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dans Politique

Les « crises » comme jalons sur le chemin de l’hypertrophie de l’État

ParMatthieu Creson
30 septembre 2020
Les « crises » comme jalons sur le chemin de l’hypertrophie de l’État

La réaction très forte de l’Etat face à la pandémie était-elle trop forte ? Assurément, répond Matthieu Creson, qui à travers l’analyse des travaux de l’historien Robert Higgs, nous alerte sur les tendances de l’Etat moderne à vouloir tout contrôler, à être le seul acteur de la vie politique.

La crise du covid-19 semble nous conforter encore davantage dans une idée qui était déjà largement implantée dans nos esprits depuis fort longtemps : à travers son appel à la « mobilisation générale des ressources », le volontarisme étatique serait la solution la plus efficace pour résoudre les « crises », ces événements soudains qui viennent bouleverser le cours normal des choses, et qui appelleraient nécessairement, croit-on souvent, des mesures drastiques de la part des pouvoirs publics.

La réaffirmation récente de ce que devrait être le rôle de l’État lors d’une crise comme celle du Covid-19 a été notamment servie par la rhétorique guerrière qui s’est constituée autour de la pandémie : « Nous sommes en guerre », n’a-t-on en effet cessé de répéter un peu partout, surtout lors des mois de mars, avril et mai dernier, au plus fort de l’épidémie. Nous avons même entendu ces derniers mois Didier Raoult reprendre l’expression attribuée au général de Gaulle : « l’intendance suivra ».

En somme, selon cette vision de ce qu’il faut faire en situation de crise, l’État doit tracer un « cap », fixer les objectifs à atteindre, de manière à créer un véritable effort de guerre auquel l’ensemble des acteurs d’une société seraient amenés à participer conjointement. Or cette tendance à transférer exclusivement à l’État la gestion des crises n’a pas toujours prévalu, loin de là : c’est ce que nous rappelle Robert Higgs, auteur d’une œuvre essentielle d’économie politique et de philosophie politique, parue en 1987, Crisis and Leviathan. Quand donc sommes-nous devenus de plus en plus enclins à faire confiance à l’État pour gérer nos problèmes à notre place, et pour quelles raisons ?

Comment la place et le rôle de l’État tendent a croître exponentiellement de crise en crise : la thèse fondamentale de Robert Higgs

Les travaux de Robert Higgs sur l’accroissement du pouvoir de l’État s’inscrivent dans le prolongement de l’ouvrage des économistes Alan Peacock et Jack Wiseman, The Growth of Public Expenditure in the United Kingdom (1961), ouvrage dans lequel ils montraient comment les deux guerres mondiales avaient accru de manière inédite les dépenses publiques en Grande-Bretagne1. Ce livre sera donc le point de départ de l’analyse de Robert Higgs, qui entendra développer une approche plus globale de la question en étudiant notamment comment l’ensemble des crises – non seulement les deux guerres mondiales, mais entre autres exemples la crise de 1929 et la grande dépression qui s’ensuivit – constituent autant d’étapes sur le chemin de l’excroissance du pouvoir de l’État.

Robert Higgs estime qu’une nouvelle idéologie s’est implantée à l’époque moderne, non seulement aux États-Unis mais aussi dans bien d’autres pays occidentaux : celle qui consiste à penser qu’en cas de crise, l’État est a priori l’acteur le plus légitime pour tenter d’y remédier2. Cette idéologie n’existait pas du tout aux États-Unis avant le milieu du XIXe siècle. En effet, c’était plutôt l’idéologie inverse qui prévalait alors, selon laquelle l’économie devait rester libre et le gouvernement s’en tenir à ses strictes missions régaliennes de maintien de l’ordre et de respect de la propriété privée.

Dans les États-Unis d’avant 1850 environ, les crises étaient plutôt réglées localement, nous dit Robert Higgs, grâce au concours des différents acteurs de la société : famille, amis, voisins, associations, etc.

Tocqueville avait d’ailleurs déjà constaté comment la vie associative constituait un aspect essentiel de la démocratie américaine : au lieu de se tourner vers le gouvernement, les Américains d’alors avaient plutôt tendance à former spontanément des associations pour traiter les problèmes qui se posaient à eux. Ils jugeaient l’initiative privée plus efficace pour résoudre leurs difficultés que le centralisme étatique.

Selon Higgs, l’idéologie pro-interventionniste est apparue progressivement dès la fin du XIXe pour se diffuser de plus en plus largement tout au long du XXe siècle. Le développement concomitant du socialisme et du collectivisme, jusqu’à leur chute finale en 1989, n’est bien sûr aucunement étranger à cet élargissement des prérogatives de l’État dans les sociétés libres elles-mêmes.

L’originalité de l’approche de Higgs du problème de la croissance de l’État réside dans le fait que cette approche ne se limite pas à des critères strictement quantitatifs, auxquels les économistes s’en sont souvent tenus dans la mesure où, nous dit Higgs, ils entrent facilement dans l’élaboration de modèles économétriques. Traditionnellement, le poids de l’État dans l’économie est évalué selon le rapport entre les dépenses publiques et le PIB.

Sans nier la pertinence de ce dernier critère, Higgs entend développer une vision plus large du problème en intégrant aussi des éléments qui ne pas toujours chiffrages. En effet, poursuit-il, un ratio comme celui-ci peut très bien ne pas révéler un quelconque élargissement de la sphère d’intervention de l’État, alors que cet accroissement existe pourtant bel et bien dans la réalité ; ainsi lorsque de nouvelles règlementations apparaissent.

À tout cela, on répondra éventuellement que les mesures décrétées par l’État en temps de crise n’ont pas vocation à s’inscrire dans la longue durée. Les mesures d’urgence, prises dans des circonstances exceptionnelles, seraient censées disparaître une fois la crise résorbée.

Or, poursuit Higgs, il n’en est rien : telle crise conduira toujours l’État à mettre sur pied telle nouvelle structure, à créer telle nouvelle règlementation, sans nécessairement que cette structure cesse d’être ou que cette règlementation soit abrogée à l’issue de la crise.

Certes, les mesures prises durant l’état d’exception sont en principe réglées sur les différentes phases de la crise : les mesures iront croissant à mesure que la crise s’aggravera, pour ensuite diminuer tout au long de la sortie de crise. Il en restera cela dit toujours une trace plus ou moins profonde dans la configuration du rapport entre l’État et la société. Il est donc illusoire de penser que la fin de la crise s’accompagne nécessairement du retour au statu quo ante.

L’exploitation de la peur : un moyen de persuader les individus de s’en remettre à l’État pour résoudre les « crises »

Un autre aspect de la singularité de la thèse de Robert Higgs tient à sa conception de la fonction de la peur en tant que moyen d’amener une population à céder l’initiative de la gestion d’une crise à la puissance étatique.

Apeurés par l’existence de « crises » en tous genres – crises économiques, crises environnementales, crises sanitaires, etc. -, dont le danger ou les méfaits sont continuellement ressassés dans nos médias, les citoyens sont ainsi de plus en plus amenés à exiger de l’État qu’il règle l’ensemble des problèmes qui se posent à eux.

D’où ce grand paradoxe : bien que nous vivions aujourd’hui incomparablement mieux que nos aïeux (songeons par exemple à la disparition chez nous des famines, préoccupation majeure de nos ancêtres il y a encore trois ou quatre siècles), la peur semble n’avoir cessé de progresser dans le même temps. Selon Higgs, il y a en fait aujourd’hui davantage de raisons d’avoir peur de la surréaction des gouvernants face à la survenue d’une crise, que de la crise elle-même.

Les travaux de Higgs sur la croissance de l’État ont récemment été repris et prolongés par le journaliste John Tierney et le psychologue social Roy Baumeister dans leur ouvrage The Power of Bad (Penguin, 2019). À l’instar de Higgs, ils considèrent que « la série incessante de crises, réelles ou supposées, ressassée continuellement par les médias […], engendre des remèdes qui sont bien trop souvent pires que les maux qu’ils prétendent guérir »3.

L’homme est au départ un être foncièrement peureux, et c’est d’ailleurs en raison de cette tendance qu’Épicure s’était employé, au IIIe siècle avant notre ère, à l’arracher à toutes ses craintes en lui donnant une vision rassurante du monde – fondée sur la théorie atomiste de Démocrite. Or, plutôt que de s’attacher à dissiper les peurs irrationnelles des citoyens, les gouvernants n’auraient quant à eux que trop tendance, comme l’écrit Higgs, « à exploiter et à cultiver » cette disposition fondamentale4.

Machiavel, que cite Higgs, avait déjà insisté dans Le Prince sur l’importance de la fonction politique de la peur : « comme il est difficile que l’amour et la crainte existent ensemble », écrivait-il, « je dis que, s’il fallait choisir entre les deux, il est bien plus sûr d’être craint que d’être aimé »5.

Je nuancerai toutefois la thèse de Robert Higgs sur un point en particulier : Higgs évoque en effet le Patriot Act6 et rappelle comment la réaction américaine aux attentats du 11 septembre relèverait de cette tendance de l’État à se saisir des crises pour élargir toujours davantage sa sphère d’intervention. Or, comme aimait à le rappeler Jean-Francois Revel, les réactions des Occidentaux durant la « guerre froide » ont souvent été bien timides voire inexistantes face aux innombrables agressions de l’URSS, laquelle avait ni plus ni moins pour objectif de faire disparaître le camps des démocraties libérales. Il aura fallu attendre Reagan pour que la stratégie du « refoulement » remplace la stratégie de l’ « endiguement », conçue à l’origine par Truman.

On doit certes déjà la disparition de l’URSS à la faillite interne du système communiste, mais on la doit aussi notamment à l’action déterminante d’un Reagan, lequel, à travers son programme d’Initiative de Défense Stratégique (IDS), provoqua la démoralisation des dirigeants de l’URSS, ainsi que la perestroïka qui s’ensuivit. Il est donc des cas où l’action volontaire des dirigeants peut être tout à fait légitime, notamment pour protéger les démocraties libérales face aux « ennemis de la société ouverte » (pour reprendre les mots de Karl Popper).

Cela dit, le livre de Higgs doit nous rappeler que la tendance à l’hypertrophie est consubstantielle à tout État quel qu’il soit. Il nous appartient donc plus que jamais de rester vigilants pour faire respecter le principe suivant : les gouvernants sont avant tout les représentants des citoyens auxquels ils doivent rendre des comptes, et n’ont aucunement vocation à accéder au pouvoir pour développer une autonomie propre, indépendante de leurs fonctions de représentants.

 

 

Matthieu Creson

  1. https://www.youtube.com/watch?v=6OrYfvus9YA ↩
  2. Robert Higgs, « The political economy of crisis opportunism », Mercatus Policy Series, Policy Primer No. 11, octobre 2009, p. 2. https://www.mercatus.org/system/files/Mercatus_Policy_Series-HIGGS.pdf. ↩
  3. John Tierney, « The Politics of Fear », 20 mai 2020, https://www.city-journal.org/the-politics-of-fear. ↩
  4. https://mises.org/library/political-economy-fear. Cité par John Tierney dans son article susmentionné. ↩
  5. https://mises.org/library/political-economy-fear. Cité dans le même article de John Tierney. ↩
  6. https://www.independent.org/news/article.asp?id=405. ↩
Matthieu Creson

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