Au moment où le drame de la Covid 19 redouble d’ardeur, balayant les espérances d’une trêve estivale avec la mutation de ce maudit virus, nous parvient de Guadeloupe, Karukera, l’île papillon aux belles eaux, joyau de la France ultramarine, l’annonce de la disparition de Jacob Desvarieux à l’âge de 65 ans, terrassé par le fléau de l’heure.
C’est à Paris, le 21 novembre 1955, que ce grand Ambassadeur de la culture musicale antillaise a vu le jour et c’est à Pointe-à-Pitre le 30 juillet 2021 que son parcours enchanteur a trouvé son terme, plongeant tous ceux que les mélodies du groupe Kassav’ créé par ce merveilleux artiste en 1979 ont réjoui pendant une quarantaine d’années, dans une indicible tristesse et une grande nostalgie des temps plus heureux…
La magie du zouk a contribué de par le vaste monde – jusqu’en Russie !- à faire rêver et danser des générations entières au rythme d’une musique entraînante et irrésistible aux racines multiples, puisant dans l’héritage africain et européen, avec ses réminiscences de biguine alliée à toutes les formes de danses antérieures et propres au terroir créole des Antilles, sa force solaire et universelle. Jacob Desvarieux, né à Paris et qui avait passé une partie de son enfance au Sénégal, incarnait toute cette richesse multiple qui redonne espoir en l’humanité, même au plus profond des heures sombres telles que celles vécues aujourd’hui en Martinique, en Guadeloupe, à la Réunion et en métropole face aux assauts du variant Delta.
Vacciné a trois reprises mais fragilisé par un antécédent de greffe rénale, cet artiste au cœur aussi généreux que la musique de son groupe, parrain depuis 2017 de l’association « Un pour tous, tous pour l’autisme », qui a fait rayonner la France au-delà de ses frontières, mérite le salut et l’hommage de toute la nation, car il emporte avec lui la chaleur du soleil qui brillait dans ses yeux chaleureux et réjouissait celles et ceux qui ont eu la chance insigne d’assister aux concerts de Kassav’ au cœur des années 80.
Eric Cerf-Mayer