À un moment où la cohésion de l’esprit européen est fissurée, où les discours anti-européens se multiplient, Mathieu Calame, franco-suisse, directeur de la Fondation Charles-Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme (FPH), plaide dans cet essai pour une Europe fédérale, une intégration politique réelle.
L’auteur dénonce le blocage des gouvernements français successifs pour « conserver une illusoire souveraineté » en matière de politique étrangère, mais aussi sur le plan budgétaire et social et critique le « comportement ambigüe » des intellectuels et politiques qui voulaient éviter le « spectre d’une Europe réduite à l’état de « grande-Suisse » ». Mais, tout bien considéré, l’histoire de la confédération helvétique au XIXe siècle évoque par maints aspects le défi européen : ligue médiévale marginalisée au moment où se constituent les puissances européennes, elle a dû, pour survivre, se transformer en État-nation multiculturel, souligne Mathieu Calame
L’auteur reconnaît la sagacité du choix de privilégier l’Europe économique en 1950 opérant jusqu’en 1989. Choix lié à une pression externe : la menace soviétique. Celle-ci disparue, il fallait rapidement réaliser l’union politique qui nécessite un grand saut : la création d’un État-nation européen dont la forme ne pouvait être que fédérale en raison de la disparité culturelle du continent.
« Réaliser une union européenne politique c’est tourner la page des drames qui ont secoué le XXe siècle et incarner authentiquement l’universalisme dont la révolution française était la promesse » martèle Mathieu Calame.
La France contre l’Europe
Histoire d’un malentendu
Mathieu Calame
Editions les petits matins, 2019
156 p. – 14 €