À la mi-avril 2022, entre les deux tours de l’élection présidentielle, un sondage du Figaro indiquait que 70 % de ses lecteurs étaient favorables à l’instauration du scrutin à la proportionnelle, seuls 30 % d’entre eux y demeurant hostiles.
À vrai dire, les 70 % ne sont pas bien étonnants : l’idée que les citoyens puissent être représentés au Parlement de façon proportionnée, c’est-à-dire juste, exacte, conforme à la réalité, semble tomber sous le sens, et il y a fort longtemps que c’est le cas : au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de Gaulle déclarait y voir le seul suffrage « honnête » : le seul où le résultat (en sièges) correspond à ce que pensent et à ce que veulent les électeurs.
Et de fait, c’est d’abord aux autres, aux 30 % restants, que s’adresse ce livre. À ceux qui demeurent inébranlablement attachés au préjugé selon lequel la proportionnelle, en multipliant les partis et en divisant le monde politique, rendrait l’État ingouvernable. Alors que, de toute évidence, tel n’est plus le cas sous la Ve République. De nos jours, même intégrale, la proportionnelle ne présente plus aucun risque sérieux, tout en étant le meilleur moyen de rendre la parole au peuple. Plus que jamais, comme le disait déjà Jaurès au début du XXe siècle, elle est devenue « la seule issue ».
Christophe Boutin est docteur en sciences politiques et professeur de droit public à l’université de Caen. Frédéric Rouvillois est, quant à lui, professeur de droit public à l’université Paris Cité. Ils ont publié, il y a quelques mois, à La Nouvelle Librairie, un essai remarqué sur Les parrainages, ou comment les peuples se donnent des maîtres.
La proportionnelle ou comment rendre la parole au peuple
Christophe Boutin et Frédéric Rouvillois
Éditions La nouvelle Librairie, 2022,
214 p. – 15,90 €