Les nanotechnologies ont envahi insidieusement notre vie. Roger Lenglet, philosophe et journaliste d’investigation, a mené une enquête et divulgue les principaux représentants des nanotechnologies et leur opération menée à l’échelle planétaire, sans scrupule.
Ils sont d’autant plus redoutables qu’ils sont invisibles à l’œil nu. Les nouvelles molécules hightech se retrouvent dans de nouvelles applications ; elles sont ajoutées dans de nombreux aliments pour leur donner des saveurs et des textures inédites, dans des cosmétiques pénétrant plus en profondeur sous la peau, dans des textiles “intelligents”, des produits de construction ne redoutant pas les intempéries, des fours et réfrigérateurs “autonettoyants”, des articles sportifs plus souples et plus résistants ; les firmes pharmaceutiques les intègrent aussi de plus en plus dans les pansements. Des nano sont ainsi commercialisées sans le moindre contrôle, alors que la réglementation oblige à tester la toxicité des substances avant de les mettre sur le marché.
L’enquête menée par le philosophe et journaliste d’investigation, Roger Lenglet divulgue les principaux représentants des nanotechnologies et leur opération menée à l’échelle planétaire sans scrupule : les enjeux économiques et les profits engrangés sont tellement gigantesques qu’il ne sera pas si aisé de stopper ce nouveau scandale sanitaire.
“Les nanotechnologies fascinent. Dans un premier temps, j’ai moi-même été stupéfié par leurs prouesses : raconte Roger Lenglet, elles sont à l’origine de matériaux aux propriétés extraordinaires, des produits cent fois plus résistants que l’acier et six fois plus légers, plus conducteurs ou plus isolants que tous ceux connus à ce jour, plus résistants à la traction, au feu, au froid ou à l’abrasion… Bref, elles paraissent miraculeuses. Les nanotechnologies ont la particularité d’estomper les frontières de la physique, de la chimie et de la biologie. À travers elles, les sciences vont se fondre en une seule, prédisent les ingénieurs. Ils nous promettent un « big-bang » technico-scientifique.”
L’auteur détaille “la course aux nano” : dans les années 1980, des pays européens ont lancé des programmes de subvention pour la recherche et le développement des nanos. Outre-Atlantique, à la fin des années 1990, Bill Clinton et Al Gore mettaient sur pied la National Nanotechnology Initiative (nni), un énorme programme de subventions annuelles aux industries pour “ne pas rater le tournant historique le plus impressionnant de tous les temps”.
Le rêve tourne au cauchemar. Pour s’en convaincre, il suffit d’entrer au cœur des laboratoires de toxicologie, l’auteur nous y entraîne et nous fait part des mises en garde des instances de santé publique qui ont lancé des alertes sans véritable succès.
Comment en sommes-nous arrivés là ? L’auteur dévoile les procédés utilisés par les lobbies pour “piéger” les autorités et convaincre les organismes publics de participer à la course aux nanos sans s’inquiéter. “Ce sont leurs actions, leurs pressions conjuguées sur fond de complaisance qui ont rendu possible cette précipitation, ce déchaînement qui menace chaque jour d’exploser en causant d’incalculables dégâts.” écrit-il, abordant par la suite les leçons à tirer de cette grave situation et les solutions à envisager pour mettre fin à la “vulnérabilité des institutions face au lobbying de plus en plus sophistiqué des groupes industriels.” Que les États les appliquent ne dépend que de notre mobilisation conclue-t-il.
Roger Lenglet
Nano Toxiques – Une enquête
Actes Sud – Questions de société, 2015
236 p. – 22 €