Le monde d’hier est en fin de course, un nouveau est en train de naître avec ses propres règles de jeu. Pour l’esprit d’entreprise qui est toujours à l’affût des nouveautés, c’est l’ occasion rêvée d’innover, d’intégrer les avancées scientifiques spectaculaires des dernières années et de se lancer dans le développement durable.
“La relance de l’économie n’est pas qu’une affaire d’argent, et l’équation « tant d’argent = tant d’emplois n’a pas de sens en raison du poids de l’immatériel qui n’apparaît pas dans les bilans », écrit Dominique Bidou, “le développement durable nous conduit à privilégier les productions immatérielles, celles qui nous donnent du plaisir et nous rendent service sans prélever d’autres ressources que de talent et de savoir faire”. L’important est de gagner ensemble, de dépasser le concept du “donnant-donnant” et lui préférer l’idée dynamique “gagnant- gagnant”.
Malheureusement, la prise de conscience des limites de la planète reste faible, tellement nos esprits ont été marqués par le sentiment que le monde est infini. Or, un autre monde est possible. Au fil des pages de ce livre, le lecteur prend conscience des nombreuses opportunités qu’offrent les innovations et des possibilités d’un développement durable avec moins de matières et de prélèvements sur la planète. Pour y parvenir, il faudra faire preuve d’ingéniosité deux fois plus. “Nous sommes sur la piste du facteur 4, deux fois plus de bien-être en prélevant deux fois moins de ressources” écrit Dominique Bidou. Une voie doublement durable. La créativité se met alors au service de la croissance. Par conséquent, Il convient de fonder la croissance sur de nouveaux concepts et se débarrasser d’un handicap ravageur : le scepticisme qui freine le changement : “Le plus difficile n’est pas d’adhérer aux idées nouvelles mais de s’affranchir des anciennes” disait JM Keynes.
Le développement durable n’est pas un projet politique “clé en mains”, souligne Dominique Bidou, mais il offre un cadre de pensée pour nous encourager à changer nos habitudes, à refonder la société, à l’adapter à la finitude du monde, en ce sens il est profondément politique et concerne tous les secteurs de la politique c’est même “l’âge d’or de la politique” à savoir : favoriser l’émergence de réponses opérationnelles pour que les transformations se réalisent dans de bonnes conditions, établir des règles économiques, fiscales et financières adaptées qui accompagnent le changement à mettre en place.
En sa qualité d’ingénieur et d’ancien directeur au ministère de l’Environnement et président d’honneur de l’association Haute qualité environnementale (HQE), Dominique Bidou nous ouvre un gisement de renseignements sur l’habitat ; en tant que pilote de développement durable, il fournit des explications attrayantes sur les écoquartiers et sur la consommation d’énergie…
Le chapitre 9 qui analyse l’équation population/ressource est particulièrement intéressant. Démographe de formation, l’auteur entreprend une analyse lucide sur les ressources humaines et les solutions adéquates à envisager “qui fassent de la croissance économique un levier pour le développement humain, et du développement humain un moteur de croissance économique”. Il propose une gestion des tranches d’âge plus appropriées aux conditions socio-économiques et humaines actuelles : les trois âges de la vie sont désormais quatre explique-t-il, on s’acharne à prolonger le second au lieu d’organiser le troisième, tandis que les robots permettront d’alléger les préoccupations du quatrième âge.
Un livre clair, une initiation au développement durable et qui est porteur d’espoir.
Dominique Bidou
Le développement durable, une affaire d’entrepreneurs
Préface de Brice Lalonde
Editions PC, 2015
248 p. – 20 €