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dans Culture

S’EN ALLER

François Sureau Gallimard, 2024 288 p. - 21 €

ParAlain Meininger
1 septembre 2024
S’EN ALLER

Parvenu à la soixantaine triomphante, François Sureau a vécu tant de vies, juxtaposées ou superposées. Haut fonctionnaire, avocat, homme d’affaires, officier, académicien, écrivain reconnu. Des livres, au moins de ceux – nombreux et talentueux – qu’il aura écrits, il n’attend pas, dit-il, l’éternité. Mais il faut trouver le secret – peut être celui du marin, suggéré par un beau portrait de Richard Henry Dana en Ulysse – qui permet de conduire sa vie de telle sorte qu’elle ne soit pas une errance sans but. Au seuil du départ, les agonisants n’en parlent pas « parce qu’ils ne veulent que rester vivants ». S’en aller mais pourquoi, comment et pour aller où ?

« Quand tu aimes il faut partir » nous dit-il, dès la deuxième page. Ainsi fit Victor Jacquemont, tombé amoureux de la cantatrice italienne Adelaïde Schiassetti, sans doute plus proche de son ami Stendhal. Dans le même cercle, Prosper Mérimée cessa pratiquement d’écrire – sa façon à lui de partir – dès lors que Valentine Delessert l’eut quitté. Il y a l’exil réel – Victor Hugo, de Gaulle – et l’exil intérieur. Xavier de Maistre fit des voyages autour de sa chambre ; quand le monde s’y présente à la fenêtre, le voyage devient invisible, comme dans le tableau de Van Eyck « La Vierge du chancelier Rolin ». En compagnie de Modestine, Stevenson se contenta des Cévennes. Mais traverser seul, comme le fit St. John Philby, The Empty Quarter, « la Terre du Vide », autrement dit le Rub al-Khali, est déraisonnable. Comme le fut la tentative de Michel Vieuchange – dernier explorateur ou premier touriste ? – d’atteindre Smara, entre Tiznit et la Mauritanie. Reste la ressource de se présenter au fort de Nogent où le rituel de la Légion – « notre patrie » – vous attend. Nul n’ignore enfin que notre auteur est un retraitant. La Pierre qui Vire, Kergonan, Saint Wandrille, La Grande Chartreuse, leur histoire, leurs prieurs – pour certains tels Guillerand et Porion, penseurs éminents et méconnus – n’ont pas de secrets pour lui.

Revenir, quand retour il y a, n’est guère plus simple. Les émotions sont aussi vives mais différentes. On revient en général de contrées aux identités fortes, réelles ou fantasmées. Revenir dans le confort européen de son enfance c’est prendre le risque de revenir dans le vide. « La vie d’après, comme pour Nizan, ne semble jamais à la hauteur de l’influx mystérieux qui avait conduit à s’en aller ». L’échec est à portée de main. Il se peut que le désir de fuir, une fois assouvi, mute intimement en remords, reproche ou condamnation. Le retour de Rimbaud en 1891 ne sera qu’une station « entre deux voyages ». Le premier l’avait mené à Harar, le second à l’hôpital de Marseille, au seuil du dernier départ. D’autres, comme la suédoise Eva Dickson, financent l’éventualité de leur retour sur des coups de dés avec des amis fortunés. La méthode a son charme… et ses risques. En 1937, à Calcutta, pariant avec un Anglais qu’elle rentrerait plus vite en voiture qu’en bateau, elle perdit la vie dans un virage près de Bagdad.

Le livre est époustouflant de par la somme de connaissances mobilisées autant que par l’art de les faire surgir à point nommé. Une véritable entomologie de la culture générale, la vraie, celle qui ne sert à rien mais dont la maîtrise change tout. On redécouvre une foultitude de personnages, français et étrangers, qui ont fait l’humus de notre histoire bien que celle-ci les ait exilés, plus par nonchalance que par malveillance, au second rang, quand ce ne fut pas dans l’oubli. Occasion de s’interroger en ces temps de commémorations à répétition, sur la contingence de nos jugements, à l’aune de la durée. Certes, évoluant au milieu des infinies ressources livresques de la Mazarine, nourri chaque jeudi des échanges savants avec ses pairs, ou de la lecture des discours de réception et des réponses non moins érudites des récipiendaires, l’académicien dispose d’un avantage initial indiscutable. Pour autant, peu nombreux, parmi les simples mortels, sont aujourd’hui ceux qui se souviennent de Csoma de Körös, Dode de la Brunerie, Jacques Lebaudy, Segalen, Henry J.-M. Levet, Corniglion-Molinier ou des disparus de Saint-Agil. Parmi ceux que la postérité a choyés, nombre de Britanniques ; l’espace du « Grand Jeu » aimante ; beaucoup d’officiers de renseignement aussi, souvent les mêmes. Étonnante continuité qui, du Colonel Lawrence à John Le Carré en passant par Philby père et fils, Graham Greene, Somerset Maugham, Patrick Leigh Fermor, Kessel et d’autres, scelle cette triple alliance de l’espionnage, du départ et de l’écriture. Les agents secrets partent par profession ou par trahison. Peshawar, Bakou, Sarajevo en leur temps : « Il n’y a rien de plus pittoresque que les villes à espions ».

Parfois, sans avertir, l’auteur joue avec des formes de mise en abîme ou de dédoublement fictionnel. Façon pour lui de s’en aller dans le temps passé après avoir tant passé de temps avec les départs des autres. Ainsi confesse-t-il qu’il restera un homme des années 1840, impressionné par les grands écrivains, qu’il n’aborde guère ; il concède se tenir à distance de « Victor Cousin qui n’est pas drôle, et des politiques, Pasquier, Royer-Collard qui me rebutent un peu ». Il avoue s’être « enhardi un jour jusqu’à aborder M. de Tocqueville » – lequel a paru douter de son bon sens – pour lui dire combien il l’admirait pour ses voyages « et cette longue errance à la recherche du régime idéal ». Peut-on enfin le croire, lorsqu’au sein de cette vénérable compagnie « dont les membres attendent ensemble leur fin », il proclame « Je dois à Joseph Kessel d’avoir été présenté à St. John Philby un soir dans les années trente à Djeddah ». Plus qu’un artifice de narration, un pur moment de poésie. Entre poignantes méditations sur le départ ultime et considérations déchirantes sur quelques destins individuels – la relation amoureuse entre Paddy Fermor et Balasha Cantacuzène – ce beau livre n’en manque pas.

Alain Meininger

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