Afin de renforcer les relations bilatérales entre la Grèce et les États-Unis le Greek Economic Forum, dans le cadre de son nouveau programme G2040, a fait appel à l’artiste franco-grec Dionysios, afin de créer « Renaissance/Révolution 2040 », une œuvre digitale offerte à Joe Biden
Tandis que la planète traverse une crise sanitaire et économique globale sans précédent, la Grèce fait face à une menace qui lui est propre, militaire cette fois, face à la Turquie de plus en plus invasive.
Après quatre ans, où la Grèce a vécu de manière douloureuse le soutien de Trump envers son « alter-ego » turc, le changement de présidence Outre-Atlantique pourrait avoir un effet déferlant positif sur la situation politique du pays. Aujourd’hui, la Grèce a besoin de s’assurer que la nouvelle administration américaine viendra se joindre aux côtés de la France dans son soutien, historique, aux valeurs helléniques, sur lesquelles ils ont bâti leurs idéaux démocratiques communs.
C’est donc cet objectif de renforcer les relations bilatérales entre la Grèce et les États-Unis que le Greek Economic Forum, dans le cadre de son nouveau programme G2040, a fait appel à l’artiste franco-grec Dionysios, afin de créer « Renaissance/Révolution 2040 », une œuvre digitale qui a accompagné la lettre de félicitations au nouveau président américain Joe Biden et à sa vice-présidente Kamala Harris.
A l’instar des offrandes entre alliés, le don d’une statue peut porter un double message, d’une part celui de la volonté de renforcer une alliance, de l’autre celui de démontrer sa force et sa pertinence technique/technologique à l’international. La Grèce proclame ainsi un message politique fort : si l’art est une arme dans le champ de bataille des idées, c’est l’arme qu’elle a choisie dans ce moment pivot de son Histoire.
Avec Renaissance/Révolution 2040, l’artiste Dionysios porte le plaidoyer d’une jeunesse « sacrifiée » mais résiliente, grecque certes, mais universelle aussi.
Renaissance/Révolution 2040 se veut un symbole d’unité et de paix. Cette pièce numérique, envoyée dans l’intention d’ouvrir le dialogue entre passé et futur, met en avance la puissance des idées qui transcendent les frontières.
Son but est d’inviter à une renaissance ou bien à une révolution : une rupture totale d’avec le passé, ou l’acceptation de ce qui préexiste dans le but d’aller de l’avant. Cela semble, pour cette jeunesse, les seules issues pour un meilleur avenir.
Cette Victoire de Samothrace aux ailes américaines, qui se dresse fièrement sur les vestiges d’un avion militaire turc abattu et coupé en deux, serait-elle une femme sans traits apparents mais aux mille visages ?
Un symbole d’inclusion et d’unité qui représenterait K. Harris, première femme Noire présidente des Etats-Unis, icône d’une Amérique plus progressiste, au sein de laquelle les idéaux démocratiques américains et grecs communs apportent l’élan suffisant à la Grèce, pour être en mesure de se transcender ?
Ou plutôt celui d’une chimère à l’identité effacée, qui se lève victorieuse sur des terres conquises ? Une femme-icône, forte, mais qui n’existe pas encore dans les faits. Une femme-icône dont le corps, in fine, ne sert que de véhicule à un soft-power américain, inaliénable qui ne se satisfait que dans la pérennisation d’un système inégal ?
Résolument futuriste, cette œuvre souhaite aussi s’adresser à la génération née dans un monde 2.0 résolument postmoderne, dans lequel « rien ne se perd tout se transforme » (Lavoisier). Cette génération nourrie par un flux continu d’images, d’informations, d’idées, où, finalement, tout n’est qu’emprunt, assimilation, digestion, réappropriation.
Renaissance/Révolution 2040 invite le spectateur à se projeter dans la réalité dystopique, celle de notre monde contemporain.
Universelle, cette œuvre interpelle sur la problématique locale de la Grèce, en la plaçant dans un prisme et une conscientisation géopolitique et idéologique plus large.
Sous ses allures d’œuvre rebelle, Renaissance/Révolution 2040 est en réalité un appel à la paix. A cette rébellion nécessaire pour l’éclosion d’un avenir meilleur.
Cette super-héroïne iconoclaste, bien que privée de bouche, de tête, de bras pour agir, s’érige en Liberté guidant le Peuple. Malgré son mutisme, son dynamisme est victorieux. Elle invite au dépassement de soi, des corps, des visages, des identités, des frontières. Elle se tient fièrement sur les débris d’un avion militaire écrasé, le transformant en une épave du passé. Un profond symbole d’unité et de paix.
Le renouveau viendra d’ailleurs, d’où on ne s’imagine pas : ni de la tête, ni des bras. Mais du corps. Le corps du peuple.
Une paix universelle, qui ne correspond à aucun visage, mais à tous les visages.
Maria Anastasia Kanellos
Chargée de communication