« Trois grandes bifurcations du monde s’opèrent sous nos yeux. Celle d’une civilisation humaine confrontée à l’explosion du nombre de ses membres. Un changement climatique irréversible. Un retournement de l’ordre géopolitique » annonce Jean-Luc Mélenchon dans L’ère du peuple.
Et d’interroger « L’ordre établi poursuivra-t-il sa marche jusqu’au désastre dont il réunit toutes les conditions ? Ou bien pourrons-nous en changer à temps la trajectoire ? »
Le plus grand bouleversement que connaît notre monde provient de l’explosion du nombre d’êtres humains. La population mondiale est passée de 2,5 à 7 milliards en soixante ans et 80 % de la population nord-américaine et européenne vivent désormais en ville.
Mais cet augmentation du nombre d’êtres humains, dont il faut satisfaire les besoins sans cesse croissants, produit une pression insoutenable sur l’écosystème. Chaque année, l’activité humaine consomme davantage de ressources naturelles que la planète ne peut en reconstituer sur la même période. Et chaque année nous produisons davantage de déchets que notre écosystème ne peut en absorber. Le changement climatique, qui en est la conséquence la plus visible, aura d’importants impacts sociaux et géopolitiques tels que les migrations massives de réfugiés climatiques, la gouvernance de l’Arctique, la revendication de la propriété des nouveaux espaces marins dus à la fonte des glaces, relève le député européen.
Par ailleurs, la hiérarchie des puissances est en plein bouleversement : les États-Unis perdent leur leadership mondial au profit de la Chine et plus largement des BRICS, note-t-il.
C’est donc à un monde neuf qu’il nous faut penser, car nous ne reviendrons jamais au monde d’avant. Et de ce monde neuf surgit un nouvel acteur politique : le peuple, souligne l’auteur. Et de s’interroger « Qui est le peuple ? ». « Voyez-le sous vos yeux, multitudes humaines urbanisées, nuées liées par des réseaux de toutes sortes. Elles forment l’essentiel de la population contemporaine. Je nomme « le peuple » cette multitude quand elle se donne des buts communs. C’est-à-dire quand la foule des individus si divers qui la composent prennent le pouvoir sur leurs conditions de vie. Alors ceux-ci deviennent des citoyens et le peuple un acteur politique », répond-il.
Dans la dernière partie de son livre, le candidat à la présidentielle de 2017 nous présente sa vision de ce nouveau monde à construire. L’espèce humaine est menacée puisque l’unique écosystème compatible avec son existence est en danger. Le capitalisme qui impose la marchandisation pour faire de toute chose une nouvelle source de dividendes et le productivisme qui épuise les ressources naturelles sont à l’origine de cette situation tragique, affirme-t-il. Les coupables de ce système sont l’oligarchie financière mondialisée, les gouvernements soumis aux lobbies des multinationales sans contrôle démocratique et les idéologues du libre-échange, dénonce-t-il. « Notre projet écosocialiste prend en compte à la fois les besoins humains et les limites de la planète. Il repense l’utilité sociale de la production, nos manières de consommer, nos besoins réels, la finalité de nos produits et la manière de créer », explique Jean-Luc Mélenchon. Le paradigme écologiste appelle la démocratie, l’égalité sociale, la laïcité et le féminisme, ajoute-t-il.
Le député européen appelle donc à un rassemblement du peuple. « En se formant le front du peuple fait rencontrer pour la première fois aux puissants une ligne de résistance qui couvre tout le champ de la bataille. L’ère du peuple, notre époque, est celle de la lutte du peuple contre l’oligarchie et la caste de ses obligés ».
Afin de redonner le pouvoir aux citoyens dans tous les domaines de la vie politique et économique, l’auteur plaide également pour une VIe République qui fixerait les droits écologiques, sociaux et démocratiques nouveaux.
L’ère du peuple
Jean-Luc Mélenchon
Nouvelle édition augmentée
Pluriel, 2016
126 p – 3 €