Le centre droit ne désigne, ni une force politique particulière, non plus qu’un corpus doctrinal, en dépit du galvaudage de cette expression. Ce n’est pas une donnée de la vie politique stable et l’exemple qu’en offre, depuis le début de la 16è législature, en France, le groupe « LIOT », à l’Assemblée nationale, établit éloquemment l’empirisme qui guide ceux qui l’illustrent occasionnellement.
« En ce dernier vote pourtant, la droite, le centre, avaient flotté, jugeant pour Robespierre d’abord ; puis, sans juger contre lui, sans renvoyer l’examen de son discours aux comités, comme le voulaient ses ennemis, ils avaient ajourné le tout, révoqué l’envoi aux départements.
Grands signes d’indécision ! »
Jules Michelet, Histoire de la Révolution française, Livre XXI, Chapitre IV.
La seizième législature de la Vè République française aura été marquée par un regain de l’institution parlementaire, tout particulièrement de l’Assemblée nationale, après une longue période d’hypnose. Assurément, la circonstance tenant à ce que le gouvernement de Madame Elisabeth Borne, puis celui de Monsieur Gabriel Attal, soient minoritaires en a été la cause. Dans ce contexte, les oppositions ont pu exister plus facilement, il leur a été loisible de prouver aux partis soutenant le pouvoir exécutif leur minorité et, ainsi, faire jouer les ressorts du parlementarisme, fréquemment engourdis sous la Vè République. L’existence du groupe parlementaire « LIOT », pour « Libertés, Indépendants, Outre-Mer et Territoires », à l’Assemblée nationale n’est pas, par elle-même, emblématique de ce regain.
Sous la quinzième législature (2017-2022), avaient existé plusieurs groupes, à l’Assemblée nationale, qui s’étaient voulus, peu ou prou, des groupes charnières, formés autour de dissidents des partis politiques soutenant les gouvernements de M. Emmanuel Macron, aussi bien que des députés venus de la droite d’avant 2017 et désireux de s’en rapprocher[1]. Toutefois, les uns et les autres n’avaient pas réussi à se faire entendre, la République en Marche et le Modem ayant disposé, jusqu’au terme de la législature, d’une majorité absolue au sein de la chambre basse.
Depuis 2022, tel n’est plus le cas. Les gouvernements sont minoritaires (celui de Monsieur Gabriel Attal, comme celui de Madame Elisabeth Borne), circonstance qui, conséquemment, aurait dû les contraindre à chercher des appuis auprès des oppositions.
Dans cette voie, le groupe dit : « LIOT » eût pu être le vivier de majorités d’appoint.
Sa composition y invitait. Jugeons-en : 5 membres de l’Union des Démocrates et des Indépendants (UDI), 2 apparentés républicains, 1 divers droite proche de Renaissance et ayant finalement adhéré à l’UDI, 1 membre de Les Centristes, 1 radical valoisien, 1 membre de Guadeloupe Unie, Solidaire et Responsable, 5 ex-PS, ayant appartenu à son aile droite, 3 nationalistes corses et 1 régionaliste breton, ex-UDB (Union Démocratique Bretonne) et ancien membre de « La République en Marche », auraient dû constituer un atelier dans lequel auraient été ciselées des majorités de projets, peut-être scellées, s’agissant du groupe en question, d’une alliance, sous forme de pacte, conclue avec les partis de gouvernement (Renaissance, Modem, Horizons).
Il n’en fut rien et le groupe LIOT joignit sans détour l’opposition[2], l’intransigeance du gouvernement, lors de la réforme des retraites, aidant.
Ce faisant, le groupe LIOT ressuscita le centre droit, une posture dont on qualifie, sans raison et donc, abusivement, nombre de partis politiques (pour limiter notre propos à quelques exemples, le parti conservateur britannique, Forza Italia en Italie, le parti populaire en Espagne, le parti social-démocrate au Portugal et la Nouvelle Démocratie en Grèce, ont été qualifiés sans explications, ni démonstration, de la part de la presse française, comme illustrant le « centre droit »). De sorte qu’à lire ou écouter certains commentaires, tout parti conservateur libéral de par le monde, pourrait être constitutif du « centre droit ».
C’est fort mal connaître ou bien abuser d’une expression, qui a pourtant une signification précise, laquelle, en France, trouve ses racines, au sein du Parlement, dans les années ayant vu les balbutiements de la Troisième République.
Par commodité, nous nous accordons dans ces lignes avec la définition du « centre droit » utilisée par Maurice Duverger : « Les uns (l’auteur parle des conservateurs) veulent conserver l’ensemble de l’ordre existant, en usant de la violence pour empêcher tout changement : c’est l’extrême-droite. Les autres acceptent de faire la part du feu, de céder sur quelques points de détail, pour maintenir l’essentiel : c’est le centre droit. [3]»
La résurrection de son incarnation, en France, sous les traits du groupe LIOT, offre l’occasion de l’étudier de manière approfondie. C’est ce que nous nous proposons d’entreprendre et nous signalons d’emblée que le lecteur constatera à loisir que notre propos est, principalement, axé autour des attitudes de groupes parlementaires et non de partis politiques eux-mêmes et a fortiori, de mouvements de l’opinion véhiculés par des groupes d’intérêts.
A cela deux raisons. La première tient à ce que « LIOT » soit un groupe parlementaire, de l’Assemblée nationale, plus précisément et exclusivement, auquel aucun parti ne peut, hors les murs de l’Assemblée nationale, répondre parfaitement. La présente étude se devait donc de situer son terrain en privilégiant les postures des groupes parlementaires, davantage que celles des partis politiques ou des réseaux d’influence, y compris philosophiques, dont ils sont les interprètes.
La seconde réside dans des précautions méthodologiques qui nous ôtent toute tentation de classement hâtif des partis sur une échelle gauche/droite, rejoignant ainsi et faisant nôtre la démonstration magistrale d’un éminent auteur sur cette question[4], que vient conforter certaine observation de l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Monsieur Philippe Séguin, selon laquelle : « Et l’erreur tient justement à ce que l’on a trop souvent confondu le « centre » comme idéologie et le « centre » comme lieu de pouvoir. »[5]
Dans cette perspective, l’on mettra en exergue, successivement, les deux façons d’être de centre droit : celle de la droite conciliante, puis celle de la gauche transfuge.
Le centre droit, figure de la droite conciliante
L’origine du « centre droit », sauf à en dénaturer la signification, est à rechercher au sein de l’Assemblée constituante élue le 8 février 1871, durant la législature courant jusqu’en 1876, qui vit l’Assemblée nationale adopter les lois constitutionnelles de la Troisième République. Parmi les forces politiques qui composaient l’Assemblée, la ligne de départage entre la droite et la gauche séparait les monarchistes des républicains et en 1871, rien ne paraissait pouvoir unir les uns aux autres.
Les monarchistes se répartissaient entre légitimistes, orléanistes et bonapartistes ; les républicains, entre modérés et radicaux, à l’origine, pour les premiers, des groupes de la gauche républicaine et de l’union républicaine et pour les seconds, de celui de l’extrême gauche. Et l’on sait que les monarchistes, autrement dit la droite, étaient majoritaires et qu’était prévue et attendue une restauration dynastique. Cette dernière n’eut pas lieu, en raison de l’obstination du comte de Chambord et cette attitude entraîna une scission chez les orléanistes. Alors que certains légitimistes formait un groupe dit « d’extrême-droite », aligné sur l’intransigeance du comte de Chambord, une « droite » se détachait, formée de légitimistes unionistes, de bonapartistes et d’orléanistes. Enfin, un groupe dit de « centre droit »[6], fait d’orléanistes et de quelques bonapartistes, se détournait de l’union des droites et acceptait de se concilier avec les républicains modérés des groupes de la gauche républicaine et de l’union républicaine.
Ce fut l’attitude du centre droit qui permit, à l’aide de compromis trouvés avec les groupes des républicains modérés, de fonder les institutions de la Troisième République[7].
Si une fraction du centre droit devint franchement républicaine, dans le sillage de Thiers, sous le nom de « centre gauche »[8], changeant ainsi littéralement de camp, le centre droit demeura monarchiste, mais son attitude conciliante avait permis à la République d’exister pleinement. En résumé, le centre droit, sans se rallier, avait accepté de se placer sur le terrain de la gauche et l’on constate que les termes mêmes de « gauche » et de « droite », comme ceux de « centre gauche » ou de « centre droit » étaient d’origine purement parlementaire, avant que d’être repris par l’opinion et le langage courant[9].
Cette même attitude se retrouva dans des circonstances toutes autres, à la Libération, durant la période qui mena à la Constitution du 27 octobre 1946, puis durant les premiers mois de la première législature de la Quatrième République, jusqu’au départ des ministres communistes du premier gouvernement Ramadier. La majorité issue des urnes (élections à l’Assemblée constituante du 21 octobre 1945 et du 2 juin 1946 et élections législatives du 10 novembre 1946), était composée de trois partis : le Mouvement Républicain Populaire (MRP), la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) et le Parti Communiste Français (PCF), autrement dit, le « tripartisme ».
La gauche, socialiste et communiste, était en force ; toutefois, le MRP démocrate-chrétien la pondérait. En participant aux gouvernements de Gaulle, Gouin, Bidault et Ramadier, de 1944 à 1947, cette formation de droite, qui ne renia jamais son attachement à l’économie de marché, adopta une attitude de centre droit[10]. Elle ne devint pas socialiste pour autant[11], tout comme le centre droit, dans les années 1870, ne fut pas républicain. Cependant, elle participa à des gouvernements dominés par la gauche et ce fut pendant la période où le « tripartisme » dirigea les affaires du pays, que furent adoptées d’importantes lois indiquant l’empreinte de la SFIO et du PCF : nationalisations des Houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais, des Charbonnages de France, de la Banque de France, de Renault, du transport aérien, des principales banques de dépôt, des compagnies d’assurances et du secteur de l’énergie (électricité et gaz), mais aussi création des comités d’entreprise et généralisation de la sécurité sociale pour les travailleurs salariés, sans omettre le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, dont la rédaction renseigne sur l’influence de la SFIO.
Le dernier exemple en date, d’un centre droit remarquable, put être constaté de 1988 à 1993, lors de la neuvième législature de la Ve République.
La réélection de François Mitterrand, consensuelle, avait désorienté la droite en 1988 et corrélativement, l’union de la gauche n’était plus de mise.
Le Président réélu parlait d’ouverture et des personnalités provenant du parti républicain, du centre des démocrates sociaux ou du parti radical valoisien, prirent part au gouvernement Rocard, après les élections législatives tenues les 5 et 12 juin 1988. Si ces membres du gouvernement Rocard purent être taxés de « centre gauche » dans le contexte de l’époque, des députés, sans se rallier à M. Mitterrand et sans lui offrir une majorité qu’il ne possédait pas, formèrent un groupe, l’UDC (Union Du Centre), issu de l’Union pour la Démocratie Française (UDF) et composé d’élus appartenant au Centre des Démocrates Sociaux (CDS). L’UDF subsistait néanmoins, et comme confédération partisane, et comme groupe à l’Assemblée nationale, plus à droite que le groupe UDC.
Toutes choses égales par ailleurs, le groupe UDC, qui soutint fréquemment, dans les scrutins, fût-ce en s’abstenant[12], les gouvernements minoritaires de la neuvième législature de la Ve République, fut dans la position du centre droit monarchiste des débuts de la Troisième République. Et nous soulignons à l’envi cette correspondance, car, ainsi que nous l’avons défini, en préambule à ces développements, le centre droit est objectivement plus facile à déceler à travers l’observation des groupes parlementaires, qu’au moyen des actions ou déclarations des partis politiques.
L’UDC eut, à la fois, « une capacité à incarner une recomposition des lignes » et « une impossibilité à sortir de l’opposition, tout en la pratiquant de façon moins radicale[13], ou plus négociée, que ses alliés. [14]»
Dès 1993, date de la fin de cette législature et par conséquent, du groupe UDC, avec le triomphe de la droite lors des élections législatives des 21 et 28 mars 1993 qui s’ensuivit, le centre droit pâlit et devint un souvenir. Jamais l’UDF, puis le Modem, ne convainquirent, par la suite, de leur appartenance à cet espace, leur leader se contentant d’affirmer, au maximum de ses démonstrations d’indépendance d’avec l’UMP, qu’il n’appartenait, ni à un bloc, ni à un autre[15]. Dans les faits, après avoir été l’auxiliaire de l’UMP, l’UDF, puis, le Modem, s’en détachèrent, sans venir sur le terrain de la gauche.
Et il revint donc, à partir de 2022, à ce groupe composite dit « LIOT », de ressusciter temporairement et ponctuellement le centre droit, en mêlant, à l’occasion, ses voix à celles de l’opposition de gauche.
Le centre droit ou la gauche transfuge
Là réside la seconde source du centre droit, l’exacte réciproque du centre gauche de Thiers, Waddington, Dufaure, Ribot, Casimir-Périer et leurs amis, anciens monarchistes ralliés au camp républicain, sous le vocable même de « centre gauche ». Il s’agit du passage d’un groupe ou d’un parti politique réputé de gauche vers la droite.
L’on pourrait y inclure, de prime abord, les républicains les plus modérés qui, de 1899 à 1914, sous les dénominations de « progressistes », puis groupés, à compter de 1903, dans la Fédération Républicaine, dont la modération la rendait méfiante envers la gauche socialiste, si ce ne fût à la gauche radicale-socialiste. Cependant, ces républicains conservateurs ne franchirent pas le pas, jusqu’en 1914, tout au moins, en s’alliant à des forces politiques de droite et en s’y fondant[16]. Ce fut fait, en revanche, lorsque la Fédération Républicaine accueillit dans ses rangs l’Action Libérale Populaire, parti de droite. En tout état de cause, des années d’actions et de propagande anti-socialistes, voire d’anti-interventionnisme de l’Etat dans les affaires économiques, avaient préparé le terrain et la fusion des deux formations apparaît comme une ratification.
Notre prudence dans l’analyse tient aux précautions d’ordre méthodologique exprimées supra et qui s’expliquent en l’espèce, en raison de ce que la Fédération Républicaine était un parti politique, alors que le phénomène que nous décrivons qualifie plus fidèlement la nébuleuse associative qui préexista à l’émergence de la Fédération Républicaine et qui, en raison de sa plasticité, se détachait avec plus ou moins de netteté de l’attitude des républicains modérés « de gauche »[17], lesquels suivirent Waldeck-Rousseau en 1899 dans un gouvernement de « défense républicaine », incluant un socialiste[18].
La Fédération Républicaine, organisation partisane, structura, sans les figer cependant, des composants fluctuants, dont les membres n’avaient pas rompu avec les autres républicains modérés, regroupés dans l’Alliance Républicaine Démocratique[19].
Plus sûrement encore, dès l’Entre-Deux-Guerres, le parti radical, par ses atermoiements et ses vire-voltes, lorsqu’il gouverna avec l’Alliance Républicaine Démocratique et la Fédération Républicaine[20], adopta une attitude de centre droit[21], car il venait de la gauche et en avait été le parti-pivot, central[22].
Ensuite et à partir de 1970, lorsque le parti radical, puis, le seul parti radical valoisien, tournèrent le dos à la gauche et prirent part au Mouvement Réformateur, ce fut un tournant définitif accompli au moyen d’une posture de centre droit[23].
Analogue fut la position du Mouvement démocratique socialiste de France, devenu le parti social-démocrate, qui, de l’ancienne SFIO ou du NPS, abonda le Mouvement Réformateur, puis l’UDF, se rangeant dans un cartel électoral nettement dominé par la droite.
Le ralliement de personnalités socialistes à Monsieur Nicolas Sarkozy en 2007 a également participé d’une orientation de centre droit menée par ces personnalités de gauche faisant volte-face[24].
Enfin, pareille évolution fut conduite par les anciens membres du parti socialiste qui, nombreux, firent partie, dès 2017, de La République en Marche, puis, de Renaissance. L’inflexion similaire adoptée, au même moment, par d’anciens membres des Verts, est évidemment, à situer dans le même ordre d’idées.
Ces quatre derniers exemples qui mettent en scène des partis politiques, plus encore que des groupes parlementaires, ne contredisent pas ce qui a pu être dit supra à titre de repère méthodologique.
Le transfuge se transfigure, à l’inverse de celui qui fait acte de conciliation. L’action de transfiguration, pour sa part, sied parfaitement au parti transfuge qui « change de camp » et qui dès lors, se fond dans un ensemble plus vaste préconçu.
Dans cette dernière hypothèse, venant de gauche, il se contente, au maximum, de former l’appendice le plus près du centre des formations de droite qu’il rejoint. Il abandonne son appareil d’origine pour s’approprier les codes, les valeurs, les pensées et les intérêts de son camp d’accueil.
Il est, par conséquent, assez logique de constater que des partis ou parfois, des personnalités assez isolées – ainsi des transfuges venus du parti socialiste vers les Réformateurs en 1971 ou de ceux en provenance de ce même parti vers l’UMP en 2007 – lesquelles, par la suite, ont créé des partis, aient suivi ce comportement actif de centre droit. Cette ligne de conduite a pu être constatée hors de France. Le parti travailliste britannique, lorsqu’il fut dirigé par Monsieur Tony Blair, a pu être qualifié de « centre droit »[25]. Et c’est ainsi que la plupart des partis sociaux-démocrates, travaillistes ou socialistes ont mené, lorsqu’ils furent au pouvoir depuis les quatre dernières décennies, des politiques de centre droit.
Ces exemples extraits d’épisodes plus ou moins marquants des vies politiques nationales, démontrent à l’envi ce que Maurice Duverger affirmait plus généralement du centre : « Il peut y avoir un parti du centre, une stratégie, mais non pas une tendance du centre, ou encore moins une doctrine du centre »[26].
***
En conclusion, il existe deux manières d’être de centre droit.
Premièrement, en venant de droite et en se montrant conciliant et ouvert au dialogue avec la gauche sans la rejoindre organiquement et deuxièmement, en provenant de la gauche, en s’incorporant à des forces politiques sises à droite, voire en poursuivant, au gouvernement, des politiques étroitement semblables à celles menées sous la responsabilité de forces politiques de droite.
Le groupe LIOT illustre la première catégorie, inexistante de 1993 à 2022 et la rareté du geste en constitue l’intérêt. Ce faisant, ce ne fut et ne devrait être le cinquième groupe de la NUPES ou de l’opposition de gauche, ainsi que certains commentateurs le qualifièrent imprudemment et inadéquatement[27].
Ses actes tendant à l’animer d’une teneur de centre droit sont, pour l’heure, demeurés isolés. Leur parcimonie ne doit pas surprendre ; elle concorde parfaitement avec une attitude qui ne constitue aucunement une ligne de force permanente, mais, à l’inverse, une variable dépendante, éminemment contingente.
Edwin Matutano
Docteur en droit
Avocat à la cour
Enseignant à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines
Photo : Victor Velter/Shutterstock.com
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[1] Les Constructifs ; Libertés et Territoires ; UDI, Agir et Indépendants ; UDI et Indépendants ; Ecologie, Démocratie, Solidarité.
[2] Cf. sa déclaration déposée sur le fondement de l’article 19 du règlement de l’Assemblée nationale.
[3] DUVERGER (M.), L’éternel marais : essai sur le centrisme français, Revue française de science politique, vol.14, n°1 (février 1964), p.33.
[4] SEILER (D-L.), Of Mice and Experts Judgments : quelques réflexions méthodologiques sur les « jugements d’experts » le positionnement des partis politiques et l’axe droite-gauche, Revue Internationale de Politique Comparée, 2014/2, vol. 21, p. 121.
[5] Cité par LEBACQZ (A.), L’alternance et le centre, Revue des Deux Mondes, avril 1985, p.147.
[6] GARRIGUES (J.), Les élus du centre gauche en 1871, Parlement[s], Revue d’histoire politique, 2011/2, n°16, p. 23.
[7] GREVY (J.), La République des opportunistes (1870-1885), Paris, éd. Perrin, coll. Terre d’histoire,1998.
[8] Ce groupe fut constitué le 19 juillet 1871.
[9] CRAPEZ (M.), De quand date le clivage gauche/droite en France ?, Revue française de science politique, 1998, n°1, vol.48, p. 42.
[10] DUVERGER (M.), Op.Cit. ; LEBACQZ (A.), L’union de la démocratie française, Revue des Deux-mondes, décembre 1983, p.663 ; BERSTEIN (S.), Le centre à la recherche de sa culture politique, Vingtième Siècle, Revue d’histoire, n°44, octobre-décembre 1994, p.19.
[11] RICHARD (G.), La recomposition des droites à la Libération 1944-1948 in « Histoire des droites en France de 1815 à nos jours », Paris, Perrin, coll. Synthèses historiques, 2017, p. 261.
[12] Cf. La magistrale et pénétrante démonstration de BOURLANGES (J-L.), Lettre sur le centre, Commentaire, 2007 (3), n°119, p.709 ; v. aussi, BERNARD (M.), Histoire politique de la Ve République, de 1958 à nos jours, Paris, 2008, ed. Armand Colin, collection U, p. 209.
[13] RICHARD (G.), Réflexions sur le centre et le centrisme, Hommages à Sylvie Guillaume, GARRIGUES (J.), LACHAISE (B.) et RICHARD (G.), dir., Presses Universitaires de Rennes, 2012, p. 115.
[14] FLAURAUD (V.), « Vous avez décidé de gouverner autrement. Nous avons décidé de nous opposer autrement. ».Le groupe parlementaire Union du Centre sous le gouvernement Rocard (1988-1991) »,Histoire@Politique, 2016/1, n°28, p.108.
[15] FERE (V.), Droite et gauche depuis 1958, Commentaire, 2017 (3),n°159, p. 503.
[16] LE BEGUEC (G.), Les deux scissions du groupe progressiste (1905-1911), Revue du Nord, 2007/2, n°370, p.361 ; RICHARD (G.), Histoire des droites en France, de 1815 à nos jours, Paris, Perrin, coll. Synthèses historiques, 2017, pp. 90-110 : HUART (R.), Les républicains de gouvernement et les radicaux, cristallisation des tendances et agencement des forces, in « La naissance du parti politique en France », Paris, Presses de Sciences Po, 1996, pp. 225-244.
[17] BADIER (W.), La République progressiste : un opportunisme « fin de siècle ? », Parlement[s], Revue d’histoire politique, 2022/1, n°35, p.61.
[18] SANSON (R.), L’Alliance républicaine démocratique (1901-1920)-Une formation de centre, Thèse de doctorat d’Etat, soutenue le 2 décembre 2000, Université de Paris IV-Sorbonne, 4 tomes, 1178 f°.
[19] MATHIAS (B.), La dérive des modérés, La Fédération Républicaine du Rhône sous la Troisième République, Paris, L’Harmattan, 1998 ; VAVASSEUR-DESPERRIERS (J.), « Les droites en France », Paris, Presses Universitaires de France, coll. Que Sais-Je ?, 2006 (chapitre V : Recomposition et structuration de l’opposition gauche-droite (1893-1914), pp. 59-74.
[20] De 1918 à 1924 : tous les gouvernements, le troisième gouvernement Poincaré (1924) et le très bref gouvernement François-Marsal qui le suivit, exceptés ; de juillet 1926 à février 1932 : tous les gouvernements ; de juin 1932 à juin 1936 : tous les gouvernements ; d’avril 1938 à juin 1940 : tous les gouvernements.
[21] BERSTEIN (S.), Le parti radical-socialiste, de la défense du peuple à celle des classes moyennes, in « L’univers politique des classes moyennes », LAVAU (G.), GRUNBERG (G.), MAYER (N.) (dir.), Paris, Presses de Sciences Po, 1983, p. 71 ; ce que suggère éloquemment, sans employer l’expression de centre droit WEBER (E.), Un demi-siècle de glissement à droite, International Review of Social History, vol.5, n°2 (1960), p.165.
[22]Cf. également MARTIN (P.), Le déclin des partis de gouvernement en Europe, Commentaire, 2013/3, n°143, p. 542, qui classe le parti radical de la IVè République au centre droit ; de même MAULNIER (T.), L’attelage à quatre, Hommes et Mondes, n°63, octobre 1951, p.137.
[23] LEBACQZ (A.), L’union de la démocratie française, Op.Cit.,
[24] Il s’agissait de MM. Bockel, Kouchner et Besson.
[25] CHANGEART (R.), Blair, Chirac et le centre droit, Esprit, n°310 (12) (décembre 2004), p.158.
[26] DUVERGER (M.), Les partis politiques, Paris, Armand Colin, 1951.
[27] Lors des scrutins à l’Assemblée nationale, depuis le début de la seizième législature, il suit, dans la majorité des cas, les votes préconisés par les partis et groupes soutenant le gouvernement, votant davantage que le rassemblement national et bien plus encore, qu’aucun groupe de l’opposition de gauche, de concert avec Renaissance, le Modem et Horizons. En outre, excepté la motion de censure dont il fut à l’origine, ses membres n’ont pas -à une exception près- voté la censure contre la Première ministre et son gouvernement.