Les ouvrages sur la démocratie sont pléthoriques. De l’Antiquité à nos jours, historiens, politologues, philosophes, économistes ne cessent d’interroger la démocratie, ses faux-semblants, ses dérives, ses doutes : le suffrage universel est-il aussi démocratique qu’on le croit ? Les partis politiques garantissent-ils effectivement le bon déroulement des partis ? Qui détient vraiment le pouvoir dans les démocraties ?
Dans un environnement de moins en moins maîtrisé et de plus en plus inquiétant, dans les pays où des élites sont largement compromises avec des milieux financiers et des lobbys de toute sorte, la démocratie vacille. Elle est en danger. La confiance entre le peuple et les dirigeants est rompue et s’exprime par des votes contestataires et des abstentions. Comment éviter le pire ? Comment sauver un système que Winston Churchill qualifiait « de moins mauvais » ? Enfin, à l’ère des réseaux sociaux et des nouvelles technologies n’est-il pas temps d’inventer une nouvelle forme de démocratie ?
Albert de Surgy se lance dans cette aventure en critiquant d’abord le système en vigueur, expliquant par la suite sur quels principes il lui paraît nécessaire de s’appuyer pour bâtir une société durablement satisfaisante.
Plus de deux siècles après la Révolution, notre régime dit Républicain a remplacé le roi par un « monarque républicain qu’est notre président de la République », écrit Albert de Surgy. Quant au peuple, « il ne s’exprime jamais qu’au terme d’un processus, très largement contestable, il ne se présente jamais comme une donnée réelle, objective de la politique […] mais comme un concept abstrait, de nature procédurale ou juridique, élaboré conformément aux désirs des classes montantes dont la nature n’a jamais cessé d’évoluer : d’abord religieuse, puis militaire, industrielle, marchande, actuellement surtout financière. Un tel “peuple” ne s’exprime jamais, dans une démocratie qui l’adule, qu’à travers un prisme déformant ».
L’auteur se montre aussi sévère vis-à-vis des partis qui tendent à confisquer le pouvoir revenant théoriquement au peuple, au profit des élites qui les dirigent ou les soutiennent. C’est là qu’interviennent les « séducteurs de l’opinion publique ». Albert de Surgy explique comment le système des partis exige des élus qu’ils fassent corps avec leur groupe, non pour imposer ce qui est juste, mais pour vaincre le camp d’en face. Ils ne représentent plus, chacun à leur façon, l’intérêt général du peuple, mais seulement l’intérêt électoral de leur parti. Les confrontations politiques contradictoires se substituant aux vrais débats. Les marchés financiers se posent comme les meneurs de jeu faisant pression sur la rédaction de certains médias, formatant les esprits exerçant de ce fait une emprise sur l’opinion et nos sociétés. Tirant leçon de ces failles du système, Albert de Surgy propose quelques pistes pour « rendre le pouvoir aux citoyens » une manière de réinventer en quelque sorte la démocratie. Nous pouvons les résumer par la nouvelle devise qu’il préconise : responsabilité, équité, solidarité. Chacun des termes faisant l’objet d’analyse poussée.
Osons réinventer la démocratie – Comment rendre le pouvoir aux citoyens
Albert de Surgy
L’Harmattan, 2018
246 p. – 26 €