L’Internet permet une amplification de l’implication citoyennne tout comme une revitalisation de la citoyenneté. Quelles sont les conditions, les avantages et les risques d’une démocratie numérique en marche ?
ion citoyenne et Les outils informatiques ont investi la vie courante des acteurs de l’espace public et affecté la nature même des sociétés humaines jusqu’à en interpeller les systèmes dans le cadre desquels ils trouvent à se déployer.
Conscient de l’importance d’une telle réalité, le professeur Philippe Ségur a organisé, sous l’égide du Centre d’études et de recherches sur les transformations de l’action publique et avec la participation des étudiants du master Administration publique de l’Université de Perpignan, une journée d’études sur la « démocratie numérique » qui s’articule autour de questions fondamentales auxquelles le présent ouvrage collectif se propose de répondre.
L’internet est-il un complément de la démocratie ? Est-il un élément transformateur de la démocratie ? Les principes de démocratie sont-ils transférés dans le numérique ? Sous quelles conditions ? Ou bien transférables sous quelles conditions ?
L’internet, par l’intermédiaire de sa généralisation d’accès et au travers des projets contributifs qu’il permet aujourd’hui de mettre en œuvre, a pu faire évoluer la notion de « partage » dans le sens d’une amplification de l’implication citoyenne, d’une revitalisation de la citoyenneté. L’impact des projets contributifs sur les puissances publiques est incontestable dans le sens où les acteurs de ces projets peuvent influencer les décisions des pouvoirs publics à mettre en œuvre, renforçant la prise de parole offerte au peuple. « La promotion de l’opinion individuelle : les blogs contribuant ainsi à l’émergence de nouvelles formes démocratiques dans lesquelles le citoyen passe de spectateur à acteur de la vie politique ».
Ce dynamisme ne doit pas cacher « la fracture numérique : les inégalités d’accès (…) l’internet a la particularité d’être une caisse de résonnance du marketing politique mais peut aussi comporter des effets pervers ». Les dérives du marketing politique peuvent affaiblir la politique et les relations humaines quand par exemple le message marketing est confié à des sociétés spécialisées non élues qui ne pensent qu’à leur profit personnel. Il existe également une autre possibilité de dérive : l’utilisation du neuromarketing, déjà présent dans le marketing purement commercial. Les techniques publicitaires employées sont de plus en plus évoluées et peuvent échapper à notre contrôle « conscient ». Sans parler des neurosciences qui intéressent beaucoup industriels et politiciens.
Le revers de la médaille de la démocratie numérique réside dans la désinformation, subversion, hacking qui sont des actions anti-démocratiques. L’internaute devrait renforcer son esprit critique en vérifiant l’information et sa source.
Par ailleurs, la cybercriminalité déstabilise l’ordre public. L’État se trouve obligé de déployer les moyens nécessaires pour lutter contre cette forme de délit et le terrorisme ce qui pose le problème de l’équilibre entre sécurité et liberté. Les autorités compétentes font face à un « duel réél entre les deux principes ».
Le processus de la démocratie numérique est certainement en marche. Il importe aux autorités publiques de préparer des cadres juridiques adéquats pour faire face aux comportements déviants de la déferlante numérique. Si l’horizon est incertain, il convient de promouvoir une sérieuse prise de conscience des enjeux, des atouts et des risques du numérique et de l’Internet.Cet ouvrage y a largement contribué.
Sous la direction de Philippe Ségur et Sarah Périé-Frey
Presses universitaires de Perpignan
(collection Etudes), 2016
220 p. – 22 €