autre ? » Général à 29 ans et lui aussi compagnon de la Libération, Jacques Chaban-Delmas a su, plus tard, éclairer la vérité de Malraux, devenu l’âme de la Résistance : « Au commencement était le verbe. « L’action est venue ensuite. ».

Pour la panthéonisation de Moulin, le ministre a voulu également écrire : « Depuis des milliers d’années, les Résistances ont remplacé leurs morts ; mais en combien de temps ? « Et dans la nôtre, comme la mort avait (déjà terriblement) choisi. » Les deux mots entre parenthèses avaient été rayés sur le manuscrit, mais c’est toute la phrase que son auteur jugea impossible à prononcer puis à publier. Les sentiments qu’on y devine recouvrent surtout les disparitions tragiques de ses deux frères Claude et Roland, arrêtés début 1944 et engloutis dans la machine de terreur édifiée par le Reich nazi. Claude, arrêté à Rouen le 8 mars 1944, fut fusillé en Pologne, avec dix-huit autres jeunes officiers du SOE – la section française des services spéciaux britanniques. Roland, arrêté le 21 mars 1944 à Brive, déporté au camp de Neuengamme, mourut après le mitraillage du Cap Arcona, en rade de Lübeck, le 3 mai 1945.
L’allocution prononcée en mémoire de Jean Moulin, le 19 décembre 1964, arracha définitivement à l’oubli le préfet martyr, Carnot de la Résistance. Elle présente une dramaturgie épique, par séquences qui complètent la silhouette au chapeau de Jean Moulin, en passe de devenir une image iconique de la Résistance. Défilent alors, se superposant, les silhouettes noires des femmes de Corrèze, immobiles face à l’ennemi pour porter en silence le deuil de la France et de ses héros aux noms inconnus. En écrivain, Malraux dresse le long cortège de la souffrance et de ses ombres défigurées, les lèvres muettes des corps torturés, le sacrifice des martyrs suppliciés dans les caves et les camps. Il célèbre ses camarades en haillons et aux mains nues qui combattent à quatre pattes sous les chênes nains du Querçy aussi bien que ceux qui ont affronté Rommel à Bir Hakeim. Après le discours pour le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, prononcé en présence du général de Gaulle, chacun des anciens de la Deuxième Division Blindée voudra qu’on se souvienne qu’il fut l’un des clochards épiques de Leclerc.

Les vétérans de la Première Armée du général de Lattre envieront aussi les volontaires de la Brigade Malraux. Même si certains d’entre eux, dépeints ailleurs comme semblables aux laboureurs du Moyen Age, ont senti leur colonel Berger, replié dans une rêverie profonde, ils ont aimé que leur chef charismatique sache faire surgir leur route, une droite ligne de givre, entre de hauts labours bosselés, vers Dannemarie qui flambait.

De septembre 1944 à la dissolution, le 16 mars 1945, de la brigade Alsace-Lorraine à laquelle il donna son nom et des chefs prestigieux, André Malraux avait risqué plusieurs fois la mort. Il a redécouvert alors, comme l’a montré Pierre Laborie, « tout un ensemble de valeurs, de moteurs de l’action, de sentiments collectifs qui vivent et se perpétuent hors des systèmes organisés de pensée ». C’est cet ensemble de faits réels, de souvenirs et de transfigurations artistiques qui éclairent le discours du 19 décembre 1964 et lui donnent toute sa force. Réconciliant son vécu et ses rêves en rejetant l’idée d’une gloire usurpée, allant de l’expérience à la transcendance, Malraux a fait de la Résistance un des événements par lesquels « l’homme arrache quelque chose à la mort » et de Jean Moulin la figure majeure des martyrs de son temps.

Charles-Louis Foulon

Charles-Louis Foulon

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