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dans Culture, N°1096

L’empire du signal – De l’écrit aux écrans

Katia Salamé-HardyParKatia Salamé-Hardy
14 novembre 2020
L’empire du signal – De l’écrit aux écrans

Les écrans numériques ont pris possession de nos vies. Par leur utilité, leur disponibilité, leur rapidité, ils se sont imposés à notre quotidien et sont devenus indispensables. Leur présence nous rassure, ils gomment les distances, comblent notre désir de saisir le monde sans avoir à subir ses risques. L’omniprésence, la promptitude, la proximité virtuelle expliquent-t-elles l’envoûtement qu’ils exercent sur les esprits des usagers ? La consommation des flux incessants d’informations qui nous empêche de décoller du court terme, n’agit-elle pas comme un produit anesthésiant qui engourdit notre capacité à analyser, interpréter, à développer un esprit critique ? Comment entraîner une société hyper connectée, prisonnière de l’instantanéité à prendre son temps pour se questionner ?

À l’heure où nous sommes asservis par le pouvoir de la vitesse et de l’instantanéité, où nos interactions sociales sont régies par le signal, la rationalité technique et l’automatisation, le philosophe et sociologue Pierre-Antoine Chardel appelle, dans cet ouvrage, à redoubler de vigilance vis-à-vis des technologies numériques en pratiquant parallèlement l’art d’écrire, de lire, de déchiffrer les signes et développer ainsi l’intelligence de l’interprétation, de la compréhension des contextes et réaliser enfin un « travail d’appropriation de sens » de renouvellement de l’herméneutique.

Imprégné de la pensée de Jacques Derrida, Edgar Morin, Emmanuel Levinas, Bernard Stiegler, Andrew Feenberg, l’essai de Pierre-Antoine Chardel se situe plus particulièrement dans le sillage de Zygmunt Bauman à qui il a consacré une étude approfondie sur la dimension herméneutique des œuvres du sociologue anglo-polonais « qui incite à déchiffrer l’expérience contemporaine dans ses aspects les plus ambivalents, en nous invitant à distinguer des brèches par lesquelles du sens peut toujours être susceptible d’émerger ». Il s’agit de prendre le temps de s’engouffrer dans la profondeur d’un texte pour y détecter des complexités éclairantes et y capter le sens, trouver le moyen de concilier la technique et l’humain.

Ce qui est technologiquement possible est-il toujours humainement et socialement souhaitable ?

Cette question se pose à chaque étape de la réflexion du spécialiste des enjeux ontologiques et éthiques du numérique et de l’hypermodernité. Une lame de fond qui oriente et éclaire chaque chapitre de cet essai. Nous vivons dans la pression du court terme et de l’instantanéité à une grande vitesse, dans un rythme qui appartient davantage au temps des machines qu’au temps humain, souligne Pierre-Antoine Chardel. « Les logiques temporelles qui prévalent dans l’organisation de nos existences révèlent assez bien le désir de vouloir absolument tout(vivre) et tout de suite […] Aucune mise en perspective critique et temporelle ne vient alors contester la primauté de ce qui est nouveau » écrit-il. Cette manière d’être dans la consommation permanente agit comme une incitation à préférer le temps court qui donne le code, le signal, au temps long – celui de la réflexion, de l’interprétation, de l’analyse de la complexité du signe. On nous impose d’être dans le court terme, le temps des objets jetables qui façonnent notre perception. À la « société solide des producteurs » s’est substituée « l’ère liquide des consommateurs » comme le décrit si bien Zygmunt Bauman, qualifiant les sociétés postmodernes de sociétés « en voie de liquéfaction avancée où les relations humaines deviennent flexibles plutôt que durables tant au plan personnel qu’au plan collectif ».
L’hyperconnexion et la « joignabilité permanente » nous privent des précieux moments d’interruption pour rêver, penser, écrire. Mais comment pouvoir rêver et agir dans un monde où le code devient la règle ? se demande l’auteur. « On voit d’ailleurs à quel point des critères machiniques tendent à broyer le sens des mots et à contaminer nos manières d’écrire, de parler et de penser et peut-être à amoindrir la force de l’écrit ».

L’écriture dans sa double dimension ontologique et éthique : un remède à la « faillite de l’interprétation » de la société des écrans

Pierre-Antoine Chardel interroge alors l’écriture dans sa double dimension ontologique et éthique. Une telle interrogation s’impose dans une « société des écrans », à une époque où l’image prend de plus en plus de place et nous inculque la perception que nous avons du monde, des autres et de nous-mêmes. Face à la « faillite de l’interprétation », il devient impératif de se doter d’outils conceptuels et critiques, à l’instar de la culture de l’écrit qui a su elle-même produire ses outils d’interprétation.

En effet, le texte comme produit de l’écriture se définit comme un « jeu de présence et d’absence ». Dans ce jeu dialectique, « le lecteur est constamment en tension, sollicité pour déchiffrer, l’incitant à actualiser des expériences textuelles qui n’ont jamais fini de l’interpeller ». L’auteur développe son analyse de l’acte d’écrire et de l’art d’interprétation en se penchant notamment sur les leçons de l’histoire qui ne sont jamais données une fois pour toutes. Elles nécessitent une telle « exigence d’attention à un sens qui garde ses mystères et nous engage à exercer constamment un art d’interprétation, à nous tenir sans cesse en éveil ». L’art d’interpréter devient alors une tâche éthique et se basant encore sur les récits historiques, il écrit « Rendre compte d’un évènement en étant fidèle à son altérité implique de ne pas tomber dans les pièges du devoir de mémoire qui présente le risque de court-circuiter le travail critique de l’histoire ». Il convient donc de parler de « travail de mémoire », qui est un chantier en lui-même, et non pas seulement d’un « devoir de mémoire » ; car poursuit-il « l’éthique de l’écriture historique s’affirme dès lors, en nous incitant à nous distancer sans cesse de nous-mêmes et de ce que nous prétendons connaître dans une époque hypermoderne où tout semble nous être donné par nos écrans ».

Une telle exigence éthique impose « de nous tenir au plus près des non-dits que l’écriture de l’histoire nous donne sans cesse à lire et qu’il nous revient d’interpréter inlassablement ». Sachant que le rapport de l’homme à son histoire n’est jamais entièrement déterminé une fois pour toutes. « Il suffit de se donner les moyens de résister aux injonctions du temps présent par l’attention à l’écriture de l’histoire, par le travail de mémoire, aux conflits des interprétations qui sont susceptibles d’intervenir dans notre compréhension du temps présent, autant de manières de réintroduire de la complexité ainsi qu’une juste distance dans l’appréhension des phénomènes sociaux de l’ère hypermoderne » écrit-il.

De l’écriture aux télé-technologies – De l’omniprésence au travail à la mobilisation permanente et à la détérioration du bien-être des subjectivités

Une œuvre écrite, qu’elle soit historique, politique, littéraire, nous incite à engager un travail de décryptage progressif, tandis que les écrans peuvent aisément nous illusionner par l’image qui peut nous « faire croire à ce qu’elle fait voir ». Dans le dit de l’écriture il y a toujours une part de non-dit, « L’acte d’interpréter qui s’accomplit grâce à la distance qui s’instaure entre l’auteur d’un texte et son récepteur est ce qui définit l’être humain en tant qu’être de culture », souligne l’auteur. Se référant à l’ouvrage de Hans-Georg Gadamer Acheminement vers l’écriture ?, il note « Celui qui sait penser par lui-même peut véritablement tirer profit de l’écrit ». Or, à l’ère numérique, s’est opérée une délégation du « savoir-lire » et du « savoir écrire » aux machines, « cette délégation du champ des possibles de l’interprétation aux écrans est un défi autant éthique qu’ontologique qui implique de se donner pour tâche l’analyse des caractéristiques de l’agir télé-communicationnel ; et non plus seulement de l’agir communicationnel. À cet égard, si les médiations numériques se révèlent déterminantes dans la redéfinition de l’espace public et du vivre-ensemble en créant une démultiplication des moyens d’expression et d’information, la réalité technologique intervient comme un fait brut dont il est difficile d’ignorer les conséquences sur les conditions de travail et la qualité des interactions sociales ». Certaines structures reposent sur une diffusion significative des technologies numériques favorisant une intensification de communication, pensant ainsi créer une certaine transparence communicationnelle ; une telle stratégie est basée le plus souvent sur l’idée que le fait de communiquer à tout moment permettrait une meilleure réalisation de l’action mais, en réalité, elle donne plutôt « l’illusion de la démocratisation permise par les écrans ». En fait cette mobilisation permanente, cette course à l’adaptabilité rapide sont un frein à la créativité et un obstacle à l’écrit, la rapidité imposée passe outre la civilité et l’effort de style dans les messages. Finalement trop de communicabilité aboutit à l’incommunicabilité, à la disparition de l’écoute de l’humain et à la dépossession de soi, insiste l’auteur. Dominique Wolton dans Internet et après ? reconnaît aussi les incroyables perfectionnements techniques et admet en même temps néanmoins que ce n’est pas en transmettant toujours plus rapidement un nombre croissant d’informations que l’on communiquera mieux, « vient en effet toujours un moment où il faudrait éteindre les machines et commencer à parler ».

À force d’éprouver le sentiment d’avoir le monde sous la main, nous n’apprenons plus à le voir, ni à l’interpréter. « À bien des égards, écrit Pierre-Antoine Chardel, les écrans nous rassurent, les écrans font écran, ils agissent comme un pare-feu symbolique comme un cadre protecteur, en instaurant une distance entre nous et les autres ».

Vers une « théorie réflexive adéquate »

La tâche essentielle d’une sociologie herméneutique est évidemment de rechercher le sens caché des réalités qui définissent l’existence, or nous sommes démunis d’un point de vue herméneutique face aux immenses défis à relever dans nos sociétés envahies par les écrans, reconnaît Pierre-Antoine Chardel. Il tente à ce propos de réfléchir aux conditions d’une « théorie réflexive adéquate ». Il appelle en priorité à « se tenir à l’écoute de la complexité du fait humain. Sa compréhension n’est pas une explication, elle est pour cela irréductible à toute volonté de modélisation ». La compréhension du monde social, qui engage désormais des productions de données massives, doit non seulement éviter les pièges du réductionnisme technologique mais, également, tout schéma d’explication qui s’abstiendrait d’une recherche de compréhension réelle et complexe des phénomènes. Or l’univers des données – celui qui s’incarne dans nos écrans – pose des questions fondamentales relatives à la production de sens. Nous sommes dépossédés dans la mesure où nos données peuvent à tout moment être capturées à des fins économiques et politiques.

Par ailleurs, Pierre-Antoine Chardel soulève la question de l’expansion des technologies de surveillance qui doit nous interpeller et nous inviter à redoubler d’efforts pour développer une approche critique de leurs conséquences sur notre vision de la vie en société, problématique développée dans deux de ses ouvrages.
L’auteur nous invite à changer de regard car si le numérique définit objectivement nos machines, ces dernières ne peuvent subjectivement se réduire à cette dimension qui tend à figer le regard sur elles. La diversification qui nous sort de ce rapport passe aussi par l’esthétique, par l’art, l’art manuel notamment qui permet d’intervenir sur la matière au gré de l’imagination sous toutes ses formes. En effet, les pratiques de l’art mesurent des possibilités de subjectivation minimales qui sont les conditions de toute participation citoyenne voire de toute vie démocratique. À nous d’engager dès à présent avec nos écrans des interactions créatrices et des modes de réception qui soient suffisamment inventifs. Par cette dimension esthétique c’est une part de l’avenir de nos équilibres personnels, sociaux et politiques qui est en jeu. Il s’agit de s’accoutumer à vivre toujours davantage sous l’empire du signe et non plus sous l’empire du signal.

Loin de jeter l’anathème sur les technologies numériques et l’omniprésence des écrans dans notre quotidien, Pierre-Antoine Chardel leur reproche plutôt la passivité qu’ils peuvent générer, dans les esprits des usagers. Il appelle à la vigilance et donne des clés pour favoriser l’épanouissement des subjectivités créatrices. Un essai dense et enrichissant qui reflète l’érudition de l’auteur. Il amène le lecteur à approfondir sa réflexion sur le sens existentiel et lui donne surtout la possibilité d’établir des liens entre son texte et une multitude de pensées d’un grand nombre d’auteurs. Une façon d’élargir et renforcer les potentialités de son propos.

Pierre-Antoine Chardel
CNRS Éditions, 2020
286 p.- 25 €

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