Matthieu Creson, conférencier, enseignant, auteur, revient sur la candidature d’Aurélien Pradié à la présidence du parti LR.
Dans Le Journal toulousain1 (6 octobre 2022), le député du Lot et candidat à la présidence du parti LR, Aurélien Pradié, est récemment revenu sur sa vision de la droite et sur ce qu’il convient selon lui de faire pour qu’elle retrouve la faveur des électeurs français. « Comme je ne veux, soutient-il, ni me rallier au macronisme, ni au lepénisme, ni au zemmourisme, je considère que le seul chemin est la reconstruction totale de la droite de fond en comble ». Il faut, ajoute-t-il, « projeter la droite républicaine dans l’actualité pour qu’elle parle de nouveau aux Français ». On aimerait savoir comment, au-delà de ces formules assez vagues, Aurélien Pradié entend concrètement parvenir aux buts qu’il s’est proposés. La réponse est à vrai dire assez claire : par l’action de l’État, la planification et la réactualisation d’un gaullisme se voulant « moderne ».
Renouant avec l’antique penchant anti-libéral de la droite française, Aurélien Pradié déclarait2 en 2020 : « On n’évitera pas d’interroger le libéralisme, c’est une évidence. (…) La question fondamentale est là : l’idée que l’argent serait la seule échelle de valeur, et que l’État n’a plus aucun rôle à jouer. On a tué l’idée d’État. » Le grand problème de la France réside pour lui non pas dans l’excès mais dans l’insuffisance d’État… Le gaullisme, par sa planification et sa définition de secteurs « stratégiques », retrouve donc à ses yeux toute son actualité dans le contexte qui est le nôtre. L’État doit, selon lui, soustraire à la logique du marché lesdits secteurs stratégiques et « réguler » le libre-échange. On se plaît ici à se demander ce qui distingue réellement la vision économique d’Aurélien Pradié de celle des collectivistes de gauche. Pas grand-chose à vrai dire, de l’aveu même de celui-ci : « Je crois à la planification, dit-il : c’est un point d’accord avec la pensée communiste, qui l’a d’ailleurs appliquée avec les gaullistes ». Quand donc la droite cessera-t-elle de vouloir être de gauche pour opérer enfin le virage libéral dont notre pays a besoin depuis au moins 40 ans ?
Matthieu Creson
Enseignant, chercheur (en histoire de l’art), diplômé en lettres, en philosophie et en commerce
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