La question n’est pas de savoir si une prochaine crise va éclater, mais quand et comment et quels en seront les déclencheurs, prévient Jacques Attali. Si le pessimisme ressort de son analyse des scénarios dramatiques, il se veut optimiste par l’action à engager en servant l’intérêt des générations futures au sein d’une Europe renforcée dans le cadre d’une vision planétaire.
Les crises sont classées en huit catégories : financière, économique, sociale, politique, géopolitique, technologique, écologique, idéologique. Elles trouvent toutes leur origine dans une source unique : la priorité donnée aux bénéfices du court terme sur les enjeux du long terme.
En règle générale, ces crises s’enchaînent les unes avec les autres dans cet ordre, mais le pire, et c’est le cas aujourd’hui, est que le fait de résoudre une de ces crises peut en aggraver une autre, précise Jacques Attali : par exemple pour réduire la dette ou le chômage il faudrait augmenter la croissance du PIB ce qui aggraverait la crise écologique ; alors que résoudre la crise écologique par la décroissance aggraverait la crise financière, la crise économique et la crise politique ; pour éviter d’affronter ces défis, les hommes mettent en place « d’innombrables manoeuvres de retardement espérant que quelqu’un d’autre ou un miracle viendra régler à leur place les problèmes qu’ils ont créés ».
La solution selon Attali repose sur trois principes (lucidité, combativité, positivité) et sur six actions au niveau d’une protection personnelle, d’une prévention collective au sein de l’entreprise et au niveau d’une prévention collective pour un pays. Les actions s’orientent vers l’analyse des risques, la protection des acquis des générations suivantes, la recherche des alliés, la flexibilité, la mobilité, si nécessaire se préparer à un départ sans traumatisme.
Ses propositions s’inscrivent en fait dans une perspective mondialiste. Jacques Attali reconnaît lui-même qu’il n’apporte pas de réponse à toutes les questions, ni une solution définitive à tous les problèmes soulevés. Il cherche à ouvrir le débat sur les immenses enjeux auxquels nous sommes confrontés. C’est bien l’intérêt du livre.
Jacques Attali
Fayard, 2018
184 p. – 15 €