La nouvelle enquête de Georges Bensoussan analyse la réalité et les enjeux du sectarisme qui met chaque jour un peu plus en péril la démocratie.
L’enquête qu’il avait menée en 2002 « Les Territoires perdus de la République » témoignait déjà de la dégradation culturelle et politique dans les écoles des banlieues rongées par le communautarisme, l’antisémitisme et le sexisme et le ressentiment profond à l’égard de la France comme nation. Depuis, rien n’a changé malgré des milliards dépensés, dans la politique de la ville, affirme-t-il. « Pour une grande partie de nos administrations centrales ou locales, il parait difficile d’admettre que cette crise identitaire n’a pas seulement des racines économiques et sociales, mais qu’elle est aussi culturelle, en dépit de la construction de nouveaux logements sociaux, d’équipements sportifs et de la distribution de subventions aux associations de quartier (dont la commune voisine, elle, ne bénéficie pas, car située hors de la cartographie administrative des zones urbaines sensibles) ». Quinze ans plus tard, Georges Bensoussan pointe du doigt dans ce nouvel ouvrage qu’il a dirigé, l’élargissement de véritables territoires interdits de la République. Il ne prétend pas faire œuvre de sociologue mais donner la parole aux acteurs du terrain, témoins quotidiens de ces fractures culturelles : enseignants, infirmières, assistantes sociales, maires, formateurs et policiers. La plupart des témoignages recueillis sont sous pseudonymes, par peur des représailles. « Cette enquête révèle le fossé existant entre une partie des élites médiatiques et la masse du peuple français, classes moyennes et populaires confondues. Le discours formaté des élites apparait de moins en moins audible », souligne Georges Bensoussan.
Cet essai met en garde contre l’élargissement des territoires perdus de la République qui son en passe d’être gagnées par les « islamistes ». « Ce qui n’était que « vaguelettes », il ya vingt-cinq ans s’est transformé en lames de fond », résume Elisabeth Badinter, qui a préfacé l’ouvrage. « Aujourd’hui, en France, on a peur de parler à visage découvert, tant on craint à juste titre les insultes, les représailles professionnelles, et même les violence physiques qui peuvent s’ensuivre. C’est dire combien notre lâcheté collective a affaibli notre démocratie.
Coincés entre l’extrême droite qui rêve d’imposer le saucisson à tous et l’extrême gauche devenue dévote du religieux le plus sectaire, il n’est que temps de réagir ; tendre la main à nos concitoyens musulmans qui adhèrent aux lois et aux valeurs de notre République, tout en combattant sans défaillance ceux qui n’aspirent qu’à nous imposer les leurs » écrit-elle.
Les témoignages argumentés et référencés sur le développement de l’islamisme politique et le dénigrement de la France sont accablants et angoissants.
« Une France soumise. Les voix du refus » est un cri d’alarme.
Préface de Elisabeth Badinter
Sous la direction de Georges Bensoussan
Albin Michel, 2017
664 p. – 24,90 €