Quarante ans après sa disparition, que reste-t-il du grand philosophe et sociologue libéral ? Assurément, un héritage immense et multiple, que nous nous bornerons ici a célébrer en soulignant quelques lignes de force d’une pensée politologique et géopolitique qui, dans une mêlée mondiale cruelle voire sanglante, retrouve une soudaine pertinence.
En effet, toute l’œuvre « praxéologique » d’Aron, sa praxéologie des affaires humaines, s’inscrivent dans un champ de tension non résolu, indécidable au sens que Jacques Derrida a donné à ce terme : un tiraillement entre ce qu’on peut nommer les « idéaux de la raison » et les « contraintes de la réalité ».