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dans Politique

Lettre aux français d’Emmanuel Macron – Heidegger, Comte, Rousseau : le « en même temps » post-moderne d’un président social-libéral

ParPierre-Louis Boyer
7 mars 2022
Emmanuel Macron

Le 3 mars 2022, dans une lettre aux envolées diaprées et, il faut l’avouer, quelque peu confuses, le président Emmanuel Macron annonçait sa candidature à sa propre succession – légitimisme français oblige – chose finalement peu surprenante tant cette annonce était attendue, qu’elle soit espérée ou redoutée.

 « Défendre notre singularité française implique enfin de promouvoir une certaine manière d’être au monde. Un art de vivre millénaire, enraciné dans chaque région, chaque canton, chaque ville et chaque village que ce soit en métropole ou dans nos outre-mer. Une histoire, une langue, une culture que lorsque l’on est Français, on se doit de connaître, d’aimer, de partager. Une citoyenneté, qui ne repose pas seulement sur des droits, mais sur des devoirs et un engagement de chaque jour. Parce que le respect des lois n’est pas négociable, nous poursuivrons l’investissement dans nos forces de sécurité et notre justice. Nous encouragerons l’engagement avec une ambition simple : former non pas seulement des individus et des consommateurs, mais des citoyens. Faire des républicains. »

L’ensemble de cette adresse est un exemple parfait d’une « lettre type » rédigée par une armadas de conseillers hype appliquant point par point, de manière malheureusement trop stéréotypée (le « nous » pour « nos enfants » ?…), le carcan peu novateur des cours de communication politique déjà si démodés. Reste qu’un paragraphe (cf. ci-dessus) a appelé notre attention, au-delà des évocations de « l’esprit de résistance » (sans doute, encore, une sémantique guerrière dans un pays sans conflit…) et d’un dédouanement d’une éventuelle mais peu probable défaite, voire d’un refus anticipé du débat démocratique nécessaire et préalable à toute élection (« Je ne pourrai pas mener campagne comme je l’aurais souhaité »).

Le président qui niait, dans la précédente campagne présidentielle, la culture française (Lyon, février 2017) introduit ce paragraphe en affirmant, finalement, une « singularité française » qu’il nous faudrait défendre. Mais quelle est-elle, cette singularité hexagonale ? Une histoire ? Une identité nationale ? Un territoire ? L’art ? La gastronomie et les fromages pécressiens ? Le bon vin et la bonne viande rousselliens ? Rien de tout cela dans un premier temps : il s’agirait avant tout d’une « certaine manière d’être au monde ». Voilà une mauvaise – une très mauvaise – saillie heideggérienne. La référence est flagrante, la connaissance douteuse. Si la singularité française est que le citoyen tricolore n’est qu’un « être au monde », selon l’expression d’Heidegger relative au Dasein, l’approche macronienne est alors authentiquement et, de manière dévoilée ici, nihiliste. Pourrait-on même aller jusqu’à faire cette analogie, au regard de l’emploi de cette formule « d’être au monde », reprenant les propos du germaniste Robert Minder, entre l’auteur d’Être et temps et le président jupitérien : « Heidegger se vautre dans ce jargon, comme s’y vautrait la cohorte des Blut-und Bodendichter, prosternés devant Hitler »1 ?

L’heideggérianisme, peut-être inconsciemment antizemmourien2, d’Emmanuel Macron se reflète dans le pessimisme sous-jacent qui jonche la lettre présidentielle. Si Heidegger se veut réfléchir à cet « être-au-monde » qui chemine vers sa propre mort dans une temporalité ordinaire – d’où un nihilisme constant – cet « être-au-monde » reflète avant tout « une manière d’être de celui qui est »3, spécifique à l’être humain. Le Sein englobe le Dasein, mais c’est le Dasein qui questionne le Sein, et Emmanuel Macron participe ainsi à la divinisation de l’être puisque, dans ce nihilisme qui n’est plus que matérialisme, on tente de trouver dans l’être humain la part de celui que les métaphysiciens appellent « l’Être »4 ; « das Dasein in Menschen ». On est bien passé du Dieu fait Homme à l’homme fait dieu.

Si l’évocation d’un « être au monde » français est suivie du caractère désormais « millénaire » de la France (l’art de vivre, les cantons, l’histoire, la langue, « une » – ? – culture, etc.), on s’interrogera cependant sur l’oxymorique approche chronologique et historique qu’a Emmanuel Macron de la France. Le 4 septembre 2020, le président Macron discourait en évoquant cette « République dans laquelle nous vivons qui a 150 ans ». Cette curieuse conception de l’histoire républicaine nous permet de nous questionner sur la « troisième républicanisation » de l’ère macronienne. Avec cette idée que la République date de 1870, notre Ve République serait-elle, spirituellement (la fameuse « spiritualité de la République » chère à Vincent Peillon), l’héritière de la IIIe ? C’est ce que semble affirmer le président, notamment en échos à ses propos du 14 juillet 2017 : « L’histoire de la France ne commence pas le 14 juillet 1789 mais ce jour-là, le peuple a montré quels idéaux il voulait suivre ». Macron, digne fils de Michelet ? Le peuple parisien fait-il le peuple de France ? La bourgeoisie libertaire révolutionnaire est-elle le véritable demos ?

Sa vision éculée de la République tend finalement à raviver une ardeur nationaliste et unificatrice derrière un chef d’État qui s’est rêvé chef de guerre.

Et comment, alors, soumettre le citoyen à la volonté de ce primus inter pares ? En faisant du citoyen un être de « devoirs et d’engagement de chaque jour », comme cela est écrit dans le courrier présidentiel. Or, la primauté du devoir sur le droit, idée profondément comtienne, conduit irrémédiablement à la soumission du citoyen à la société, à ce que l’on a qualifié, depuis Auguste Comte, de « sociocratie » : le pouvoir pour et par l’entité sociale. Le 5 janvier, la députée LREM Coralie Dubost, dans une émission du soir sur la 5ème chaîne de FranceTV, affirmait que le citoyen était un être avant tout titulaire de devoirs. Ô mânes de Comte et Duguit, laissez-nous en paix quelques décennies ! « Nous naissons chargés d’obligations de toute espèce », écrivait Comte, en vue « de l’état final, qui n’admet que des devoirs, d’après des fonctions »5, tout cela changeant selon la société et ses autorités, au gré d’un relativisme mortifère. Sommes-nous « devoirs et engagements » ou personnes libres, « substances individuelles de nature rationnelle »6 pour reprendre Boèce ?

Enfin, il faut, d’après le souhait du président, « former des républicains ». L’éducation, la formation, comme renforcement du système politique en place, ne date pas d’hier. Les sophistes, comme Protagoras, en faisait un moyen d’acceptation de la démocratie ; et Jean-Jacques Rousseau considérait que l’éducation devait même être le socle du républicanisme citoyen :

« C’est l’éducation qui doit donner aux âmes la forme nationale et diriger tellement leurs opinions et leurs goûts, qu’elles soient patriotes par inclination, par passion, par nécessité. Un enfant en ouvrant les yeux doit voir la patrie et jusqu’à la mort ne doit plus voir qu’elle. Tout vrai Républicain suça avec le lait de sa mère l’amour de sa patrie, c’est-à-dire des lois et de la liberté »7.

Et quand l’on sait que, quelques lignes plus loin, le même Rousseau – dont on sait l’influence qu’il a pu avoir sur la Révolution tant louée par Emmanuel Macron et sur le libéralisme contemporain – vantait les mérites d’une éducation sans connaissance intellectuelle, faite d’exercices physiques de la jeunesse, en groupe et en public, on ne s’étonnera pas que certains parlent aujourd’hui de « démocrature » :

« La bonne éducation publique, c’est de tenir toujours les enfants en haleine, non par d’ennuyeuses études où ils n’entendent rien et qu’ils prennent en haine par cela seul qu’ils sont forcés de rester en place ; mais par des exercices qui leur plaisent en satisfaisant au besoin qu’en croissant a leur corps de s’agiter, et dont l’agrément pour eux ne se bornera pas là. On ne doit point permettre qu’ils jouent séparément à leur fantaisie, mais tous ensemble et en public, de manière qu’il y ait toujours un but commun auquel tous aspirent et qui excite la concurrence et l’émulation »8.

« Faire des républicains », voilà bien une idée positiviste : « Faire », comme si l’homme, réduit à sa forme matérielle et machinique, pouvait être « fait », comme un self-made-man, un être qui se fabrique, « tout-puissant » parmi les « tous puissants », un être libéral qui s’autoconstruit et s’érige, se déconstruit et s’éclate ; mais toutefois un être qui se « fait républicain », c’est-à-dire confondu à la masse de la chose publique, soutien sans limite de la société positive, entre ordre et progrès. Les deux revers de la médaille sont désormais visibles, socialisme et libéralisme unifiés dans une épiphanie de la modernité, l’individu matière dans le système total, « aventure collective » sans cause ni fin, sans but et sans limite, mais néanmoins en mouvement. Vous serez comme des dieux. L’hypostatique Emmanuel conclut sa lettre par ces mots : « Avec vous. Pour vous. Pour nous tous ». Il aurait très bien pu terminer ainsi, signe d’un égocentrisme et d’un sociocentrisme unifiés : « Par nous, avec nous et en nous ».

Pierre-Louis Boyer
Doyen de la Faculté de Droit, des sciences économiques et de gestion du Mans

  1. R. Minder, « Langage et nazisme », Critique, n°237, 1967, p. 287. ↩
  2. Cf. les travaux d’Emmanuel Faye sur Heidegger antisémite. ↩
  3. M. Corvez, « L’Être et l’étant dans la philosophie de Martin Heidegger », Revue philosophique de Louvain, n°78, 1965, p. 257-279. ↩
  4. F. Dastur, « Heidegger et la théologie », Revue philosophique de Louvain, n°92, 1994, p. 226-245. ↩
  5. A. Comte, Catéchisme positiviste, Paris, 1852, p. 146-147. ↩
  6. Boèce, Contre Eutychès, III. ↩
  7. J.-J. Rousseau, Considérations sur le gouvernement de Pologne, Chapitre IV, p. 436, in Collection complète des œuvres de Jean-Jacques Rousseau, Genève, 1782, t. I. ↩
  8. J.-J. Rousseau, Ibid., p. 438. ↩
Pierre-Louis Boyer

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