La création de l’Union européenne fut la réponse positive au siècle meurtrier des deux guerres mondiales. Elle portait en elle l’espoir du progrès social économique et politique et devait apporter paix, prospérité et solidarité entre les peuples. Pourtant nous vivons actuellement un désaveu de l’Europe. La génération actuelle, qui n’a pas connu les guerres, vit dans l’insécurité sociale économique et le désastre écologique. L’esprit européen n’est plus partagé.
L’Europe libérale telle qu’elle a été pratiquée a gravement entamé l’idée européenne car pas assez politique, pas assez sociale, elle fragilise les plus modestes, inquiète les plus jeunes, marginalise les ruraux. Néanmoins, l’auteur reconnaît que les politiques de concurrence ont effectivement permis le développement de la première puissance commerciale mondiale mais au détriment d’une partie non négligeable de la population (graphiques et statistiques à l’appui).
Face à ce désarroi, nous assistons à la montée des souverainistes. Les solutions que ces derniers préconisent ne sont pas appropriées, le remède étant pire que le mal.
Pour sortir de cet « étau libéral-souverainiste », l’économiste Thomas Dupont Federici explore une troisième voie alternative pour construire une Europe attractive, efficace, susceptible de répondre aux aspirations de la nouvelle génération. Il convient donc de remédier aux failles de l’Union européenne qui alimentent le désarroi du citoyen : absence d’une cohésion au sein de l’Union, espace trop vaste, trop disparate, existence de différents ensembles non homogènes (UE, espace Schengen, euro système…). De surcroît, les citoyens ne voient l’Europe qu’à travers des règlementations sans contact direct avec des institutions et n’ont même pas la possibilité de choisir au suffrage universel direct le président de la Commission européenne. Ils se sentent ainsi dépossédés de leur citoyenneté.
Aux termes de ses critiques, Thomas Dupont-Federici présente sa vision qui repose sur ce qu’il appelle « la pertinence d’une Europe sociale » (socialisation des revenus, partage du temps du travail), d’une Europe du « juste-échange » (créer une économie européenne qui favorise la coopération intra et extra communautaire plutôt que la concurrence), d’une Europe démocratique (renforcer le pouvoir des citoyens par des institutions plus représentatives, d’une Europe de droits collectifs réels par la mise en place d’une démocratie réelle). Un projet qui, selon lui, redonnerait une nouvelle dynamique à l’Union européenne susceptible de mobiliser les nouvelles générations assoiffées de paix et de justice sociale et de faire naître un authentique esprit européen.
Pour une nouvelle génération européenne
Thomas Dupont-Federici
L’Harmattan (Questionner l’Europe), 2018
160 p. – 19,5 €