La pandémie de Covid-19 et les ravages liés aux explosions de Beyrouth ont aggravé la situation des Libanais déjà éprouvés par la crise économique, politique et sociale qui dure depuis de nombreuses années. Sur place, l’Œuvre d’Orient apporte son soutien à la population et agit pour garder les écoles et les hôpitaux ouverts. Rencontre avec Monseigneur Gollnisch.
Revue Politique et Parlementaire – Quel est l’engagement de l’Œuvre d’Orient au Liban notamment après les explosions de Beyrouth du 4 août ?
Mgr Gollnisch – Cela fait 160 ans que l’Œuvre d’Orient aide les communautés chrétiennes au Liban. Il ne s’agit pas uniquement d’un soutien financier, nous souhaitons également être un lien entre les communautés du Sud de la Méditerranée et celles du Nord dont la France. Dans ce lien il y a l’amitié et la réciprocité. Nous apportons ce que nous pouvons aux chrétiens d’Orient, mais nous recevons aussi ce qu’ils peuvent nous apporter à nous chrétiens d’Europe et de France. Cet aspect d’échange est important. Nous ne sommes pas dans une action postcoloniale ou condescendante mais voulons, au contraire, montrer le dynamisme des communautés chrétiennes du Moyen-Orient et recevoir d’elles ce qu’elles peuvent légitimement nous apporter, le témoignage de leur foi, de leurs actions, de leur courage.
Le soutien de l’Œuvre d’Orient aux chrétiens du Liban est non négligeable et multiforme. La communauté chrétienne au Liban est porteuse d’une vie sociale qui se traduit par les écoles, les hôpitaux qui reçoivent des chrétiens, des catholiques, des orthodoxes, des protestants, des musulmans, des riches, des pauvres, des hommes et des femmes. Pendant plusieurs dizaines d’années d’importantes actions de promotion de la femme ont été menées en Orient. Ce sont ces missions que nous voulons soutenir.
Nous ne sommes pas là pour apporter quelque privilège que ce soit aux chrétiens du Moyen-Orient mais pour les encourager dans leurs missions au service de tous, ce qui est d’ailleurs l’élément de crédibilité de la présence des chrétiens en Orient.
Les chrétiens d’Orient ne sont pas une force militaire, la force militaire au Liban c’est le Hezbollah. Ils ne sont pas une force financière, la force financière ce sont les sunnites. Ils peuvent être une force politique au Liban mais pas dans les autres pays du Moyen-Orient. Mais ils sont surtout une force évangélique. Au nom du sérieux, de la crédibilité évangélique de leurs actions leur présence se justifie. Beaucoup de musulmans souhaitent le maintien de la présence des chrétiens au Moyen-Orient parce qu’ils savent qu’elle est très importante pour les évolutions positives à venir dans leurs pays.
Depuis de nombreuses années nous soutenons les écoles. Mais la précédente législature a augmenté brutalement les salaires des professeurs. La loi 46 dite « nouvelle grille des salaires » a été votée par un Parlement dont l’État ne paye pas depuis longtemps à l’enseignement catholique ce qu’il lui doit. C’est très choquant. Nous avons donc dû faire un effort spécial qui a pris trois formes. Une action directe soutenue, une action à travers une plateforme avec d’autres associations comme la fondation Raoult Follereau ou le Secrétariat de l’enseignement catholique en France pour accroître cette aide et, enfin, nous avons sensibilisé l’État sur cet enjeu important.
Nous souhaitions que toutes les écoles chrétiennes au Liban puissent rouvrir en septembre, mais la pandémie de la Covid-19 est venue bouleverser les choses. Elles doivent rouvrir rapidement car elles sont non seulement des lieux d’éducation mais également de vie sociale, de rencontres entre les familles, même si dans le futur il conviendra d’étudier de plus près la carte scolaire et analyser comment on peut lui donner les moyens d’une existence pérenne et sereine.
Lors des explosions à Beyrouth le 4 août dernier, le directeur de l’Œuvre d’Orient au Liban, Vincent Gelot, travaillait avec l’équipe de l’Ambassade de France pour examiner comment nous allions soutenir les écoles. Les vitres du consulat ont explosé et tous se sont abrités sous la table. Cela pour dire que nous sommes présents depuis le début. Très vite Vincent Gelot a arpenté avec des volontaires le port afin d’apporter un soutien moral à la population. Le fait que des associations caritatives viennent au contact des personnes sinistrées a eu un effet positif. Nous avons voulu, là aussi, évaluer quelles étaient les organisations libanaises qui agissaient. Encore une fois, ce n’est pas l’action de l’Œuvre d’Orient, mais celle des Libanais pour les Libanais. Nous souhaitions donner les moyens à ces Libanais de mener leur action. Nous avons donc repéré un certain nombre de communautés chrétiennes pour leur donner les moyens d’agir. Il fallait dans un premier temps porter secours aux blessés, trois hôpitaux catholiques et un orthodoxe ont été touchés par les explosions, redonner un toit à ceux dont les maisons avaient été détruites, leur fournir des vivres, faciliter la scolarisation ou tout au moins l’encadrement des enfants et dans un second temps mener une réflexion sur le long terme sur la reconstruction de la ville. Nos collaborateurs sont sur place, en contact avec les associations car notre mission est d’aider les Libanais à aider les Libanais et non pas leur apporter une aide toute faite.
RPP – Depuis le IVe siècle les chrétiens maronites ont connu de nombreuses tribulations. Que peuvent-ils apprendre aux chrétiens de France où le catholicisme, on l’a vu notamment avec l’affaire France Inter, est malmené ?
Mgr Gollnisch – Nous avons tous des leçons à recevoir, des leçons à donner et des témoignages à partager. Concernant France Inter, ils ont revu leur décision et ont finalement accepté de diffuser nos spots publicitaires sans en changer un mot. Finalement, la laïcité française est aussi capable de s’adapter, mais j’y reviendrai plus tard.
Je pense qu’il n’y a de liberté religieuse au Moyen-Orient qu’au Liban. Dans la plupart des pays il y a une liberté de culte, c’est-à-dire que vous avez la possibilité de rentrer dans une église. Mais encore faut-il distinguer les pays où cette liberté de culte pour les ressortissants est réelle, comme en Égypte, en Syrie, en Jordanie, en Irak par exemples, et les pays du Golfe où il y a de fait, à l’exception de l’Arabie saoudite, des églises, mais dans lesquelles seuls ne sont véritablement tolérés que les étrangers. Dans beaucoup de pays du Golfe il est impossible pour un musulman de se convertir au christianisme ou d’entrer dans une église, il s’agit donc d’une liberté de culte très relative. Mais la liberté de culte n’est qu’un tout petit élément de la liberté religieuse. La liberté religieuse, telle qu’elle est définie par la Déclaration des droits de l’homme, ce n’est pas du tout la liberté de croire ou de ne pas croire. Même sous Staline les Russes avaient la liberté de croire car on ne peut pas entrer dans la tête de quelqu’un pour savoir s’il croit ou non. Ce n’est pas cela la laïcité. La laïcité c’est lorsque les croyants peuvent exprimer leur foi, la pratiquer, la mettre en œuvre dans le respect de l’ordre public. C’est très différent. Or, cela n’est possible qu’au Liban où une personne peut changer de religion, un chrétien peut épouser une musulmane sans être inquiété dans sa vie ou menacé de peine de prison. Je ne dis pas que la question religieuse n’est pas prégnante mais on en a le droit. Pourquoi est-ce possible dans ce pays et pas dans les autres ? Pourquoi y-a-t-il une pleine liberté religieuse ? Pourquoi y-a-t-il une pleine citoyenneté pour tous les Libanais quelle que soit leur religion ? Cela est possible parce que le Liban s’est construit autour de l’idée d’un équilibre confessionnel. Cet équilibre confessionnel est autre chose que ce qu’on appelle aujourd’hui le confessionnalisme, c’est-à-dire l’enfermement de chacun dans un groupe confessionnel étroitement identitaire. Certes, le président du Liban doit être maronite mais ce n’est pas le patriarche maronite qui le nomme, il est élu. Il y a un système électoral qui peut sans doute être amélioré pour permettre un renouvellement de la classe politique et donc moins de corruption car celle-ci naît également du fait que ce sont toujours les mêmes qui sont au pouvoir, mais c’est autre chose que l’équilibre confessionnel. Le respect de cet équilibre a permis au Liban la pleine citoyenneté pour tous, ce que l’on ne retrouve pas dans les autres pays du Moyen-Orient.
C’est pourquoi la France regarde avec intérêt l’expérience libanaise et essaye de soutenir le pays car ainsi que l’a dit Jean-Paul II « Le Liban est plus qu’un pays, c’est un message ». J’ajouterai c’est aussi une mission et parfois même un miracle car ce n’est pas toujours facile. Cet équilibre confessionnel, c’est-à-dire l’idée qu’on ne s’empare pas du pouvoir au nom de sa religion, qui est propre au Liban au Moyen-Orient, a quelque chose à dire à l’Europe. Il dit également, pour en revenir à l’affaire Radio France, que la laïcité n’est pas la négation du religieux. La charte de ce groupe mentionne qu’un spot publicitaire ne doit pas choquer un auditeur en raison de ses convictions religieuses. Vous avez là une laïcité inclusive, une laïcité du vivre ensemble. Mais nous sommes passés de ce texte à une interprétation tout à fait erronée disant « pas de spots avec des références religieuses », là nous sommes entrés dans une laïcité qui exclut. C’est très différent et je pense que nous avons, nous Français qui croyons toujours notre laïcité universelle alors qu’elle n’est que française, à apprendre qu’il peut y avoir une importance sociale du religieux. En France on pose la question du religieux dans une espèce de diptyque affaire privée ou affaire publique ? La religion ne peut pas être une affaire publique comme au XIXe siècle, elle doit être une affaire privée. Au XXIe siècle vous avez la vie privée, la vie publique et la vie sociale dont relèvent les religions. Conformément à la Charte des Nations unies, les religions ont le droit à une existence sociale, ce n’est pas parce qu’elles ne prennent pas de pouvoir politique qu’elles n’ont pas d’existence sociale. La laïcité ce n’est pas la laïcité de l’espace public, ni de l’opinion publique, c’est l’État qui s’interdit de pénétrer dans les questions religieuses et les religions de s’emparer des affaires publiques. C’est très différent.
Le Liban peut nous donner à réfléchir sur la manière dont nous vivons la laïcité, une laïcité ouverte, inclusive qui permet aux religions de s’exprimer et d’agir en respectant l’ordre public.
Il y a également une expérience de vie avec les musulmans du Proche-Orient qui mérite aussi d’être entendue et écoutée.
RPP – Ce système confessionnel est aujourd’hui pointé du doigt notamment par les jeunes. Ils revendiquent de passer à un système laïc car, selon eux, le système confessionnel empêche tout espoir de sortie de crise. Récemment le Club laïc de l’Université Saint Joseph a remporté les élections estudiantines. Pourquoi ces jeunes et une frange de la population dénoncent-ils un système qui garantit le vivre ensemble ?
Mgr Gollnisch – Je pense que ces jeunes commettent une erreur car ils confondent le système électoral et le système confessionnel. Ils s’imaginent que l’équilibre confessionnel nuit aux libertés alors qu’au contraire il les a permises. Ils devraient s’interroger. Qui applaudit à l’idée présentée par le président Aoun de déclarer le Liban « État laïc » ? C’est le Hezbollah bien sûr ! Car il sait que dans un état laïc c’est le principal parti qui détient le pouvoir. L’histoire du Liban nous montre qu’à un moment les chrétiens ont pensé pouvoir gouverner seuls le pays, mais ça a échoué, puis ce sont les sunnites soutenus par l’armée syrienne, ça a également échoué, aujourd’hui ce sont les chiites avec l’appui de l’Iran mais ça va échouer. Le Liban s’est construit dans le respect et la coopération des communautés. Donc ces jeunes qui croient que la sortie de tout équilibre confessionnel serait un progrès se trompent.
Il faut également que les Églises, notamment, approfondissent leur manière de vivre et leurs missions. Il y a dix ans, le Pape Benoît XVI est venu au Liban donner à chaque évêque du Moyen-Orient un très beau texte l’Exhortation apostolique post-synodale pour le Moyen-Orient. Il faut lire, relire et mettre en pratique ce texte qui dit beaucoup de choses. Je souhaite qu’il y ait, dix ans après, un deuxième synode pour faire le bilan de ce qui a été réalisé, ce qui ne l’a pas été et comment on peut le faire dans le futur. La France a connu en 1968 une crise qui a transformé la société dans son ensemble, la société libanaise sortira transformée de la crise qu’elle traverse aujourd’hui. Les élites ne pourront pas continuer à faire comme s’il ne s’était rien passé. Je n’ai pas de conseils à donner, mais en ami je dirais qu’il faut examiner les choses en profondeur, il faut accentuer la responsabilité des laïcs dans les Églises, il faut peut-être se donner les moyens d’entendre davantage la voix des fidèles, il faut plus de transparence et de rigueur dans la gestion des biens pour ne pas être accusés à tort. En France nous devons également examiner la place des laïcs dans l’Église et comment nous répondons aux besoins de l’ensemble de la population. Comme nous nous sommes battus contre la décision de limiter le nombre de fidèles pendant les offices en raison de la Covid-19, je souhaiterais que l’Église se batte pour l’ensemble de la population, en particulier les plus pauvres, pas seulement pour le culte. Le but d’un chrétien est bien évidemment de célébrer le culte qui est une louange à Dieu mais aussi de se mettre au service de la population qui est une autre forme de louange à Dieu. Les deux sont indissociables.
RPP – Le Patriarche maronite, le Cardinal Raï, a annoncé le lancement d’un mémorandum sur le Liban et la neutralité active. Pensez-vous que ce soit une solution pour protéger le Liban des influences des pays qui l’entourent que ce soit la Syrie, l’Iran, le conflit israélo-palestinien et mener les Libanais vers des lendemains plus stables et plus paisibles ?
Mgr Gollnisch – Je crois que c’est une plateforme indispensable et je salue, comme l’a fait la France, la prise de position courageuse et l’action de sa Béatitude le Patriarche Raï. Maintenant essayons de creuser davantage les choses. On a souvent appelé le Liban la Suisse de l’Orient. La neutralité suisse est une neutralité qui n’hésite pas à se servir aussi des autres et elle est le coffre-fort du monde entier. Il ne faut pas que le Liban devienne une sorte de forteresse où il s’isolerait de toute relation internationale. Certes, le Liban a vocation à la neutralité mais celle-ci doit lui permettre d’être un pont entre d’autres pays et cultures.
Plusieurs points méritent d’être examinés. Il y a d’abord la question des réfugiés palestiniens. Le Liban ne doit pas être contraint de s’occuper de ces centaines de milliers de Palestiniens. C’est à ceux qui ont créé cette situation de prendre les mesures pour la résoudre. C’est une responsabilité qui incombe à l’État d’Israël et à ses alliés, en particulier les États-Unis, pas au Liban qui n’est pas à l’origine du problème. Il y a ensuite les réfugiés syriens, je vais dans les camps et la situation est très difficile. Certains Libanais profitent parfois de la situation, mais ce n’est pas au Liban de gérer ces centaines de milliers de réfugiés. Il faut donc envisager leur retour en Syrie mais pour cela nous devons avoir l’assurance politique qu’ils ne seront pas menacés et l’assurance sociale qu’ils auront une maison pour les accueillir car les quartiers dans lesquels ils habitaient ont totalement été détruits, je l’ai vu quand je me suis rendu en Syrie. Par ailleurs, et je sais que je vais agacer beaucoup de Libanais, il y a la question des relations avec Israël. Il faut, que cela plaise ou pas, retrouver un chemin d’apaisement. Alors que des pays du Golfe nouent des relations diplomatiques avec Israël, le Liban ne peut pas être le seul et dernier pays en état théorique de guerre avec lui. Enfin, il y a la question de l’Iran dont tout le monde connaît l’influence sur le Hezbollah. Je crois que c’est à la communauté internationale et au Conseil de sécurité de prendre leurs responsabilités. Ce dernier avait demandé que les milices privées soient désarmées. Les milices chrétiennes l’ont été mais pas celles du Hezbollah, c’est inacceptable ! Quels que soient notre respect pour la communauté chiite, notre désir de travailler avec elle en bonne intelligence et de former le Liban entre chrétiens, chiites, sunnites et druzes, cela ne peut se faire avec le Hezbollah armé. La communauté internationale doit prendre ses responsabilités car elle seule peut le faire. Alors à ce moment-là, l’État libanais, l’armée libanaise seront l’expression de tous. Par conséquent, je pense que la neutralité du Liban c’est de mettre concrètement en avant tous ces chantiers car sinon cela restera une position théorique, un slogan.
Je souhaiterais souligner un dernier point car j’entends beaucoup de bêtises à ce sujet : la France aborde le Liban en ami pas en suzerain ni en ancien colonial. Lorsque le président Macron est allé à Beyrouth il a rencontré les chefs de partis pendant deux heures et demie. Nous aurions pu penser que certains, mécontents du discours du président, claqueraient la porte au bout d’un quart d’heure, or ils sont tous restés. Contrairement à ce qu’on a entendu, le président Macron n’est pas arrivé avec une feuille de route en disant « voilà ce que la France vous demande de faire et faites-le », il est venu en ami. Il a indiqué aux chefs de partis qu’ils avaient tout à perdre si rien ne bougeait et leur a demandé quelles étaient les avancées sur lesquelles ils s’étaient mis d’accord. C’est très différent. Les chefs de partis sont tombés d’accord sur la formation rapide d’un gouvernement, ce n’est pas fait ; sur un audit de la Banque du Liban et des banques libanaises, ce n’est pas fait ; sur une transformation des industries de première nécessité comme l’électricité, ce n’est pas fait ; sur une réflexion sur la loi électorale, ce n’est pas fait. En revanche ils ne se sont pas accordés sur la dissolution du Parlement et l’organisation de nouvelles élections législatives. Le président Macron a pris acte de ces décisions et leur a dit deux choses. La première que si les réformes acceptées par chaque parti n’étaient pas menées alors les 11 milliards de dollars de dons et prêts prévus à l’issue de la Conférence internationale CEDRE en 2018 ne seraient pas débloqués. La seconde que si rien ne bougeait, ils devraient tôt ou tard s’expliquer devant l’opinion publique. Les manifestations se sont calmées en raison de la Covid et des explosions à Beyrouth, mais ne nous y trompons pas le peuple ne va pas rester passif indéfiniment et les futures manifestations risquent d’être beaucoup plus violentes parce qu’on pousse le peuple au désespoir.
Nous devons comprendre que cette liberté qui existe au Liban, dont je maintiens qu’elle n’existe pas de la même manière ailleurs, c’est ce à quoi aspirent les peuples du Moyen-Orient.
Je suis allé à Mossoul peu de temps après le départ de Daesh. J’ai rencontré de jeunes adultes musulmans. Ils m’ont raconté toutes les souffrances qu’ils ont subies de Daech qui n’agissait pas seulement contre les yézidis et les chrétiens mais également contre les musulmans. Ils m’ont dit qu’ils souhaitaient que leur pays aille vers autre chose et que pour cela ils avaient besoin des chrétiens à leurs côtés. Dans leur grande majorité, les populations musulmanes rejettent l’islamisme. En Tunisie et en Égypte les musulmans ont chassé les islamistes. Certes, le Liban traverse une crise, mais il n’est pas en train de chanceler, il est le point de mire vers lequel les peuples du Moyen-Orient tendent.
Monseigneur Pascal Gollnisch
Directeur général de l’Œuvre d’Orient
Propos recueillis par Maya Khadra
Photo : ©Guillaume Poli, CIRIC