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dans N°1100, Politique

Une question de vie ou de mort

ParRaphaëlle Rémy-Leleu
17 novembre 2021
Une question de vie ou de mort

Les hommes tuent. En partant de ce constat, qui devrait être un exposé d’une banalité navrante, comment lutter contre les violences masculines ? L’État a déjà été condamné pour faute lourde du fait de l’action inadaptée des services de police, les médias décrivent les carences sans lesquelles des féminicides auraient pu être évités. Ces violences ont été analysées et dénoncées, les mesures à mettre en œuvre ont été pensées et chiffrées. Mais pas par la puissance publique. Cette inaction interroge profondément le sens des actions et de la légitimité politiques.

Les hommes tuent

Les faits

Les hommes tuent. Il s’agit là d’une réalité statistique : en France en 2018, 84 % des personnes mises en cause dans des homicides sont des hommes1. Les hommes tuent, c’est un fait. Une donnée essentielle à la compréhension des enjeux liés à l’exercice de la violence et de la mise en sécurité de la population. Pourtant, rappeler ce simple fait c’est s’exposer à une violence sexiste supplémentaire. J’en veux pour preuve le cyber-harcèlement et la censure subie par les femmes ayant osé poser une question semblable sur Twitter : « Comment fait-on pour que les hommes cessent de violer ? »2. Au cœur de notre problématique politique on trouve le double standard qui s’applique au traitement des violences sexistes et sexuelles. Ces violences ne sont pas traitées comme les autres, leur acceptabilité sociale est bien supérieure aux autres crimes et délits. L’impunité des hommes mis en cause sur le plan judiciaire, est une chose, mais aussi sur le plan politique, éthique, j’ose le mot : moral.

Imagine-t-on un autre crime que le viol où un homme accusé pourrait rester ministre et même promu à des fonctions qui impliquent un pouvoir fonctionnel sur les forces chargées d’enquêter ? En France, il est tout à fait possible pour Gérald Darmanin de rester en poste. C’est sidérant. Sidérant pour les militantes féministes, sidérant pour les femmes politiques, sidérant pour toutes celles qui ont besoin de faire confiance aux fonctionnaires rattaché.e.s au ministère de l’Intérieur pour les protéger. Une particularité qui étonne d’ailleurs dans d’autres pays. Irène Montero, ministre espagnole de l’Égalité, l’a exprimé de manière très polie à l’occasion d’un entretien croisé avec son homologue française, dans un entretien accordé cette année à El Pais et au Monde. D’après elle, M. Darmanin ne pourrait pas être ministre dans son pays, que la « société espagnole ne le tolèrerait pas »3. Elisabeth Moreno, dans la même interview, déclarait vouloir s’inspirer du modèle espagnol pour lutter contre les violences.

Si seulement, si simplement, on pouvait commencer par là. Car les symboles ne sont pas anodins, ils participent du récit de la lutte contre les violences masculines, montrent l’importance que nous y accordons effectivement.

À noter, une dernière incohérence : cet enjeu de sécurité, au sens propre du terme, n’appartient pas dans notre imaginaire collectif au domaine régalien ou prioritaire. Or ce double standard rend impossible la compréhension et donc l’action contre les mécanismes qui conduisent aux violences.

En somme, lutter contre les violences masculines n’a jamais été une priorité.

Les racines

Ces violences sont pourtant des produits du patriarcat, reposant sur deux bases clairement identifiées :

  • le manque de considération qui fait que la sécurité des femmes, notre liberté d’aller et venir, de se réaliser et de s’émanciper, ne va pas de soi. La dynamique de conquête de droits formels pour les femmes se double d’un besoin de rendre ces droits effectifs et acceptés, qu’ils ne soient plus perçus comme des privilèges ;
  • la pensée machiste qui irrigue l’ensemble de notre culture, de notre éducation, qui rend familière, voire érotise la violence. La violence est ainsi souvent valorisée comme composante clé de la virilité. C’est une manière très toxique de construire l’identité masculine, qui amène l’exercice de la violence contre les femmes et les enfants dans le champ du possible.

Ce travail d’identification des racines du mal a été fait par les militantes et organisations féministes. L’engagement dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles est l’un des piliers du mouvement féministe. Si le monde politique souhaite réellement agir en la matière, il faut d’abord reconnaître l’expertise qui a été développée. En commençant comme bien souvent, par le langage.

Le discours

Dans l’analyse du discours sur les violences masculines il faut d’abord saluer le travail de pionnière effectué par Sophie Gourion via son tumblr « Les mots tuent ». Depuis 2016 Sophie Gourian a compilé des extraits du meilleur du pire du traitement journalistique des violences masculines. Violences alors traitées comme des coups de folie, des drames passionnels etc. Autant de dénominations qui brouillent la réalité des violences, qui les excusent et les minimisent. Pourtant, c’est dès 2015 que le mot féminicide fait son entrée dans le Petit Robert.

Féminicide : « Meurtre d’une femme, d’une fille, en raison de son sexe » (Petit Robert, 2015)

Le mot féminicide s’est depuis inscrit dans notre paysage politique et médiatique. Condition indispensable à non pas seulement lutter contre les violences masculines mais à les faire reculer, à diminuer concrètement le nombre de victimes. Voilà un objectif simple et quantifiable. D’abord mis sur la table par… Les féministes, et oui, encore.

C’est en 2015 qu’Osez le Féminisme ! lançait la campagne Reconnaissons le Féminicide4. Cette campagne avait trois objectifs :

  • la reconnaissance sociale et médiatique du féminicide ;
  • la reconnaissance juridique du féminicide ;
  • la reconnaissance politique du féminicide.

Du point de vue du langage et de la reconnaissance sociale il me paraît justifié de considérer que c’est une avancée considérable de notre culture politique. Cette dynamique continue et prend de multiples formes, des titres de presse aux discours en passant par les collages ayant fleuri sur les murs des villes comme des campagnes.

La reconnaissance juridique est plus difficile à estimer, qu’il s’agisse de l’accueil des plaintes, l’accompagnement des victimes, ou encore de l’équilibre et la sûreté des peines prononcées, nous manquons de données fiables et objectivées. D’ailleurs, le Centre Hubertine Auclert, centre francilien de ressources sur l’égalité femmes-hommes, avait reçu la commande d’un rapport sur l’accueil des femmes en gendarmeries et en commissariats, en partenariat avec les services du ministère de l’Intérieur. Ce rapport est bloqué depuis plus de trois ans sur le bureau du Préfet de police de Paris. Du point de vue législatif, l’inscription en 2016 dans la loi égalité et citoyenneté d’une disposition créant une circonstance générale aggravante de sexisme au même titre que le racisme ou l’homophobie5, semblait être une victoire à même de compenser un peu l’absence du crime de féminicide dans le Code pénal. Néanmoins cette circonstance aggravante ne peut être appliquée à des crimes et violences machistes où le caractère aggravant de violences contre conjointe est déjà retenu.

Une victoire au goût doux-amer donc, rendue largement inopérante.

Reste la reconnaissance politique. Par là j’entends aussi bien la prise en compte de la lutte contre les violences masculines dans les corpus politiques (valeurs, discours, positionnements) que la mise en place d’actions efficaces. Or, revenons sur les trois critères qui peuvent définir des politiques publiques viables : une méthode claire, des moyens dédiés, une évaluation transparente. Il ne sert à rien d’épiloguer : la lutte contre les violences masculines telle qu’elle est menée aujourd’hui en France ne remplit aucun de ces critères. Aucun. Les moyens ? Inexistants. La faiblesse du budget consacré à l’égalité femmes-hommes devrait être une honte nationale plus que le terrain de tous les enfumages gouvernementaux. Le travail opérationnel est largement mené par des associations (3919 et la Fédération solidarité femmes, le Collectif Féministe Contre le Viol, les CIDFF) qui ne bénéficient pas de dotation suffisante, ni même d’une délégation de service public pour répondre à des besoins qui relèvent pourtant des missions fondamentales de l’État. La méthode ? Vaste blague. C’est le règne de l’instabilité des coups de com’. Le positionnement ministériel des droits des femmes n’est pas à la hauteur, la France ne respecte pas ses engagements internationaux malgré la ratification de la Convention d’Istanbul, le corpus législatif est changeant et manque d’ambition, les exemples étrangers sont cités sans être repris, ne serait-ce que la création de juridictions spécialisées qui ont fait leurs preuves partout où elles sont mises en place. Enfin, l’évaluation… Il ne faut pas beaucoup d’imagination : nous devons diminuer le nombre de féminicides. Mais même ce compte est d’abord tenu par un collectif militant « Féminicides par ex ou conjoint » avant d’être publié par les instances officielles.

Voilà une petite partie de ce qu’il faudrait faire. C’est sans détailler l’ensemble des carences et des insuffisances, qui ont conduit à une première condamnation de l’État pour faute grave dans le cadre du féminicide d’Isabelle Thomas à Grande-Synthe, exécutée de même que ses parents en plein jour et en place publique. Les féminicides de 2021 ont conduit l’opinion publique à s’intéresser à certaines failles béantes : délais dans la délivrance des ordonnances de protection, non transmission des contrôles judiciaires, refus de plaintes, nombre ridicule (60) de bracelets anti-rapprochement distribués etc.

Certains journaux ont d’ailleurs titré avec autant de fatalisme que de réalisme : « Chahinez Daoud, chronique d’un féminicide annoncé ».

Annoncé. On sait comment les hommes tuent. On sait pourquoi les femmes meurent. Reste donc une question.

La question qui demeure

En tant que femmes nous en sommes encore à devoir exiger d’être protégées, mais plus encore de vivre dans un monde où la protection ne sera plus nécessaire. Alors qu’attendons-nous ? Nous devons répondre urgemment à cette question de vie ou de mort. Parce qu’il s’agit d’un choix de société, d’humanité, pour ne plus être la seule espèce du règne animal où les mâles tuent massivement les femelles (Françoise Héritier). Cessons de choisir la mort des femmes.

Raphaëlle Rémy-Leleu
Conseillère de Paris, Europe Ecologie les Vert.e.s

  1. Source : SSMSI, Base des auteurs de crimes et délits 2018, à retrouver dans le rapport « Insécurité et délinquance en 2018 : premier bilan statistique », ministère de l’Intérieur. ↩
  2. https://www.liberation.fr/debats/2021/01/29/comment-fait-on-pour-que-les-hommes-cessent-de-violer_1818797/ ↩
  3. https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/07/27/lutte-contre-les-violences-faites-aux-femmes-a-madrid-elisabeth-moreno-veut-s-inspirer-de-l-exemple-espagnol-pour-accelerer-le-processus_6089627_3224.html ↩
  4. https://reconnaissonslefeminicide.olf.site/ ↩
  5. Article 132-77 du Code pénal. ↩
Raphaëlle Rémy-Leleu

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