Dans son ouvrage La gauche a perdu sa boussole, offrons-lui un GPS !, Laurent Grandguillaume livre son analyse de la situation du pays et fait des propositions pour relancer la gauche.
Face à une France en transition dans tous les domaines : technologique, économique, écologique et démocratique, la gauche n’a pas saisi la mesure du changement de notre société. « La gauche semble avoir perdu sa boussole. Elle se cherche comme en témoignent la multitude de clubs, think tanks, mouvements, et les débats qui l’ont fracturée comme celui sur la déchéance de nationalité. Les grands récits mobilisateurs et fédérateurs semblent avoir disparu », déplore le député PS de la Côte-d’Or.
La finance, la technologie et le savoir se concentrent désormais dans les mains de quelques-uns à travers le technocapitalisme, alliance entre le capital et le savoir dans la technologie qui se substitue au travail et accroît les inégalités, remarque l’auteur. Les innovations technologiques se multiplient, une nouvelle promesse de prospérité est annoncée, mais la misère et la pauvreté augmentent. Il regrette que les innovations se justifient essentiellement pour répondre aux besoins du système économique et insuffisamment pour la transformation sociale, écologique et démocratique. Il reproche à la gauche désunie de ne pas s’être suffisamment saisie de ces enjeux d’un point de vue idéologique, donnant ainsi parfois l’image d’une double incapacité : celle à réduire les inégalités qui se creusent sous l’effet de l’extension du numérique à tous les champs de la société et par conséquent de protéger ceux qui craignent que leur emploi disparaisse sous l’effet de l’automatisation, et celle à imposer ses choix démocratiques aux nouvelles forces du technocapitalisme. Et il insiste « La gauche n’a pas été assez ambitieuse face à la demande forte de maîtrise de la finance pour remettre l’humain au cœur des choix ». « il faut remettre la question sociale, humaine au cœur du débat ».
Cependant, pour répondre à ces défis, la gauche doit changer ses outils d’analyse traditionnels qui sont aujourd’hui hors d’usage dans un monde où la révolution numérique a supplanté la société industrielle. « Mais si la gauche émiettée a perdu sa boussole, faute de réaffirmer un idéal, un sens, un récit, offrons-lui un GPS ! Proposons-lui de nouvelles grilles de lectures, de nouvelles solutions. Inspirons-nous des travaux des chercheurs, des intellectuels, des acteurs économiques et sociaux, de la société civile ».
Pour l’auteur, c’est effectivement en modifiant ses outils et ses grilles de lecture que la gauche pourra changer la donne et faire en sorte que la révolution numérique soit une chance pour garantir la liberté des plus faibles et non un outil au service des plus puissants.
Dans la seconde partie de son livre, Laurent Grandguillaume avance de nombreuses propositions pour relancer la gauche : se réapproprier la question du travail en répondant aux quêtes de liberté, de sécurité, mais aussi de sens ; inventer l’entreprise du futur, promouvoir le « faire ensemble ».
L’auteur aspire à la création d’un pacte entre la technologie et l’humanisme par la réappropriation des moyens techniques. « Il faut organiser de nouvelles résistances, de nouveaux espaces de création pour “faire société” ensemble ». « Cela doit être l’objet d’un nouveau contrat social entre les forces sociales, économiques et politiques de notre pays », indique t-il.
Laurent Grandguillaume
Editions du Moment, 2016
252 p. – 17,95 €