Colonisation, Révolution française, histoire et philosophie, retrouvez la sélection du mois de la Revue Politique et Parlementaire.
Les Nostalgériades, Editions du Cerf
Fatiha Agag-Boudjahlat
Présentation de l’éditeur
Une plongée vivante, empathique et critique dans l’univers des jeunes français issus de l’immigration, l’ordinaire des profs, le quotidien des filles partagé entre la réalité d’ici et l’irréalité fantasmée de « là-bas ». L’auteure passe au crible toutes les formes de « connivences communautaristes » auxquels ils sont sans cesse confrontés, à l’école, dans le milieu médical, le « chantage émotionnel » des familles parfois, les dérives de la « vanité de l’orthodoxie » des jeunes générations, la difficulté enfin qu’éprouvent les professeurs à enseigner la colonisation, la guerre d’Algérie ou la Shoah. Un plaidoyer républicain fort (non dénué d’humour) et stimulant.
Le livre : Nostalgie. Algérie. Jérémiades. C’est par ces trois mots, regroupés en Nostalgériades que s’ouvre le nouveau livre de Fatiha Agag-Boudjahlat, alternant l’essai politique et le récit autobiographique. Décrivant les naïves croyances des collégiens auxquels elle enseigne chaque jour («Au bled, ça coûte rien», «Seul Allah guérit»), et la difficulté qu’éprouvent les professeurs à enseigner la colonisation, la guerre d’Algérie ou la Shoah, la cofondatrice du mouvement Viv(r)e la République décrypte la condition féminine, en France comme dans les pays de culture musulmane. Rêvant d’un MeToo mondial, elle affirme dans sa splendide conclusion que si la condition féminine est un malheur, alors «il ne faut pas renoncer à ce malheur ». Sans langue de bois, sans naïveté et sans ressentiment, voici le nouvel essai flamboyant d’une femme puissante appelé à provoquer le débat.
L’auteur : Enseignante et essayiste française, militante laïque défendant un féminisme
universaliste, autrice au Cerf de deux essais majeurs, Le Grand détournement et Combattre le voilement, Fatiha Agag-Boudjahlat compte parmi les voix et les consciences d’aujourd’hui.
Le nombre et la raison, La Révolution française et les élections, Editions du Cerf
Préface de François Furet – Avant-propos inédit de l’auteur
Patrice Gueniffey
Présentation de l’éditeur
L’histoire véritable et méconnue du vote de l’élection dans la France de 1789, très célébré
dans son principe mais peu influent en pratique sous la Révolution. Une étude majeure sur le
paradoxe initial de la démocratie, balançant entre volonté populaire et exigence rationnelle.
Un pan d’histoire méconnu mais d’une surprenante actualité. Un livre essentiel.
Le livre : Ce livre s’attache à un objet longtemps négligé par les historiens : le moment du vote, l’instant où le peuple devient citoyen. Par ce qu’il révèle d’incertitudes sur le sens même de la démocratie, de dettes à l’égard de la culture du passé et de tensions entre la société française de la fin du XVIIIe siècle et l’univers rationnellement reconstruit en 1789, Le nombre et la raison apporte des éléments de réponse à une question de l’impasse politique où s’est, tôt, enfermée la Révolution française. Bien sûr, le principe de l’élection a été au cœur de la Révolution, comme le symbole de l’appropriation populaire de la souveraineté, le moyen légitime et naturel du gouvernement du peuple par lui-même, l’instrument permettant de réaliser la transparence du peuple et du pouvoir. Cependant, si le suffrage forme un élément central de l’imaginaire politique révolutionnaire, aucune des nombreuses consultations n’a constitué un tournant, une date dans le cours de la Révolution. C’est à comprendre le paradoxe d’un principe célébré comme un droit universel, mais qui n’a guère suscité d’engouement pratique, que ce livre est consacré.
L’auteur : Historien, directeur d’études à l’EHESS, spécialiste internationalement reconnu de la
Révolution et de l’Empire, Patrice Gueniffey est l’auteur de la biographie monumentale et définitive Bonaparte, parue chez Gallimard.
Napoléon & Jésus, L’avènement d’un messie, Editions du Cerf
Préface de Jean-Marie Rouart de l’Académie française
Marie-Paule Raffaelli-Pasquini
Présentation de l’éditeur
Napoléon ne s’est pas auto-couronné, il s’est auto-divinisé. C’est cette iconographie impériale
que décrypte avec talent une jeune docteure en lettre de 28 ans dont le travail a été salué par
Jean-Marie Rouart de l’Académie française. Une surprise pour le bicentenaire.
Le livre : Jésus avant Alexandre, avant Auguste : dans l’imaginaire de l’épopée napoléonienne, les figures impériales de l’Antiquité grecque et romaine cèdent devant une autre, plus secrète. Longtemps enfouie dans l’ombre des représentations césariennes, c’est l’icône christique qui se révèle la plus intime au sein de cette destinée et de cette œuvre d’exception. Ce que Marie-Paule Raffaelli-Pasquini démontre magistralement en menant une enquête sans précédent, enlevée et passionnante, au cœur de l’imaginaire personnel de l’Empereur. Napoléon admire Jésus. Pour lui, le Christ a su initier un mode de pensée inédit, instaurer un ordre nouveau, unir l’humanité autour d’un Idéal commun. Plus encore que le Verbe éternel, c’est l’incarnation, l’hybridation, le mi-homme et mi-dieu qui le fascinent. Il lui faut à son tour, et à l’instar des héros qui ont bercé son enfance, aspirer à sauver le monde. Inspiré par l’exemple du Christ évangélique, Napoléon fera tout pour devenir lui-même un Christ politique. C’est cette emprise d’un message spirituel unique sur une aventure temporelle singulière qu’analyse avec talent et brio la jeune philosophe, éclairant tous les aspects d’une mythification religieuse qui nous aide à comprendre l’inexplicable pays qui est le nôtre. Une lumière inattendue jetée sur l’inconscient de la France. Un livre époustouflant.
L’auteur : Spécialiste de Napoléon, Marie-Paule Raffaelli-Pasquini est docteure en lettres. C’est son premier livre.
Le Procès de Spinoza, Albin Michel
Jacques Schecroun
Présentation de l’éditeur
« Ne nous appartient-il pas d’inclure au lieu d’exclure ? De voir en l’autre une possible richesse et, avant cela, de regarder au plus profond de nous ce qui nous dérange en lui ? »
Amsterdam, 1656. Dans la synagogue de la communauté hispano-portugaise transformée en tribunal, un très jeune homme est jugé pour hérésie et autres actes monstrueux. Il risque un bannissement à vie.
Comment celui en qui tous voyaient un futur rabbin en est-il arrivé là ? Quelles rencontres ont pu le détourner d’une voie toute tracée ? Quel cheminement a été le sien pour passer d’un Dieu qui punit à un Dieu qui, ayant tout et étant tout, ne demande rien ?
Dans ce roman passionnant, qui nous plonge au coeur des débats précurseurs du siècle des Lumières, Jacques Shecroun imagine les événements qui marquèrent un tournant majeur dans la vie de Spinoza. Le procès dont le philosophe fut l’objet souligne, aujourd’hui encore, la modernité de sa pensée, et l’actualité de la question de la liberté d’expression.